Algérie

Pourquoi la trituration est plus chère'



Les producteurs d'huile d'olive sont très mécontents du comportement jugé abusif des propriétaires des huileries. Contre toute attente, ces derniers ont augmenté de 20% les prix de la trituration de l'huile d'olive depuis le lancement de la saison. Alors qu'ils s'établissaient l'année passée à 800 dinars pour le quintal trituré, les olives passent à la presse, cette année, pour pas moins de 1000 dinars.Pis encore, les citoyens qui souffrent dans le froid et les reliefs escarpés pour la cueillette ne reçoivent aucune explication ni des propriétaires des huileries eux-mêmes ni des services de l'agriculture de la wilaya qui gardent le silence et se replient derrière leurs bureaux.
Aussi, pour comprendre les causes qui ont amené cette situation, il a fallu descendre sur le terrain, loin des bureaux et des prévisions «théoriques» complètement déconnectées de la réalité. Nous nous sommes donc adressés à des propriétaires d'huileries pour connaître les raisons qui les ont amenés à augmenter les prix de la trituration. Mais, nous leur avons aussi demandé les raisons qui ont fait que l'huile est toujours vendue au même prix que l'année précédente, c'est-à-dire, 800 dinars le litre en moyenne. Une équation qui n'est visiblement pas passée inaperçue chez les producteurs qui estiment que les propriétaires des huileries leur appliquent un marché de «dupes». «Les prix devaient être augmentés déjà l'année passée. Toutes les matières et les intrants en plus des équipements ont vu leurs prix augmenter. C'est donc logique que nous augmentons nos prix», explique un propriétaire d'une huilerie à Draâ El Mizan. Même son de cloche à Tademaït et Bouzeguène. «Même la main- d'oeuvre a augmenté ses prix cette année. On ne pouvait pas faire autrement», réplique un autre à Ouacifs. Cependant, aucun de nos interlocuteurs n'a répondu à l'autre question. sur le maintien des prix de l'huile. «C'est son prix. On ne peut pas la vendre à plus de 800 dinars», s'accordent-ils, mais sans évoquer la hausse des prix de la production au niveau des citoyens. «Oui, ils savent très bien que la hausse des prix de la trituration devait être logiquement suivie d'une hausse à la vente. Nous avons aussi connu des hausses dans le transport, le matériel agricole et même les prix des autres produits ont augmenté à l'exception de l'huile d'olive», fulmine un citoyen qui jure de ne pas vendre un seul litre cette année. «Je ne suis pas obligé de vendre, je la garde pour moi», assure-t-il. En fait, cette anarchie qui règne dans la filière n'est pas nouvelle. Depuis l'Indépendance, l'huile d'olive de Kabylie n'arrive toujours pas à se frayer un chemin vers les circuits commerciaux légaux. Jusqu'à hier, ce produit noble qui peut rivaliser avec les meilleures huiles du monde est toujours vendu dans des bouteilles d'eau minérales usitées et jetées. La commercialisation est le maillon faible de cette chaîne que les services agricoles ne parviennent toujours pas à dégripper malgré les enveloppes financières mobilisées et les mesures d'aide et d'accompagnement du gouvernement. Enfin, les prix appliqués cette année à la trituration sont le signe de cette anarchie qui fait régner la logique du plus fort. Cette année, l'olive est naturellement déjà plus lourde à cause des dernières pluies abondantes du mois de novembre. Ce qui a fait que les propriétaires des huileries bénéficient de ce don naturel qui leur offre des quintaux de plus, rien que pour l'eau contenue dans le produit.


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