«Pourquoi nos jeunes fuient-ils leur pays à travers la mer '»

Une conférence internationale a eu lieu du 29 au 30 octobre sur le rôle des villes littorales du Maghreb. Elle a été organisée par l'Ecole nationale supérieure maritime de Bou-Ismaïl (Tipasa) avec la participation d'un panel de chercheurs et d'enseignants universitaires locaux et étrangers.Le Pr Fawzi Mahfoud de l'université Menouba (Tunisie) s'est questionné sur le recours aujourd'hui à la «harga» par nos jeunes du Maghreb arabe. «Seduits par les pays d'Europe, ils tentent l'aventure en affrontant la mer. Malheureusement, ils périssent en cours de leur péripétie au large de la Méditerranée car ne disposant aucune carte géographique», a-t-affirmé en en marge de l'entrevue et d'ajouter : «La perception de la mer était très dramatique. Et là je me suis demandé comment nos aïeux naviguaient dans l'histoire à travers la mer. Je me suis fondé sur certaines cartes et textes pour déterminer la voie prise et la manière de déplacement. J'ai enregistré qu'ils se fondaient sur la «littoralisation» (à travers le littoral) et via la connaissance exacte des Iles et des rivières marines. El Idrissi a inventorié dans ses textes ( XIIe siècle les 17 iles italiennes et celles qui se trouvent entre les villes du Maghreb et l'Italie. Ces textes se voulaient être des guides du voyageur en cette circonstance», a-t-il commenté. Le Pr Fawzi a mis l'accent que durant les XIIe au XVIIe siècle, le voyage et la navigation ne devait en aucun cas dépasser les 8 heures alors que nos jeunes d'aujourd'hui qui ne savent rien de la mer, s'aventurent aveuglement. Jadis, le déplacement entre les côtes maghrébines et italiennes se faisait suivant des cartes bien établies», a-t- il repris. Le Dr Dominique Valerian professeur d'histoire médiévale à l'université Lyon Lumière 2 (France) a présenté pour sa part une annonce intitulée «les marchands latins dans les ports maghrébins en tant qu'espaces d'échanges et de contacts» tout en indiquant de la présence des marchands chrétiens dans les ports du Maghreb. Ces marchands se rassemblaient dans des structures appelées «Fondouks», selon le chercheur. Mais ils pouvaient se mêler davantage à la population et les marchands musulmans pour des accords avec peu d'interdictions de vente car le commerce était très libre à cette époque-là. De son côté, Youcef Chennaoui, professeur à l'Ecole polytechnique, d'architecture et d'urbanisme d'Alger, celui-ci a parlé du modèle urbanistique des villes portuaires de fondation andalouse au Maghreb après 1492 (cas de Cherchell). «Il convient de signaler la présence des réfugiés d'Andalousie venus de Bilad El-Andalous nommés «arabes espagnols». Ils furent expulsés d'Espagne dès la chute de Grenade en 1492 avant de s'installer sur les côtes occidentales du Maghreb à partir du XVe siècle. Les autres étaient des réfugiés du pays d'Aragon nommés «Tagarinse» qui s'installèrent en Tunisie dès le début du XVIIe siècle. «Il y avait une reconnaissance d'un espace vide suite à un recul de rivage. On se demandait si c'était un principe opératoire de l?urbanisme ou autre» s'est-il questionné. Pour sa part, le Dr Yemouna Beghdadi , maître de recherche au Centre national d'archéologie d'Alger, a indiqué dans sa communication «lerôle de Cherchell dans la course en Méditerranée du début du XVIe au milieu du XVIIe siècle. Selon elle, la position géographique de Cherchell la vouait à jouer un rôle supérieur à quelques époques de son histoire. La ville se trouve proche d'Alger. La proximité relative des rivages espagnols faisait d'elle le point du Maghreb central le plus proche des Baléares. A l'image d'Alger, elle déploya une économie s'appuyant surtout sur le commerce extérieur et la construction navale de guerre surtout. Elle devint l'un des importants ports d'appui du centre algérois ».