Algérie

Pourquoi le foot et pas le livre ?



« Un livre, c'est un navire dont il faut libérer les amarres. Un livre, c'est un trésor qu'il faut extirper d'un coffre verrouillé. Un livre, c'est une baguette magique dont tu es le maître si tu en saisis les mots. » - Michel Bouthot, écrivain québécois -

Le titre de cet article est la question à laquelle s'évertuent de  répondre de nombreux intellectuels et aussi ceux signataires d'une pétition rapportée par certains organes de presse et qui circule également à travers le net.

 Ces contestataires tentent de trouver une réponse en s'insurgeant contre la décision prise par le commissaire du Salon International du Livre d'Alger (SILA) qui a exclu de son propre chef, comme il l'a affirmé si hautement à la presse, les éditeurs égyptiens à participer à la 15ème édition qui aura lieu dans notre capitale à partir du 26 octobre prochain.

 La question est de ne pas savoir si ces derniers allaient venir ou non à ce salon mais ne pas tirer la première balle et se retrouver bloqué dans une position inconfortable qui porte délibérément préjudice à l'accablé livre qui n'a pas besoin d'un tel coup de massue de plus. Il est déjà en très mauvaise posture dans le pays.

 L'autre fléau de nos responsables réside dans le fait de prendre parfois hâtivement des sentences expédiées qui n'ont nullement été étudiées sous tous les angles et analysées à fond, ni prises en concertation avec tous les acteurs concernés. Lorsqu'une question ne fait point l'objet d'un débat poussé, on devient fatalement otage de ses verdicts. Des décisions de ce type, et l'histoire nous a enseigné profusément de multitudes modèles, peuvent se retourner contre leurs auteurs mis dans des situations regrettables qui les bousculent forcément vers le cafouillage et le bricolage.

 Il n'est pas dans mes intentions de défendre coûte que coûte une position mais essayer d'apporter un point de vue personnel qui, j'espère ferait progresser le débat vers des discussions à même d'apporter un tant soit peu quelque petite chose. Tout ce que je demande aux lecteurs, c'est de consulter cette modeste contribution jusqu'à la dernière ligne et non se contenter de le faire en diagonale avant de porter, en tout âme et conscience, un quelconque jugement.

 Notre commissaire aurait pu agir autrement en prônant d'autres solutions lucides, intelligentes et réfléchies que cette décision unilatérale et controversée qui est en train de semer la confusion au moment où tous les efforts devaient être concentrés pour relever les défis qui sont en instance depuis que le livre est tombé en panne générale de lectorat.

 Il ne s'agit pas dans ce papier de chercher à soutenir le livre égyptien en particulier ni son contenu mais de sauvegarder, en général, la symbolique entière du livre. Il se conçoit que des citoyens ne soient aucunement en odeur de sainteté avec les livres égyptiens comme d'autres savourent à satiété la littérature occidentale. Et le contraire est aussi avéré. Dans ce cas, on ne peut combler les uns et pénaliser injustement les autres.

REJETER Interminablement la France ?

Dans le même ordre d'idées, on peut avancer qu'on doit aussi répudier éternellement la France qui a fait de ce pays 1 million et demi de martyrs, ni l'inviter à nos foires ni courir la visiter. Au lendemain de l'indépendance, et sans transition, on était déjà en train de se fouiner dans les allées de l'avenue des Champs Elysées.

 On n'a jamais arrêté de le faire, ni omettre de la convier à nos manifestations économiques ou culturelles de tous genres en dépit de la xénophobie ambiante et du racisme répugnant qui règnent dans ce pays. On continue à résider, étudier et se soigner chez elle sans que cela puisse susciter la moindre démagogie.

 Est-ce que nous nous sommes révoltés contre la présence du livre de notre bourreau d'hier ou avons-nous cessé toute relation avec l'ennemi d'hier et dont ses racistes continuent de nous poster des cercueils d'algériens assassinés dont le dernier ne date pas plus d'un mois ?

 Comme vous le remarquez, on perçoit évidemment l'absurdité de la chose étant donné que dans cette France coloniale, il se trouve avec conviction des français sincères et des écrivains épris de principes universels qui se battent pour un monde meilleur, plein de liberté, de justice et de progrès. On ne peut les énumérer ici tellement ils sont nombreux.

 D'autre part, on n'a pas le droit non plus de choisir la lecture du citoyen, sauf peut-être désapprouver celle en contradiction flagrante avec nos constantes et nos valeurs, et ceci est un autre débat, mais il faut préserver et protéger la liberté du choix. Même s'il faut souligner qu'un livre, quel que soit son penchant, est toujours souhaité à le croquer afin d'abattre tous les atouts possibles et renverser les arguments adverses.

