In Salah, ville gazière ' Rien ne l'indique. «Pourquoi In Salah ne serait pas comme Dubaï, avec une forêt de gratte-ciel alors qu'elle fournit le pays en gaz '», s'interroge, amer, Djamel, enseignant et photographe du Collectif. «Pourquoi nos routes sont-elles défoncées, les délestages en plein été 'Pourquoi notre eau, l'eau que nous buvons est salée à nous rendre tous hypertendus ' Pourquoi In Salah ne ressemble pas aux grandes villes pétrolières de par le monde ' Pourquoi notre hôpital n'a pas de spécialistes ' Pourquoi nos femmes meurent à l'accouchement pendant le trajet vers Adrar ' Pourquoi y a-t-il un cimetière à Adrar réservé aux gens de In Salah qui meurent dans les hôpitaux de la ville '»Ali Bourahla, technicien en forage à Sonatrach en a aussi gros sur le c?ur. «Certains jeunes de In Salah, confirme-t-il, sont de plus en plus tentés par les extrêmes et les nébuleuses telles que Harakat Abna Al Djanoub (Mouvement des enfants du Sud)» qui captent les plus désespérés. «La pression provoque l'explosion, dit-il. Et si le pourrissement et la marginalisation persistent, tous les scénarios deviennent possibles et les paris ouverts, y compris la logique des armes et de la violence.»Entre deux tempêtes de Tamadalit (vent de sable), la «ville» inhale à pleins poumons le sous-développement. Au nord comme au sud, les champs de butane prolifèrent et de mégaprojets (In Salah Gaz) à plusieurs milliards de dollars sont lancés et font les beaux jours de Sonatrach et des majors (Halliburton, Statoil, British Petrolium, Total) de la planète. In Salah est dans le Guinness des endroits les plus chauds et arides de la planète et sa centrale électrique achète du gaz à BP sans satisfaire la demande locale en saison longue de fournaise.Tidikelt. L'Hôtel. «C'est le Qatar qui serait derrière ce mouvement de désobéissance civile, accuse Abderahmane Ba Brahim, élu APW du parti FLN. Qui d'autre a intérêt à ce que l'Algérie n'exploite pas sa ressource de gaz de schiste '». Fils d'un des «notables» de la ville, Ba Brahim se dit convaincu que les manifestants sont manipulés, sinon carrément aidés et financés par des officines étrangères. «Certains, dit-il, sont des fils de harkis.Des nostalgiques du Sahara, département français d'outre-mer. Ils reçoivent trois mille dinars par jour pour camper sur la placette de la daïra. Ils reçoivent des vivres et des denrées, et pour se nourrir ils égorgent tous les soirs des dromadaires (?). Mais d'où tiennent-ils cela '» Dans la demeure de ce dernier, réunis autour d'un repas? et de Mustapha Mazzouzi, des notabilités de la région dont Mohamed Guemama, l'indécrottable député de Tamanrasset (qui est à son 4e mandat), décortiquent les tenants et aboutissants de? l'Assihar, nom de la foire de Tam collé au rassemblement des anti-gaz de schiste. «Non, je ne pense pas qu'il y a des velléités séparatistes.En tous les cas, moi je n'ai pas ressenti cela et les manifestants n'ont jamais remis en cause l'unité nationale». Venu en éclaireur à In Salah, Mazzouzi, membre du bureau politique du FLN évoque un «malentendu» à l'origine des manifs. Le secrétaire général du FLN, Amar Saadani, lui parle d'un «printemps arabe» pénétrant l'Algérie par son flanc sud. «Ce qui nous fait peur est que ce qui se passe dans le Sud est la même chose que ce qui s'est passé dans les pays du printemps arabe», déclarait-il une semaine auparavant (réunion du BP, 14 janvier). Deghamcha. Cimetière des martyrs.Une porte voûtée donne sur une étrange nécropole ouverte aux quatre vents. Des tombes parsemées, une centaine, lovées autour d'un imposant tombeau, celui de Moulay Abdallah Reggani, héros de la résistance, mort les armes à la main, le 5 janvier 1900, lors de la bataille de Deghamcha, non loin de la palmeraie de In Salah aujourd'hui ravagée par les eaux polluée d'El Barka et de la destruction des foggaras, le système séculaire d'irrigation.Après des décennies d'amnésie volontaire, d'abandon, les dépouilles des résistants ? venus en renfort de Reggane et de In Ghar stopper l'avancée du corps expéditionnaire français dans le Tidikelt ? sont (enfin) décemment enterrées. Au pied de Reggani enterré avec son cheval, Salah Tamat, ancien chef Imuhar (targui), accompagné de sa femme et de ses enfants, récite quantité de prières. «Aujourd'hui, dans le grand sud, la kalachnikov se vend à 400 dinars la pièce».
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Posté Le : 10/02/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohand Aziri
Source : www.elwatan.com