Par : MOULOUD HEDIR
ECONOMISTE
Au moment où il va s'installer dans son nouveau fauteuil de patron de la FAF, la Fédération algérienne de football, il y a une question à caractère économique qui me taraude personnellement depuis de longues années et à laquelle M. Amara est sans doute la personne la mieux qualifiée pour répondre, eu égard aux fonctions de P-DG du groupe Madar qu'il a exercées au cours des dernières années.
Pour ceux qui ne le savent pas, le groupe Madar se trouve être la nouvelle vitrine de notre bonne et vieille SNTA, la Société nationale des tabacs et allumettes, au sein de laquelle se sont incrustées depuis 2005 deux sociétés mixtes algéro-émiraties.
Ma question, toute simple, est la suivante : pourquoi la facture algérienne des importations de tabac, qui était en moyenne de 30 millions de $US/an entre les années 2000 et 2005, est-elle passée brutalement à une moyenne de 301 millions de $US/an entre les années 2011 et 2019 '
Ces chiffres peuvent être vérifiés par qui le veut en consultant la base de données des douanes algériennes ou sinon celle du CCI, le Centre du commerce international.
À ma connaissance, les Algériens ne sont pas devenus subitement des fumeurs invétérés, au point de multiplier par dix (10) leur consommation habituelle de cigarettes.
Aucun expert n'a non plus signalé une flambée spectaculaire des prix du tabac sur le marché international. Aussi, comme la rationalisation des importations est affichée comme un des axes majeurs de la politique gouvernementale, l'expertise du président de Madar est hautement souhaitée, aujourd'hui.
Au moment où nos autorités scrutent étroitement et au centime près chaque programme d'importation de médicaments, il est pour le moins surprenant qu'elles lâchent aussi facilement la bride à l'importation du tabac, dont chacun sait qu'il est source de nombreuses pathologies graves.
Il faut souligner par ailleurs que la fabrication et le commerce du tabac, en Algérie comme partout dans le monde, constituent un gisement important de revenus fiscaux, ce qui explique que l'activité y soit presque partout un monopole d'Etat.
À quoi il faut ajouter que le tabac étant assimilé, du point de vue des politiques de santé publique, à un "poison" néfaste, il n'y a aucun bénéfice à stimuler la concurrence dans ce secteur d'activité. Il va donc falloir qu'un jour les responsables concernés en viennent à nous expliquer pourquoi ils ont considéré en 2005 qu'il était urgent d'ouvrir ce secteur-là, en particulier, à des intérêts étrangers, émiratis en l'occurrence.
C'est pourquoi ma question accessoire au P-DG de Madar est celle de savoir s'il n'y a pas de lien entre l'arrivée de l'investisseur émirati et cette explosion soudaine et spectaculaire de la facture annuelle de nos importations de ce poison.
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Posté Le : 19/04/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mouloud HEDIR
Source : www.liberte-algerie.com