 C'est donc toute la mythique du livre qui se trouve remise en cause par cette mesure incompréhensible pour un commissaire, de surcroît éditeur de son état.

 Certes, on peut toujours reprocher aux écrivains égyptiens de s'être tus lors de la crise entre les deux pays pour ne pas avoir pris des positions franches. Leur présence à Alger les aurait automatiquement poussés à prendre leurs responsabilités et à briser leur silence.  

Le foot oui, le livre non !

Pourquoi alors prive-t-on les amoureux du livre à découvrir les nouveautés des écrits égyptiens tandis que les fans de foot, par qui tout le péril est arrivé, n'ont pas boycotté ni proscrit la venue des Mohamed Aboutrika, Wael Gomoâ et Ahmed Hassan ? Au contraire, on les a accueillis à bras ouverts comme il se doit à l'aéroport d'Alger ainsi qu'à l'hôtel Amraoua de Tizi, en leur offrant de surcroît des fleurs brandies par des innocents bambins sous une escorte sécuritaire sans précédent qui a surpris les visiteurs eux-mêmes. L'Algérie n'est sortie que grandie et honorée par un tel geste de gens civilisés.

 Le stade était archicomble le jour du match pour les voir à l'Å“uvre contre nos protégés. A moins que le football soit assimilé à une guerre entre deux pays et que l'on doit absolument la mener. La guerre des pieds est illogiquement plus importante et indispensable que celle de la confrontation des pensées. Quel déclin !

 Pour le foot, on a pu apprécier sur le terrain Aboutrika et vomir en même temps Hassan pour leurs déclarations antécédentes. N'est-il pas vrai que le meneur de jeu et stratège de l'équipe d'Al Ahly et d'Egypte est sorti sous les ovations du public Kabyle lors de la dernière confrontation entre la JSKabylie et Al Ahly du Caire ? Il est resté très estimé et très apprécié auprès du public sportif algérien car il avait tenu jusque là des propos dignes de son rang que notre public ne les a en aucun cas occultés.

 Au match retour au Caire, on a constaté presque les mêmes scènes que ce soit au niveau sécuritaire que sur le plan de l'ambiance dans un stade rempli à ras le bord. A part quelques infimes accrochages à la fin du match, la confrontation s'est très bien déroulée dans l'ensemble comme l'affirme le premier responsable de la JSK. Il faut noter avec satisfaction le comportement exemplaire sur et en dehors du terrain des canaris malgré un arbitrage loin de faire l'unanimité.

 Le public de la citadelle rouge a vu une équipe qui a su maîtriser parfaitement ses nerfs et montrer un visage totalement séduisant et complètement différent par rapport au match disputé en janvier dernier en Angola où on a vu certains de nos joueurs internationaux péter les plombs. Cette caricature négative nous a valu à Benguela une défaite humiliante et un tableau noirci de l'Algérien. Par sa discipline, son fair-play et sa sportivité, la JSK a su renverser la situation en notre faveur. Au contraire, ce sont certains joueurs chevronnés d'Al Ahly comme Moawad et Gomoâ, pourtant champions d'Afrique avec leur équipe nationale, qui sont tombés dans le panneau en tentant d'agresser des joueurs qui débutent à peine leur carrière. C'est cette image, dans tous les domaines, que l'Algérie doit véhiculer en toutes circonstances. Bravo la JSK !

HOWEIDI ET LES SIENSOUI, ElGhandour et consors NON

Je sais que les algériens n'accepteront jamais la venue, et moi-même parmi les premiers, de Khaled Elghandour, de Amr Adib, de Mustapha Abdou ou de Medhat Chalabi quel que soit le prix à payer quitte à ce qu'ils excusent publiquement devant le peuple algérien. Les martyrs et l'emblème national n'ont pas de tarifs précis ni de barèmes.

 Idem pour certains acteurs de cinéma et associations professionnelles comme celle du bâtonnat des avocats égyptiens et des artistes qui avaient versé dans l'agressivité et l'animosité au moment où la tension avait atteint son paroxysme. Il faudrait beaucoup de temps et de pédagogie pour refermer la plaie béante.

 Donc ce public de Tizi Ouzou, en fin connaisseur, a su faire la part des choses en encensant à tout rompre Aboutrika et en huant les autres joueurs et entraîneurs et dirigeants qui ont rajouté de l'huile sur le feu pendant et en fin de la partie ainsi qu'à leur sortie du stade. On ne doit absolument pas mélanger dans la même cagette les tomates mûres avec les pourries. Le caillassage léger du bus de l'équipe cairote n'est que le résultat de cette dégénérescence.

