Algérie

Pourquoi la Jordanie garde sa stabilité politique ' Le pays est à l'abri du «Printemps arabe» malgré un regain de la contestation populaire contre le régime du Roi Abdallah II



Pourquoi la Jordanie garde sa stabilité politique '                                    Le pays est à l'abri du «Printemps arabe» malgré un regain de la contestation populaire contre le régime du Roi Abdallah II
La Jordanie a connu, vendredi dernier, une manifestation populaire qui a réuni à Amman plus de dix-mille personnes qui ont manifesté contre la récente hausse des prix du carburant. Parmi les manifestants, il y avait des militants politiques issus de toutes les tendances dont certains ont été identifiés comme des membres du mouvement des Frères musulmans, jordaniens. Cette nouvelle contestation avait débuté trois jours auparavant mais c'est le vendredi qu'elle a réuni un nombre important de manifestants qui se sont rassemblés à proximité du palais royal, en réclamant carrément «la chute du gouvernement» et du régime du roi Abdallah II. Donc, de la contestation sociale à la protestation politique, le pas a été vite franchi, faisant craindre au roi un scénario à la syrienne. Les autorités jordaniennes ont tout à fait raison de craindre pour la stabilité du pays. Même s'ils restent discrets et prudents, les Frères musulmans qui reprochent au roi sa position vis-à-vis du conflit syrien sont soupçonnés de chercher à instrumentaliser les manifestations des Jordaniens qui vivent de plus en plus dans la précarité sociale et économique. Anticipant sur une éventuelle dégradation de la situation, le Royaume hachémite a entrepris une série de réformes institutionnelles dont l'une des plus importantes est la création, par le roi, d'une cour constitutionnelle qui était une des principales revendications «d'une bonne partie des Jordaniens», comme l'a souligné Abdallah II dans la presse. Cette annonce avait été précédée par la dissolution, la veille, du Parlement et l'appel du roi à des élections anticipées. Au début de la crise syrienne, Abdallah II s'était permis quelques conseils en direction de son homologue syrien, Bachar al-Assad, en l'appelant à revoir sa politique pour éviter la montée de la colère populaire. Le président syrien qui n'a pas pris au sérieux cette alerte s'est retrouvé quelques mois plus tard face à un mouvement armé qui, depuis un an, cherche à le faire quitter de Damas à tout prix. Le roi Abdallah II a, quant à lui, réussi à éteindre le feu de la discorde avant que l'incendie ravage toute sa demeure. Ce retour à la charge des Jordaniens, officiellement motivé par des raisons socioéconomiques, constitue un motif à inquiétudes aussi bien pour les tenants du pouvoir du Royaume hachémite que pour les pays voisins. Pourtant, de nombreux analystes affirment que le danger d'une instabilité qui pourrait guetter la Jordanie viendrait de l'extérieur. D'abord, entre le palais royal et les Frères musulmans il existe une étroite relation que le roi Abdallah II a entretenue depuis son accession au trône, au lendemain de la mort de son père, le roi Hussein, en 1999. Amman pourrait toujours compter sur «ses» Frères musulmans pour apaiser les esprits, tout en continuant à les surveiller de près. Car les islamistes jordaniens ont les mêmes ambitions de prendre le pouvoir un jour en Jordanie, comme cela est le cas, aujourd'hui, en Egypte ou en Tunisie. La Syrie ne ferait pas l'exception si l'opposition armée, formée aussi par des islamistes salafistes, réussissait à chasser Bachar al-Assad de Damas. Mais cette sérénité et cette stabilité que connait la Jordanie lui vient aussi des équilibres géostratégiques, régionaux et même internationaux, actuels et à venir. La Jordanie partage la plus grande frontière avec l'Etat israélien qui n'a pas intérêt à voir Amman plonger dans le chaos politique. La Jordanie accueille le plus grand nombre de réfugiés palestiniens qui ont formé une forte communauté dans ce pays. Ces Palestiniens sont, aux yeux de Tel-Aviv, un vrai danger. Les autorités israéliennes
qui refusent de négocier le retour des Palestiniens exilés depuis 1948 exercent donc une véritable pression, parfois à travers leurs alliés états-uniens, sur les autorités jordaniennes qui sont contraintes d'offrir suffisamment de conditions de vie à ces Palestiniens qui se sont enracinés dans une majorité des villes en Jordanie. L'Arabie Saoudite, un autre allié des Occidentaux dans la péninsule arabique, participe également et à sa manière à la stabilisation de la Jordanie grâce à ses pétrodollars. Ryadh a fourni à Amman une aide financière d'environ 1,4 milliards de dollars qui s'est ajoutée au prêt consenti par le Fonds monétaire international d'un montant de
2,06 milliards de dollars. La Jordanie qui est appelé à jouer un rôle prépondérant contre l'expansion chiite, donc iranienne dans la région du Proche-Orient, a même été invitée par l'Arabie Saoudite à rejoindre le Conseil de coopération des Etats du Golfe. Il est vrai que des tensions demeurent entre Amman et ses voisins saoudiens et irakiens, y compris avec Israël sur la question palestinienne, mais la Jordanie arrive à garder des liens forts grâce à l'influence américaine dans la région. Les Etats-Unis qui exercent leur pouvoir dans la région sont l'allié stratégique du roi de Jordanie qui peut toujours compter sur eux pour faire face à d'éventuels évènements politiques, internes qui pourraient remettre en cause son autorité à Amman. Pour le moment, le roi Abdallah a concédé quelques concessions à «ses» islamistes qui constitue la première force d'opposition dans ce pays.
L. M.


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