Pour investir dans la sidérurgie à Jijel,
Ahmed Ezz attendait de très gros avantages et privilèges. Les opérateurs
algériens n'oseraient même pas en rêver…
Le groupe industriel égyptien El Ezz
Steel qui devait investir 1,25 milliard de dollars pour la construction d'un
complexe sidérurgique à Jijel ne viendra pas en Algérie. Ni le gouvernement
algérien, ni le changement de cadre des investissements et encore moins les
retombées des disputes footballistiques ne sont à l'origine de ce renoncement.
Le groupe El Ezz Steel - dont le patron est n'est autre qu'Ahmed Ezz, haut
dirigeant du Parti national démocratique (PND) de Hosni Moubarak et président
de la commission du plan et du budget au parlement – a présenté des exigences
exorbitantes au gouvernement algérien. Selon des informations de bonnes
sources, «l'homme au 50 milliards de livres», comme l'appellent les Egyptiens,
estimait insuffisantes les facilités fiscales et parafiscales offertes par
l'Algérie ainsi que les avantages spécifiques accordés par le Conseil national
des investissements (CNI). Le patron et homme de pouvoir égyptien a exigé que
l'Algérie lui construise un quai à Bellara et lui garantisse du gaz à prix
subventionné pour une durée de 25 ans. Le groupe El Ezz a également conditionné
le démarrage du projet par la construction – par l'Etat algérien – d'une
centrale électrique. Le groupe égyptien a estimé que cette demande était «
logique » pour la simple raison que le groupe ArcelorMittal s'est trouvé en
possession d'une centrale électrique en rachetant 70% du capital du complexe
sidérurgique d'El Hadjar.
Un ponte du parti au pouvoir
Le lien n'est guère évident pour les
observateurs mais il est conforme au fonctionnement d'El Ezz en Egypte où ses
liens directs avec le pouvoir lui apportent des privilèges importants. Pour
rappel, lors de la signature du contrat en 2008, M. Ahmed Ezz avait salué le
«climat favorable et propice pour l'investissement en Algérie» et mis en
exergue «les conditions favorables à même de relancer et d'inciter à
l'investissement en Algérie où existent de nombreuses opportunités favorisées
par des mesures d'encouragement et d'incitation». A l'évidence, le groupe
égyptien comptait sur les liens politiques – aujourd'hui quelque peu distendus
– pour avoir plus de privilèges. En Egypte, Ahmed Ezz avec sa stature
d'«empereur du rond à béton» et d'éminence du parti au pouvoir a réussi à
neutraliser un projet de loi anti-trust en le vidant de dispositions
essentielles. L'organisme anti-trust égyptien (Egyptian Competition Authority -
ECA) avait proposé de fixer les sanctions pécuniaires contre les ententes
anti-trust entre 10 et 15% du chiffres d'affaires et d'instituer une «clause de
clémence» exonérant de poursuites l'opérateur qui signale le premier
l'existence d'une entente illicite destinée à fausser la concurrence. Pour
l'Antitrust égyptien, ces dispositions sont de nature à dissuader les
opérateurs de conclure des ententes illicites pour influencer sur le marché.
Ces dispositions ont été rejetées par le parti au pouvoir, majoritaire au
parlement, au profit d'une pénalité forfaitaire que les grandes payeront sans
peine dans le pire des cas. Tout le monde en Egypte y a vu la main d'Ahmed Ezz,
qualifié par le Mouvement des Citoyens contre la cherté «d'ennemi n°1 du
consommateur égyptien».
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Posté Le : 13/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Yassine Sakene
Source : www.lequotidien-oran.com