Lors de la crise qui a secoué les deux pays, il s'est trouvé des égyptiens comme le penseur islamologue Safouat El Hidjazi (pas l'autre) qui s'était opposé ouvertement en ornant, le plateau d'une de ses émissions télévisées, côte à côté les drapeaux des deux nations. Il fallait être très courageux pour adopter une telle attitude honorable à l'inverse de la grande majorité qui se répandait dans le chauvinisme et la haine sans limites.

 Nous rappelons aussi la position intellectuelle de Hamdi Kandil ou de Fahmi Howeidi qui dans un pamphlet intitulée « les 10 pêchers » publié sur le site d'Aljazeera (allusion au comportement des autorités responsables égyptiennes) avait fait tache d'huile dans les rangs des politiques et au sein des mass médias.

 D'autres observaient la tragédie sous silence néanmoins ils avaient mal au cÅ“ur de voir ce déchirement entre deux peuples qui avaient tout pour être réunis pour le bien et pour le pire. Mais un match de foot est passé par là en écrasant tout sur son passage. Le livre est l'un de ses souffre-douleur le plus touché.

 Il faut savoir maintenant tourner la page mais ne pas l'effacer surtout que les autorités égyptiennes ont assimilé par cÅ“ur la leçon du 14 novembre 2009 en apprenant à bien recevoir ses invités avec des fleurs et non par des cailloux. Sacrifier des Algériens sur son sol pour un projet politique interne n'est plus qu'un mirage. Par contre, le livre doit garder pleinement son autonomie en l'éloignant de toutes ces convulsions.

LICITE pour le foot, Illicite pour le livre

Si l'on poursuit les raisonnements des initiateurs de la pétition, ce sont toutes les relations footballistiques, origines du dommage, qui auraient dû être coupées entre les deux pays.

Pour rappeler certaines choses concrètes, juste après les fameux matchs de novembre dernier, les rapports sportifs n'ont jamais été rompus. L'équipe nationale de tennis de table suivie par celle du hand ball se sont produites au Caire sans aucune proscription de la part de nos instances sportives.

On peut même rajouter une initiative datant seulement du début d'août. L'équipe de l'ESSétif ne s'est-elle pas préparée en terre égyptienne pour son dernier match de coupe d'Afrique avant de s'envoler à Harare au Zimbabwe ? Aucune voix ne s'est élevée contre cette décision que l'on peut qualifier à première vue de surprenante. Si les relations officielles sont aussi détériorées que ça comme le prétendent certains, l'équipe de Sétif aurait pu se dispenser d'une telle étape cairote non obligatoire et se suffire du seul contraignant transit à l'aéroport du Caire. Quant à ce choix inédit, aucune personne, ni au sein de l'entente ni au niveau de la fédération algérienne de foot, ne s'est offusqué face à la démarche sétifienne, ni trouver une mince indécence ou montrer sa désapprobation. Au contraire tout le monde a presque approuvé et chanté les dirigeants de Ain El Fouara pour cette conduite très élégante et qui va dans le sens de l'amélioration des rapports algéro-égyptiens.

 Pourquoi alors deux poids, deux mesures ? Dès lors que le livre est innocent de la situation présente. Et s'il y a rupture, c'est pour tout l'univers footeux en premier lieu. Alors pourquoi le livre et non le foot ? Le livre n'est donc qu'un dégât collatéral de ce jeu mais constitue par sa malchance la première victime directe.

LE BOUQUINAGE, UN DÉSASTRE DANS LE PAYS

Le livre semble-t-il n'est devenu qu'un parent pauvre dans ce pays. N'est-t-il pas réel que la lecture des livres a dégringolé auprès des jeunes générations ? Il suffit de faire un tour chez les rares librairies qui arrivent à tenir le coup pour s'apercevoir de la carence de l'achat des livres. De nombreux libraires ont transformé depuis belle lurette leur commerce, faisant un virage à 180 degrés, en passant sans transition comme tout le monde au commerce assez florissant de la bouffe. Les têtes ne daignent plus être soignées et alimentées.

La seule lecture préférée, ce sont les journaux à sensation sans oublier bien sûr le plat de résistance que sont les journaux spécialisés sur le football qui ont proliféré davantage ces temps-ci. On se les s'arrache sur les étals bien que valant doublement cher. Singulièrement, de nombreux quotidiens, par crainte de perdre définitivement leur infidèle lectorat, ont créé des numéros spéciaux foot. Le 100% foot est désormais à l'Å“uvre.

