Algérie

Pourquoi Belkhadem ne reviendra pas... ABDERRAHMANE BELAYAT, COORDINATEUR DU BP DU FLN, À L'EXPRESSION


Pourquoi Belkhadem ne reviendra pas... ABDERRAHMANE BELAYAT, COORDINATEUR DU BP DU FLN, À L'EXPRESSION
«Même si on n'est pas arrivés à réunir le CC pour élire un SG, notre vie interne est loin d'être fébrile ou aphone»
La vacance du secrétariat général du FLN dure depuis le 31 janvier 2013 et semble s'inscrire dans la durée. Dans cette interview, le coordinateur du Bureau politique du parti, Abderrahmane Belayat, assure que cette vacance n'était pas de nature à freiner le fonctionnement normal de l'ex-parti unique. Il affirme que si cette situation est appelée à s'éterniser jusqu'à la prochaine élection présidentielle, il poursuivra sa mission et jamais il ne se dérobera pour servir le parti «sans aucune prétention pour favoriser l'ambition personnelle».
M.Belayat aborde la question de la volonté de l'ex-secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, de revenir à la tête du parti malgré le retrait de confiance dont il a fait l'objet et évoque d'autres questions.
L'Expression: Plus de trois mois après la destitution de l'ex-secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, le FLN n'arrive toujours pas à trouver un successeur. Les divergences entre les différentes tendances sont-elles à ce point profondes pour que la situation reste bloquée'
Abderrahmane Belayat: Le terme «destitué» n'est pas approprié pour ne pas dire plus. En réalité, même lorsqu'on veut le remplacer par le terme de «retrait de confiance», il faut ajouter que c'est M.Belkhadem lui-même qui a volontairement décidé de poser la question de confiance. Parce que la contestation interne était d'abord, timide au début, avant de se développer ensuite, depuis trois ans.
M.Belkhadem n'était pas tenu statutairement de se prêter à une opération de confirmation ou de retrait de confiance. Il l'a voulu, cela a eu lieu et le vote lui a été défavorable par une simple différence de quatre voix.
Il est bon, pour répondre à votre question, de rappeler que le dispositif mis en place par M.Belkhadem, en sa qualité de secrétaire général (SG), avait prévu de procéder immédiatement à l'élection d'un nouveau secrétaire général en cas de vote négatif, c'est pour cela qu'on a prévu une session de trois jours. Or, le retrait de confiance a eu lieu le 31 janvier et la situation qui prévalait n'a pas permis l'élection d'un successeur. Il a été décidé de clôturer la session qui, entre-temps, a été présidée par le plus âgé et le plus jeune des membres du Bureau politique (BP), conformément à l'article 9 du règlement intérieur du comité central, en faisant en même temps application de l'article 56 du règlement intérieur du parti.
Il faut noter aussi, pour éclairer les lecteurs, que la session qui a vu le retrait de confiance n'a pas élu le bureau de la session. Nous en sommes restés là. Donc, j'ai pris la responsabilité de la coordination du BP en veillant au fonctionnement ordinaire des organes du parti, de la kasma jusqu'au BP. On a continué comme ça et nous en sommes à ce stade pour remplir les conditions de calme, de sérénité et d'apaisement. Et depuis cette date, nous avons assisté à des déclarations contradictoires, conflictuelles, qui nous incitaient à la sagesse avant de convoquer le comité central.
Il y a deux semaines, on a organisé, dans l'activité ordinaire de la direction nationale, une journée d'étude consacrée à la loi régissant la profession d'avocat que nous avons mise à profit pour dire que les choses semblent s'apaiser au sein du parti et qu'elles permettent d'envisager un comité central pour élire un secrétaire général.
Nous en sommes encore là et nous continuons à atténuer les divergences pour garantir à la réunion ce qui est nécessaire afin d'accomplir l'exécution de l'ordre du jour dans la sérénité et la responsabilité.
On comprend selon votre réponse que les conditions ne sont pas toutes réunies pour convoquer le comité central...
