Algérie

Pourquoi ranimer les feux de la discorde au Mali ?


Le conflit armé au nord du mali, où une faction touarègue rebelle a attaqué mercredi dernier un poste militaire de l'armée malienne, semble avoir été «rallumé» au moment où des efforts sont déployés ici et là pour pacifier complètement le pays. Sinon, comment interpréter le fait qu'au moment où le chef de la diplomatie malienne demande officiellement à l'Algérie la reprise de sa médiation dans ce conflit, une caserne de l'armée gouvernementale à Abeibara (150 km au nord de Kidal) soit attaquée. L'opposition touarègue au pouvoir central à Bamako a même fait bondir la diplomatie française. Ne pouvant lutter contre le chef rebelle Ibrahim Ag Bahanga, insaisissable dans les profondeurs du désert du nord du pays, les autorités maliennes se sont rabattues sur l'arme de la société civile pour discréditer la rébellion du Nord. Devant plus de 3.000 participants, un collectif regroupant des ressortissants du nord du pays a réclamé dimanche à Bamako un mandat d'arrêt international contre Ibrahim Ag Bahanga. Le Collectif des ressortissants du Nord (Coren), regroupant des Maliens originaires de Tombouctou, Gao et Kidal, a lancé cet appel lors d'un meeting au Stade omnisports Modibo Keïta. La réactivation de la société civile pour dénoncer un mouvement d'opposition assez violent qui mène la vie dure aux forces gouvernementales dans le nord du pays est symptomatique des difficultés des autorités maliennes à trouver une solution aux poches de tension dans cette partie du pays. Et l'attaque de la caserne de Abeibara (15 soldats et 17 rebelles tués) explique que Ibrahim Ag Bahanga, ancien caporal dans l'armée régulière, évolue dans une partie stratégique du territoire malien, pleine de ressources minières, dont des gisements d'uranium. Ensuite, que cette rébellion du nord du mali, avec son étiquette ethnique, oppose les Touaregs et les autres ethnies au pouvoir à Bamako. Et, à ce niveau, il y a toute la question identitaire des Touaregs maliens qui resurgit, une fois encore, d'autant qu'à Gao ou Tombouctou, si loin de Bamako, il n'y a pas beaucoup de Touaregs, et donc la question de l'appartenance culturelle et identitaire ne se pose pas. Maintenant, il y a autre chose: pourquoi une reprise des hostilités et un retour en arrière quant à l'accord de paix d'Alger, alors que tout le monde recherche les deux otages autrichiens, cachés quelque part dans cette partie du Mali ? La médiation algérienne dans le conflit entre l'opposition touarègue et le pouvoir central à Bamako dérange-t-elle quelques desseins inavoués dans cette région où la France compte garder intacts ses intérêts ? Une chose est sûre: beaucoup en Europe apprécient mal tout le poids politique de l'Algérie dans la pacification et la gestion des conflits récurrents dans cette partie de l'Afrique devenue, également, un repaire de tous les bandits et autres groupes terroristes. Au fait, qui profite de cette situation de ni guerre ni paix au nord du mali, tout près des frontières algériennes ?
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