Algérie

Pourquoi est-il important d'installer un ruchier pédagogique à Hassi Ben Abdallah '


L'accompagnement de la dynamique agricole et d'élevage que connaît la wilaya de Ouargla a mis les différents acteurs de ce secteur devant une situation inédite de symbiose sur le terrain de la mise en ?uvre des actions de vulgarisation et de conseil agricole.Un déploiement plus prononcé et tangible de solutions scientifiques quantifiées et mesurées, développées par les chercheurs de l'université de Ouargla et de Ghardaïa, essentiellement issus du fameux ex-ITAS de Ouargla et de l'ITDAS de Biskra.
Cerise sur le gâteau : des agronomes ont créé une association de vulgarisation et d'expérimentation qui investit un terrain réservé jusque-là à l'administration et aux instances professionnelles. Des étudiants en aquaculture se sont joints au mouvement avec le club scientifique «Yanabiee Essahraa», dédié à l'expérimentation piscicole, et trouvent dans le bassin aquacole pédagogique adjacent au ruchier de Hassi Ben Abdallah une belle opportunité d'améliorer leurs connaissances.
El Barhana
Pour le Pr Abdelkader Adamou, c'est beaucoup plus une vitrine pour les exploitants afin d'encourager cette activité qui ne demande pas de moyens importants et démontrer que l'apiculture peut réussir au Sud. Elle peut aussi bien servir aux exploitants qu'aux étudiants et chercheurs, et se focalise sur l'abeille commune actuellement exploitée à travers le pays, au sein de la ferme de démonstration et d'expérimentation des semences de l'ITDAS, appelée à juste titre «El Barhana».
Ceci est d'autant plus vrai que pour ceux qui ne connaissent pas l'existence d'une espèce d'abeille saharienne endémique dans le Sud-Ouest, particulièrement à Aïn Sefra, l'activité apicole au sud du pays se confond aux multiples aberrations concernant le développement d'activités autres que celles liées au palmier dattier. C'est là que la préservation de cette abeille autochtone adaptée aux régions sahariennes devient un défi et un axe de recherche à moyen et long termes. Afaf Djeghoubi, agronome et vice-présidente de l'Association d'élevage apicole et aquacole de Ouargla, a déclaré :
«L'aide pédagogique aux apiculteurs en difficulté et ceux voulant s'investir dans ce domaine qui connaît beaucoup d'engouement dans la région est un impératif primordial, accessoirement, la supervision d'une apiculture à visée purement polinisatrice dans les champs de pastèque en second plan et le développement d'une réintroduction progressive de l'abeille saharienne comme but escompté.»
Cette espèce plus que jamais menacée par la pollution génétique de part la dominance de l'abeille tellienne introduite pour sa disponibilité par les apiculteurs de la région pose une problématique pertinente à la sphère de la recherche scientifique nationale et que le ruchier de Hassi Ben Abdallah s'attellera à défricher. Les actions de réintroduction dans le sud-est du pays entreprises par le mouvement associatif des apiculteurs de Guerrara sont à saluer.
Symbiose
Rien de plus symbolique que cette rencontre dans une petite palmeraie de Hassi Ben Abdallah, jeudi dernier, en marge de la cérémonie de signature de la convention de création d'un ruchier pédagogique, pour parler des défis agricoles de Ouargla. Cette wilaya aux potentialités immenses, qui vise les 98 000 ha de surfaces agricoles, utilisés à l'horizon 2025, semblait jusque-là reléguée à rester éternellement dans sa position de troisième wilaya potentielle, toujours derrière El Oued et Biskra, ses voisines, quand le déclic est arrivé. Une prise de conscience progressive a mis en évidence l'inexistence d'un réseau effectif de soutien de l'activité agricole malgré les sommes colossales déversées dans le secteur.
A Hassi Ben Abdallah, capitale de l'expérimentation agricole et aquacole innovante à Ouargla, M. Bentouati, vice-président de l'APC, pose avec acuité la problématique des centaines de ruches perdues dans la nature jusqu'à la mort des abeilles juste après la saison de la pollinisation. Hassi Ben Abdallah est aussi une commune exemplaire où les maires sont très impliqués dans le quotidien de leurs concitoyens.
Une histoire de pastèque
Dans cette zone agricole qui produit notamment la pastèque d'avant-saison mise sur le marché de façon précoce bien avant l'arrivée de l'été, une vingtaine de gros producteurs de pastèque se transforment en apiculteurs, non pas pour la production de miel mais pour améliorer les rendements de leurs plates-bandes grâce au travail des abeilles, de véritables ouvrières au service de la pollinisation.
Le deal posé est la mise à la disposition des producteurs de miel, via l'ITDAS et du ruchier expérimental, des ruches utilisées à l'issue de la saison de pollinisation afin d'en prendre soin, d'en exploiter les capacités jusqu'à la saison suivante. Mais les intérêts n'étant pas les mêmes pour des problèmes techniques qui font que les abeilles polinisatrices ne sont pas forcement celles qui produisent le miel, il a été convenu d'effectuer une sorte de baby-sitting des abeilles pendant la saison chaude pour les maintenir en vie et les détourner vers une petite production de miel dans l'entre deux saisons.
Pour le Dr Mebarki, chercheur à l'université de Ghardaïa et membre de l'association des apiculteurs de Ouargla, «la collaboration entre les apiculteurs de miel et ceux de pollinisation ne date pas d'aujourd'hui à Ouargla où tous les produits de la ruche sont exploités, ce qui rend utile l'opération dite de congélation en l'état des ruches utilisées dans l'agriculture pour les rendre en l'état au propriétaire initial au moment opportun, en contrepartie de l'exploitation de la propolis, de la gelée royale en passant par le pollen, la cire et le venin d'abeilles».
C'est toute une activité innovante au service de l'agriculture que l'apiculture que la commune de Hassi Ben Abdallah est en passe de lancer cette année, en mettant à la disposition des apiculteurs et des chercheurs de l'université une assiette de terrain de 4 ha dans l'objectif de créer une zone de stockage des ruches en transit entre le mode sédentaire dans les exploitations agricoles de la région et celles en mode de transhumance à la recherche de végétation spécifique destinées à la production de miel.
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