Algérie

Pourquoi y participer '


Par Maâmar Farah
Il y a longtemps de cela, notre professeur de philosophie nous avait donné une surprenante définition de l'intelligence. Ce serait, selon lui, la «faculté d'adaptation». Il prenait exemple sur l'un des tous premiers robots qui venait de réussir à reconnaître les obstacles et à s'en éloigner. Cet androïde s'adaptait ainsi au milieu environnant et réussissait à survivre alors qu'auparavant, il se fracassait contre les murs. Evidemment, cette faculté paraît aujourd'hui insignifiante puisque les robots ont fait du chemin depuis, et que l'intelligence est même devenue artificielle !
Quel rapport avec la politique ' Dans cette Algérie où le pouvoir n'arrive pas à rassembler toutes les forces politiques dans son processus électoral et où l'opposition démocratique et progressiste se trouve coincée par l'automne d'un Hirak éprouvant les pires difficultés à rebondir et qui continue à s'étioler, l'intelligence serait de chercher des points de rencontre, des passerelles qui permettraient aux uns et aux autres de dépasser cette situation conflictuelle qui ne sert personne.
Assurément, le rôle d'un parti n'est pas de passer son temps à privilégier les sorties hebdomadaires pour rappeler des exigences qui sont maintenant totalement irréalisables. Le réalisme doit primer. Il n'est pas possible de changer un système qui est tout simplement celui de l'Algérie indépendante. L'autre système est celui de la colonisation française. Et, en remontant à la fin du 18e siècle, on tombe sur le système colonial ottoman, etc. Chaque pays a son système et, à moins d'une révolution violente ou d'une action militaire d'envergure, ce système ne change pas du jour au lendemain. On peut le réformer, l'améliorer, le démocratiser mais demander son départ par une totale mise à plat, pour se retrouver comme en 1962, est de la politique fiction.
Le rôle d'un parti est de chercher à gouverner à tous les échelons pour tenter d'appliquer son programme. Cela va du niveau local au niveau national. Les prochaines élections communales et de wilaya sont une opportunité unique pour revenir dans la vie politique et quitter une semi- clandestinité fort regrettable d'autant plus qu'elle touche des mouvements ayant beaucoup donné à la jeune démocratie naissante. Les conditions favorables l'emportent sur le côté défavorable et les avantages d'une participation sont nombreux.
Outre le retour de ces partis par la grande porte, il s'agira pour certains de réoccuper leur place légitime au sein d'assemblées locales qu'elles n'auraient dû jamais quitter. La représentation des populations au niveau de base est un bon moyen de garder le contact avec les électeurs et d'engager des programmes en faveur de ces mêmes électeurs, ce dont ils se souviendront lors des consultations nationales. C'est, enfin, déjouer la censure et parler librement lors de la campagne électorale et plus si affinités.
C'est aussi une bonne opportunité pour les Hirakistes intransigeants qui tiennent à leurs revendications : ils peuvent en réaliser quelques-unes en tentant de s'accaparer des assemblées locales. Ils peuvent s'engager en tant qu'indépendants et tester ainsi la bonne volonté du pouvoir.
Le pouvoir, quant à lui, pourrait mettre du sien afin d'apaiser la situation en libérant certains prisonniers et en ouvrant l'audiovisuel public à ces mouvements afin de les rassurer et de leur prouver qu'ils seront traités comme les partis majoritaires.
Le vieux parti d'opposition l'a compris. Le FFS a saisi l'opportunité des prochaines élections qui constitueront un tremplin pour rebondir dans une scène politique à conquérir avec l'effritement de l'ancienne coalition et l'absence d'un parti fort. Le FFS a compris que l'intelligence est de s'adapter à toutes les situations et d'en tirer profit. Profit pour le parti et pour la sécurité et l'unité du pays.Ceux qui attendent les conditions idéales attendront... Godot !
M. F.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)