Pas toutes les conditions. Il y a des conditions qui ont été remplies, il y a un dialogue serein, tranquille et responsable. Nous sommes maintenant au stade des modalités. Il faut être d'accord sur les modalités. Est-ce que tous les candidats sont d'accord sur la procédure à adopter, s'il faut aller à un 2e tour, en se posant la question de l'obligation de l'urne, qu'elle soit tranchée' Parmi nous, il y en a qui préfèrent ne pas aller à l'urne. Aussi, pour définir les attributions de la commission de candidature. C'est l'occasion pour d'autres de suggérer ou peut-être imposer d'autres conditions qui ne sont pas écrites.
Il faut donc régler ces questions de procédures, elles ne sont pas énormes, mais qu'on ne peut pas les contourner. A mon avis, tous les candidats doivent contribuer à clarifier cette situation. Ensuite, il y a lieu de proposer une date.
Comme vous le savez, je ne suis que coordinateur du BP. Je ne suis ni secrétaire général, ni secrétaire général par intérim, ni secrétaire général adjoint. Sur les questions qui engagent la responsabilité du parti, c'est le BP dans son ensemble qui est compétent. Or, au sein du BP, il peut y avoir, et il y a, des différences d'approche. Je suis obligé d'en tenir compte et je m'organise pour que cela soit pris en considération.
J'ai d'excellentes relations avec tous les membres du bureau politique et je veille à accorder toute l'importance à chacun en essayant de recueillir le maximum de consensus.
Je suis à l'écoute d'autres tendances qui n'existent pas dans le BP. Même si je ne les reçois pas personnellement, je suis leurs déclarations dans la presse écrite ou autres médias et je suis leurs activités à travers les mouhafadas.
J'ai reçu l'aval et l'accord des secrétaires de mouhafadas pour observer une discipline stricte dans les initiatives et activités au sein des kasmas et des mouhafadas. J'en profite pour les remercier, les saluer et rendre hommage à leur esprit de discipline. C'est l'occasion pour dire que ceci est l'une des forces du parti. Tous ensemble, nous sommes attentifs à la vie politique locale, nationale et internationale. Nous avons parlé d'une même voix à l'occasion du transfert du président de la République à l'étranger pour raison de maladie, nous l'avons fait aussi pour répondre avec fermeté aux déclarations belliqueuses et passéistes d'un parti «Istiqlal» du Maroc à propos de l'intégrité de notre territoire national. Nous l'avons fait également, et avec l'aval de toutes les structures, d'une manière cinglante et décisive, pour répondre à ceux qui demandent de mettre le FLN au musée. Nous faisons preuve de la même vigilance et de la même présence concernant les dates significatives de notre histoire nationale comme, par exemple, le 8 Mai 1945. Donc, même si on n'est pas arrivés à réunir le CC pour élire un SG, notre vie interne est loin d'être fébrile ou aphone.
Je dois ajouter que même l'aspect administratif et financier est assuré dans le calme et la sérénité.
Ne pensez-vous pas que ce qui se dit à propos de l'intention de Belkhadem de se porter candidat pour succéder à lui-même est de nature à faire durer la vacance du poste de secrétaire général du parti'
J'allais dire que c'est une question délicate, elle est simplement sensible. M.Belkhadem, après le vote du 31 janvier, a continué à bénéficier de la qualité de membre du CC. Rien ne lui interdit statutairement d'être candidat. Mais ceux qui ont voté contre la confirmation de la confiance, invoquent une question d'éthique en disant que si le CC lui a retiré la confiance, il ne peut pas décemment se contredire, sinon ça serait un jeu de gamins. Cet argument n'est pas négligeable, mais il est nécessairement atténué par le fait que M.Belkhadem n'a pas été sanctionné par une résolution du CC lui faisant supporter des fautes dans la gestion du parti, en rappelant que c'est lui-même qui a voulu trancher le noeud gordien de cette situation par le recours à l'urne. Dans une telle situation, il reste à M.Belkhadem la décision de se présenter ou de ne pas se présenter en se posant la question que sa réélection, à la probabilité non maîtrisée, contribuera-t-elle à restaurer la cohésion et l'harmonie dans la vie du CC'
Selon les impressions rapportées par les uns et les autres, la candidature de M.Belkhadem au poste du SG reste, certes, dépendante de sa propre volonté, mais qu'elle est écartée selon toute probabilité par lui-même.