Lorsqu'on lit les journaux, on commence toujours par la une, et c'est normal, puis on saute immédiatement aux avant dernières pages dédiées au roi foot. Rares sont ceux qui s'intéressent réellement, sauf pour les exceptionnels branchés, aux divers articles de fond et des contributions externes.

Spontanément, le jeu à pied est devenu la discussion favorite des algériens, tous âges confondus, et qui occupe, si je n'exagère pas, 90% du temps gâché par les jeunes et les moins jeunes. Tout le monde connaît le moindre détail du dernier arrivant au sein des verts en plus des potentiels postulants mais ignore tout d'un écrivain ne fussent Tahar Ouettar, Mouloud Feraoun, Mohamed Dib, Assia Djebbar, Malek Benabbi ou parmi les plus récents d'entre eux à l'instar de Yasmina Khadra.

Faisons un tour chez les libraires qui ont préféré, contre vents et marées, rester fidèle au métier. Le désastre est vite décelé par rapport à une certaine époque où pourtant la chose culturelle était quelque peu contrôlée. Pour ne pas sortir de l'ordinaire, les livres de cuisine occupent toujours une place de choix. On se souvient que la lecture était considérée comme la clé de la réussite de tout succès mais plus maintenant.

Du statut de LA victime À celui dU coupable

Savez-vous que sous d'autres cieux, le livre est abordable pour toutes les bourses ? Dans certains marchés et supermarchés, il est vendu au kilogramme pour les livres d'occasion. Auparavant, on allait au souk du week end pour vendre et échanger des livres. Cette tradition légendaire n'a plus l'actualité. On mettait des heures à déceler le livre original. Acquérir un livre était considéré comme une nouvelle conquête. D'autre part, les kiosques à livres qui élisaient domicile sur les places publiques se sont éclipsés à jamais de notre vue. Ils se sont convertis en cafés et en crèmeries en attendant le messie.

De nos jours, essayez de dénicher au microscope, dans un bus ou dans un train, quelqu'un en train de bouquiner à l'image des citadins des pays avancés. Cela fait partie du domaine du miracle !

Puisque le livre ne peut plus compter sur d'éventuels défenseurs dans ce pays, alors il paie les frais de sa solitude et de son abandon en le sacrifiant manu militari pour une guéguerre footballistique. Quels que soient les évènements qui ont émaillé une rencontre de foot, on ne devrait nullement mettre tous les égyptiens dans un même sac et assimiler le livre à cette histoire. Si l'on poursuit cette logique au sens extravagant, nos politiques ne vont plus se voir ni nos scientifiques ni nos syndicats ni nos écrivains, etc...Toute odeur de l'autre est à bannir. Si l'on se considère comme faisant partie d'un pays qui ne recule pas, ce n'est que par le dialogue et la concertation que chacun pourrait faire avancer ses pions sur l'échiquier.

 La venue des éditeurs égyptiens aurait constitué une occasion inespérée de leur donner une leçon de modernité et de civilisation dont les égyptiens se proclament en général être son berceau immortel. On les aurait embarrassé et désorienté par cet esprit. Un refus de participation de leurs parts, aurait constitué un incroyable motif pour les remettre à leur juste place et maintenir notre main dessus. Mais je pense qu'ils ne seraient pas aussi stupides à ce point ! Mais par notre maladresse et inadvertance, c'est nous qui nous retrouvons dans la cage.

Pour enfoncer davantage le clou dans notre chair, le président de l'instance suprême du livre en Égypte Mohamed Saber Arab, comme l'a rapporté la presse égyptienne, a annoncé le 8 août précédent que son institution adressera une invitation à notre pays pour son prochain salon du livre. Il n'utilisera pas la même stratégie suicidaire. C'est ce qu'on appelle un retournement inespéré d'une situation perdue à l'avance. En fin de compte, du statut de la victime, on se retrouve dans celui du condamnable. Au lieu de marquer des points, on les offre gratuitement à nos vis-à-vis. Sans commentaires.

LA PLUME NE NOURRIT PLUS

C'est vrai que le livre n'a pas assez de supporters comparativement au foot par ces temps de misères culturelles sauf quelques malheureux nostalgiques qui se battent comme ils le peuvent en gageant sur le retour de l'Algérie à de meilleurs sentiments intellectuels. Sauf rarissime exception, on ne découvre plus l'éclosion de nouveaux talents qui ont préféré s'investir, éloignés de l'écriture puisque le nombre de lecteurs passionnés ne cesse de s'amenuiser. La plume ne nourrit plus, elle ne subvient plus aux besoins. Internet qui est un extraordinaire outil pour la libération du livre ne sert dans le pays qu'à la tchatche et aux discussions au sein des forums afin de pirater les télévisions occidentales. La toile s'est également métamorphosée en une immense agence matrimoniale sans frontières pour nos jeunes et potentiels Harragas en quête de l'âme sÅ“ur, rêvant de s'évader vers d'autres horizons.

