Algérie

Pourquoi nos clubs ne produisent plus de joueurs Formation


Pourquoi nos clubs ne produisent plus de joueurs Formation
L'Egypte et le Ghana animeront demain la finale de la 18e édition du Championnat d'Afrique de football des U20. Les Verts, eux, ont été éliminés dès le premier tour. Cet échec est aussi celui des clubs. La question qui mérite d'être posée est pourquoi nos clubs ne produisent plus de bons joueurs '
Disparition des terrains vagues

Véritables «écoles» pour les footballeurs dans les années 1970, les terrains vagues ont contribué à l'émergence de joueurs de talent, qui ont fini par briller d'abord dans les clubs, à l'instar des titres africains remportés par le MCA ou encore la JSK, et ensuite en équipe nationale. La participation au Mondial de 1982 était aussi une reconnaissance pour le travail réalisé au niveau des clubs Ce n'est plus le cas aujourd'hui comme en témoigne Amar Boudissa, l'actuel DTS du NA Hussein Dey, qui a vu passer sous sa coupe les Khedis (Dieu ait son âme), Ighil, Fergani, Madjer, Merzekane et bien d'autres : «Avant, quand on prenait un minime, il avait jusqu'à 1000 heures de jeu dans la rue. Maintenant, l'enfant arrive avec pas plus de 100 heures dans les jambes.»
La mentalité des joueurs a changé

Beaucoup estiment que les jeunes footballeurs d'aujourd'hui ne font plus les mêmes sacrifices que leurs aînés. «La mentalité a beaucoup changé. Les joueurs de l'ancienne génération étaient disciplinés, respectueux. Ils voulaient jouer en équipe première et aspiraient aussi faire partie des différentes sélections nationales, en faisant preuve de beaucoup de volonté et de sacrifices», affirme Si Tahar Chérif El Ouazzani, le champion d'Afrique de 1990 et ancien entraîneur du MC Oran. Mustapha Biskri, l'actuel entraîneur du RC Kouba, lequel a décroché mardi dernier son magistère en théorie et méthodologie de l'entraînement en football, dira : «Aujourd'hui, c'est une génération internet. C'est-à-dire elle manque de pratique sportive. Les jeunes sont beaucoup plus attirés par l'apparence que la pratique. Ils s'identifient que par le physique aux grands joueurs d'Europe. Pas plus.»
Des éducateurs qui forcent le respect

«Avant, ce n'était pas n'importe lequel qui s'occupait des entraînements des jeunes catégories. Moi, par exemple, quand j'étais minime, je me souviens que mon entraîneur était Abdelkader Zerrar, un ancien international de l'équipe du FLN que Dieu lui prête longue vie. C'est dire toute l'importance qu'accordaient les dirigeants de l'époque à la formation des jeunes», affirme Mustapha Kouici, ancien international, et ancien joueur du CR Belouizdad. Par le passé, il était très fréquent de trouver un véritable formateur-éducateur qui savait comment parler aux jeunes footballeurs pour les pousser à aller le plus loin possible. «Les éducateurs et les entraîneurs qui chapeautaient les formations étaient des gens murs. Ils avaient une forte personnalité, l'autorité en plus de l'amour du métier, l'expérience du football et du sport en général», relève Chérif El Ouazzani.
Même en minimes, on cherche Des résultats

Le virus des résultats à tout prix a gagné depuis plusieurs années les petites catégories. Que ce soit en minimes, en cadets ou en juniors, on veut absolument gagner, coûte que coûte. «Aujourd'hui, on ne cherche que le résultat au détriment de la formation. Du coup, au lieu de faire jouer les meilleurs, les entraîneurs préfèrent parfois aligner les joueurs les plus puissants physiquement, car tout le monde court derrière la victoire, les entraîneurs, mais aussi les présidents», confirme Amar Boudissa. L'ancien entraîneur du MC Oran, Chérif El Ouazzani, fait le même constat, en affirmant qu'avant, les entraîneurs se targuaient d'avoir promu 4 ou 5 joueurs, alors qu'aujourd'hui, tout le monde veut jouer le titre.
Quand les parents payent les entraîneurs !

Le phénomène a pris de l'ampleur, surtout en ces temps difficiles que traversent actuellement les clubs. Mal payés et complètement délaissés, les entraîneurs se laissent aller par la tentation. «C'est devenu un véritable commerce. Les parents voient aujourd'hui leurs enfants comme un investissement et sont prêts à tout. Il y a des entraîneurs qui perçoivent une très belle paye en contrepartie, ils font jouer leurs enfants. Cette pratique, on l'a retrouve malheureusement dans la plupart des clubs», affirme Boudissa. Chérif El Ouazzani confirme : «Il y a trop de piston au niveau de la base. On se retrouve avec des enfants qui ne savent ni contrôler un ballon, ni faire une passe encore moins dribbler, mais finissent par faire toutes les catégories pour se retrouver en seniors. Et là on crée des problèmes à l'entraîneur s'il n'est pas aligné. C'est aberrant !»
Ce ne sont plus les mêmes dirigeants

Si, aujourd'hui, le football algérien n'arrive plus à former, c'est aussi à cause des dirigeants qui n'ont d'yeux que pour les seniors. Sur les milliards qu'engloutissent les clubs, tout va aux seniors. «Les jeunes ne reçoivent que des miettes. Les instances du football algérien sont au courant, mais ne font rien pour y remédier. Ils sont complices», déplore Amar Boudissa. Pour Mustapha Kouici, les anciens donnaient beaucoup d'importance aux jeunes catégories : «Quand je jouais en minimes dans les années 1970 du temps du grand CRB, les dirigeants du club étaient tous présents au stade à partir de 7h30. C'est dire l'intérêt de l'époque au jeunes. Je vous défie d'aller voir si vous trouvez aujourd'hui des dirigeants qui suivent leurs jeunes formations», regrette-t-il.
La nécessité de revoir la formation

La majorité des techniciens insistent sur la nécessité de revoir le volet de la formation des jeunes. «Il faut absolument revoir ce paramètre qui est très important parce que l'entraînement des jeunes est fondamental. Déjà que les enfants, qui ne commencent à jouer le championnat que dans la catégorie des U13, accusent un retard de 7 ans, car dans les grandes nations de football, entre 6 et 14 ans, on développe la coordination. C'est une qualité physico-technique qui contribue beaucoup dans la progression du niveau des enfants», dira Mustapha Biskri. D'autres techniciens plaident aussi pour la multiplication des terrains de proximité, afin de pouvoir donner la chance aux milliers d'enfants d'acquérir les fondamentaux du football avant d'envisager l'éventualité de rejoindre un jour un club.
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