Sitôt Khadafi liquidé, l'annonce déclarée de la fin des
hostilités par les nouveaux maîtres de la Libye qu'ils disent libre et la fin de mission de
l'OTAN décidée par le conseil de sécurité de l'ONU pour le 31 octobre 2011 que
les regards du monde entier se sont à nouveau braqués brusquement sur le
prochain domino arabe susceptible d'être la nouvelle victime de ce que de
nombreux observateurs l'ont désigné par le printemps arabe.
QUI ? ENTRE LA SYRIE ET LE YÉMEN
La concurrence
entre la Syrie
et le Yémen bat son plein et à un moindre degré le Bahreïn se déroule désormais
sous l'arbitrage médiatique cruel d'Aljazeera qui ne
veut rien lâcher de son morceau et de son rôle essentiel qu'elle a joué sous sa
baguette magique dans les affaires intérieures des régimes arabes qui sont
tombés en quelques mois sous ses incessants coups de boutoir télévisuels non
sans faire dans le deux poids deux entre les républiques et les monarchies
arabes. La Syrie
semble être le pays le plus probable à subir l'acharnement des médias et des
gouvernants particulièrement occidentaux généralement favorables de l'état
hébreux. Le régime syrien semble avoir la peau dure à tomber facilement en
voulant entraîner dans sa chute un bouleversement majeur dans sa région
immédiate. De nombreux pays peuvent subir d'importantes conséquences comme le
Liban, la Jordanie,
la Palestine
et Israël. Cette dernière semble privilégier le régime actuel avec qui elle
trouve une réconfortante stabilité depuis 1973 malgré qu'il n'existe aucun plan
de paix signé entre les deux pays quoique le plateau du Golan syrien soit
occupé depuis 1967 ensuite annexé en 1981. Il ne faut pas non plus oublier les
relations stratégiques qui lient la
Syrie avec l'Iran et le Hezbollah libanais qui risquent de
connaître des modifications fatales. La Syrie ne constitue pas un seul domino mais il
s'agit bien d'un dé à plusieurs faces où le hasard n'a guère sa place. Les
stratèges ce monde étudient à coup sûr tous les bons et les mauvais
carambolages collatéraux. C'est sûr que les calculs et les formules sont
très complexes à analyser et les conséquences seront graves d'où les
hésitations présentes.
UNE LIGUE ARABE
POLITIQUEMENT FAIBLE
Il y a une chose
qui prédit de mauvaises choses pour ce pays, c'est l'entrée dans l'arène de la
ligue arabe comme en mars dernier dans la situation libyenne. A chaque
intrusion de la ligue qui ne lui reste rien d'arabe, cela donnait du piment à la
communauté internationale pour valider ses thèses interventionnistes. Comme le
soulignait, en mars dernier dans le cas libyen, Jean-Yves Moisseron,
économiste français et spécialiste du monde arabe (1): « La Ligue arabe a un poids
politique très faible, les décisions qu'elle va prendre ont moins de portée que
celles du conseil de sécurité de l'ONU par exemple, mais elle a un rôle
symbolique très important pour légitimer l'action de la France, des Etats-Unis et
de l'Angleterre, pour que l'intervention n'apparaisse pas comme une opération
exclusivement occidentale. Le soutien de la Ligue arabe était nécessaire pour obtenir
l'absence de veto de la Chine
et de la Russie
».
Si les pays
arabes avaient renforcé par le passé le rôle politique de cette ligue créée en
1945, on n'en serait pas à cette situation lamentable et inefficace. Elle est
la copie conforme des régimes arabes illégitimes qui continuent à freiner ou à
bloquer les objectifs de cette association des états arabes. Elle est devenue
la plaisanterie du monde par ses décisions qui sont loin de faire l'unanimité
et même à trouver le consensus minimal pour la préserver des tourmentes
actuelles. Cette ligue s'est trouvée presque paralysée par les révolutions
tunisiennes et égyptiennes, piégée et sclérosée dans des schémas dépassés par
le temps et par les lieux. Elle est ligotée en permanence par ses doctrines
désuètes qui n'ont pas changé d'un iota depuis des décennies. Elle se trouve
aujourd'hui prisonnière plus que jamais de ses prises de positions anachroniques
et de plus contradictoires au rôle qui lui est assigné.