Vu les divergences et la situation de blocage qui prévalent au sein du CC, il y a certains membres de cette instance qui disent que M.Belayat poursuivra sa mission jusqu'à la prochaine présidentielle. Qu'en pensez-vous'
Jusqu'à la présidentielle, c'est un délai trop loin. En restant dans la même situation que je viens de décrire, c'est une position bien inconfortable, que voulez-vous qu'on fasse avec des attributions limitées et diminuées'
La direction du parti exige des attributions pleines et entières et de façon claire, nette et précise.
Si les événements imposent cette situation d'attente, on pourra y faire face avec le maximum de bonne volonté de la part de tous les membres du BP et de l'assentiment large des autres membres du CC. Je ne pense pas que l'opinion au sein du CC soit clairement remplie pour une telle éventualité. Mais en cas de nécessité, tout le monde sera obligé d'y faire face. Donc, ce n'est pas mon voeu profond, mais comme j'ai été tenu de faire face à la présente situation, jamais je ne me déroberai pour servir le parti, mais sans aucune prétention pour favoriser l'ambition personnelle.
Or, comme je l'ai précisé à plusieurs reprises, je n'ai pas décidé d'être candidat et cela est suffisant pour illustrer ma volonté de ne pas gêner le processus normal d'élection d'un SG et en même temps, mon souci est de protéger les intérêts du parti et d'oeuvrer à sa bonne gestion sans céder à aucune pression amicale, insidieuse, pernicieuse et, au demeurant, visible à l'oeil nu pour tout le monde.
Si le parti n'arrive pas à réunir son CC pour élire un SG, comment pourra-t-il convoquer cette instance pour désigner son candidat à la présidentielle si, toutefois, il décide de présenter un candidat à cette échéance'
Là, vous allez un peu vite en besogne. Ce que je peux vous assurer sur cette question, c'est que le CC exercera ses attributions dans le choix du candidat à l'élection présidentielle au moment venu. Nos statuts prévoient une candidature en notre sein ou une candidature de consensus sur une personne dont les convictions, l'itinéraire et les ambitions pour l'avenir de l'Algérie ne sont pas en contradiction avec l'histoire, le présent et la conception du parti FLN.
Nous n'avons pas de problème à ce sujet, nous sommes capables, le cas échéant, et le moment venu d'oublier le poste de SG et de prendre la décision qu'on attend de nous pour l'élection présidentielle. En disant cela, je suis sûr d'exprimer le sentiment profond de la majorité des membres du CC.
Quel sera, dans ce contexte, le rôle du FLN dans la révision de la Constitution'
C'est un rôle plein et entier conformément à la Constitution et ensuite à notre statut de parti majoritaire et, faut-il le rappeler, en fonction aussi du poids spécifique historique que nous avons, d'avoir participé à la conception et à la pratique constitutionnelle depuis 1962. Il ne faut pas oublier que l'auteur de l'initiative de la révision constitutionnelle, qui est le président de la République, est aussi le président du parti. Donc, nous sommes sûrs que la vision, la conception et l'organisation architecturale de la Constitution vont refléter ce que propose et ressent le parti en la matière, même sans le SG.
On a évoqué des rencontres avec Abdelkader Hadjar, ambassadeur de l'Algérie à Tunis. Qu'en est-il en réalité'
Hadjar m'a rendu visite de façon amicale et même fraternelle sans négliger qu'il est membre du CC. Je l'ai reçu à deux reprises et nous avons évoqué toutes les questions politiques nationales et internationales et celles relatives au parti. Alors qu'il était présent, j'ai reçu la visite des ministres qui sont membres du BP. La discussion n'a pas été interrompue, nous l'avons poursuivie sans qu'il ne soit question de prise de position, d'engagement ou de jugement de valeur. Il m'a rendu une deuxième visite sans ordre du jour institutionnel ou ordre du jour précis. Toujours dans le même esprit de convivialité, de fraternité et de militantisme.
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