 On aurait aussi souhaité que la télévision publique nous donne des échos sur ses émissions littéraires diffusées tant bien que mal à travers ses antennes. Un sondage nous montrerait la faillite établie du livre et l'étendue des dégâts.

 Regardons, ce qui se réalise ailleurs pour le seigneur livre. Un extraordinaire marketing se fait autour de la sortie d'un nouveau titre. C'est parfois plus que la promotion d'un film. Le livre possède un public mordu qui s'amplifie de jour en jour. Chez nous il disparaît de nos étals de nuit en nuit.

 Le prix Goncourt, pour ne citer que celui-là, est une véritable institution littéraire. Le prix Nobel de littérature est le plus prestigieux face à tous les autres Nobels réunis. C'est ce qu'on retient chaque année de ses distinctions avec celui de la paix. Il fait atteindre son lauréat les cimes de la renommée mondiale, à la gloire et à la postérité sans fin. Le livre gagnant rentre de plein pied dans la lignée. Il sera tout le temps à la une en se vendant comme des petits pains.

 C'est pour vous dire à quel point la littérature est la favorite parmi toute la culture en général. Chez soi, elle continue de se dégrader en orpheline. Ne parlons pas de la publication d'un livre dans nos contrées, qui reste une incroyable galère.

LA SAINTE FIFA, CETTE ÉPÉE DE DAMOCLÈS

La grandeur et le développement d'un pays se mesurent par la création et la production prolifique de ses écrivains et non par l'audimat d'un match de foot. Est-ce que l'Algérie serait meilleure par une production scientifique, littéraire et artistique ou à travers une participation en coupe du monde de football ? Les deux seraient les bienvenues mais le choix d'un seul est vite fait. Cela dépend de quel côté on se situe. C'est pour cette raison que nos écrivains, se comptant sur les doigts de la main, préfèrent traverser les mers et se faire publier là où le livre est soutenu et parrainé. Il n'y a pas que la question pécuniaire qui prime.

 Comme le rappelle si bien le texte de la dite pétition, pour le foot il existe une ONU des nations du ballon qui s'appelle FIFA. Attention à celui qui ose s'opposer à ses jugements irrécusables et sans aucun appel possible. C'est l'épée de Damoclès qui pèse sur nos pieds. Un refus de jouer contre un club pas seulement égyptien, sauf israélien pour l'instant, mettrait inéluctablement le pays dans de mauvais draps sous le coup d'une suspension inacceptable pour le large public du ballon. Tandis que les fervents du bouquinage ne disposent pas encore d'une instance internationale équivalente du genre FIFA du livre qui somme d'accueillir tous les éditeurs sans restriction. De plus, les lecteurs peu nombreux ne peuvent pas faire de la pression comparable à celle de l'envergure des supporteurs de foot. Au départ, j'ai été sceptique sur la venue des égyptiens mais cet alibi inviolable de la FIFA m'a amené à réviser certaines attitudes. Pour le livre, aucune entreprise planétaire ne détient ce statut similaire puissant comme celui de l'empire du président Sepp Blatter.

 Il est indéniable qu'on ne peut naviguer à contre-courant des sentiments et de la volonté du peuple mais les érudits de ce pays, politiques et lettrés, doivent accomplir leur mission d'éclaireurs de la société. Ils ont la responsabilité et le devoir d'indiquer le chemin lumineux, le moins difforme possible selon les intérêts suprêmes de la nation. La révolution de 54 pour l'indépendance du pays avait réussi grâce principalement à des guides et des chefs tels que Mourad Didouche et Mostefa Bendoulaïd qui ont poursuivi le long périple tracé durant des lustres par l'Emir Abdelkader, El Mokrani, Ben Badis et tant d'autres au cours de l'interminable lutte qui a libéré le pays du joug colonialiste.

 Enfin, Citons l'exemple édifiant du Haut Conseil Islamique (HCI) qui vient de signer un communiqué daté du 18 août dans lequel il critique la décision déplacée du commissaire du SILA en rajoutant que nul n'a le droit de s'ériger en conscience du peuple…

 L'adage du silence d'or prôné par certains cercles n'a plus sa raison d'être lorsqu'il s'agit d'évoquer en principe le livre si celui-ci dispose d'une vraie place dans la société.




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