Pourquoi les pauvres votent et marchent contre leurs intérêts '

«Pourquoi les pauvres ne votent pas en fonction de leur intérêt économique '» ou carrément : «Pourquoi les pauvres votent contre leurs intérêts '» Ces questions ont été posées et étudiées en Occident. Toujours selon des auteurs occidentaux, les pauvres devraient favoriser les candidats qui promettent d'augmenter les minima sociaux ou de mettre en place des politiques de redistribution plus généreuses. Mais ce n'est pas toujours le cas. Des chercheurs américains ont décrypté le phénomène. Ilyana Kuziemko, Michael I. Norton, Ryan W. Buell et Taly Reich avancent une nouvelle thèse: pour eux, si les pauvres votent contre leur intérêt, c'est qu'ils ont peur qu'une politique sociale généreuse profite surtout à encore plus démunis qu'eux, les faisant, du même coup, descendre tout en bas de l'échelle sociale. Les recherches d'Alberto Alesina, Edward Glaeser et Bruce Sacerdote trouvent deux raisons principales à la faiblesse d'un soutien populaire à un Etat providence américain : «Les Américains sont persuadés, d'une part, qu'ils vivent dans une société ouverte et juste » et où toute redistribution est donc inutile et, de l'autre, qu'«une plus grande redistribution profiterait surtout aux minorités ethniques et non à eux-mêmes».N'a-t-on pas vu, un peu partout dans le monde, des pauvres manifester ou constituer le plus gros des troupes de manifestants pour l'instauration de politiques économiques dans lesquelles ils seront les premiers et les plus grands perdants '
Comme le dit le penseur social américain Lloyd de Mause, auteur notamment de The Emotional Life of Nations (New York, Karnac, 2002), «l'irrationnel a encore de beaux jours devant lui».
K. B.
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