La preuve,
lorsqu'il y une crise dans un pays arabe, on en parle à demi-mots
au cours de ses réunions pour ne pas susciter les susceptibilités. S'agit-il
d'une ligue des chefs d'états et rois arabes qui veulent préserver coûte que coûte leurs sièges et leurs trônes ou bien celles des
peuples arabes qui se battent quotidiennement pour leurs droits les plus
élémentaires et de leur dignité perdue à jamais ?
LE PLAN DE LA LIGUE MORT DANS l'ŒUF ?
En mars dernier,
lorsque la crise libyenne était à son paroxysme, la ligue arabe avait presque
donné un chèque à blanc à l'OTAN pour faire un revirement spectaculaire le
lendemain par l'intermédiaire de son ex-secrétaire général Amr Moussa une fois
que le coup de semonces du conseil de sécurité, par l'intermédiaire de la
résolution 1973, soit parti et dévié de ses objectifs par l'OTAN avide de
nouvelles conquêtes dans un pays en friche et de surcroit
très riche en ces moments de crise financière ardue chez les pays envahisseurs.
Le même scénario risque de se produire avec l'émule syrienne. En effet,
quelques jours après avoir accepté le plan de sortie de crise du pays de Bachar Al-Assad que voilà la
ligue arabe montre déjà sa déficience face au non-respect et à l'inapplication
unilatérale par le pouvoir syrien de ce plan de paix. Une fois encore, la ligue
arabe est victime de ses prérogatives très limitées par sa charte. A chaque
fois que les leaders du monde arabe se rencontraient après différents et ennuyeux
contacts qu'ils passent leurs sommets à se lancer des piques les uns contre les
autres. Ils usent leur temps à se chamailler pour un rien que ça, ensuite se
réconcilier avec faste devant les caméras du monde entier et les
applaudissements de leurs parrains tandis les peuples ont d'autres chats à
fouetter pour s'intéresser à ces querelles intestines issues des sottes
d'humeur de leurs gouvernants qui du reste n'ont rien de légaux. Le site Youtube regorge de ses vidéos gags qui vous donnent
l'impression d'assister à des réunions informelles qui n'ont ni aucun poids et
ni aucune incidence sur la politique de chacun des pays membres. Ils sont
toujours divisés, ce qui a contribué énormément à la faiblesse de la ligue
arabe en plus de ses communiqués qui ne sont même pas pris au sérieux par les
peuples opprimés. Ibn Khaldoun, il y a 6 siècles, a
encore mille fois raison de nous avoir légué sa légendaire et fameuse prophétie
qui nous poursuit inlassablement comme un mauvais sort jusqu'à nos jours. Ce
signe indien continue de nous hanter tant que les pays eux-mêmes n'ont pas
changé radicalement et positivement de leur profond intérieur.
AU SECOURS L'OTAN
!
Justement,
l'accord conclu entre la ligue arabe et le régime syrien ne peut aller assez
loin dans sa forme, dans son fond et de sa conception
actuelles. C'est plutôt un contrat moral qui lie un état membre de la
ligue, ni plus ni moins. La ligue arabe dont la date de création est très
antérieure à celle de l'union européenne, de l'OTAN et
même de l'ONU actuelle ne dispose d'aucun moyen militaire ni de quelconques
modes de pression pour faire avaliser ses décisions par la partie adverse
membre de sa ligue. Elle sert uniquement pour le décor et un lieu de réunions
fades qui la plupart du temps gère les caractères des uns et des autres.
Si l'on poursuit
la logique des évènements, les choses entre la ligue arabe et les gouvernants
de la Syrie
vont se confiner aux rôles du chat et de la souris. Peut-être vont-ils aller
jusqu'à geler sa qualité de membre ou à reconnaître la légitimé du Conseil
National de Transition syrien ?
Les premières
intentions du régime syrien montre assez clairement que ce pays ridiculise
encore plus la ligue arabe face à son impuissance d'intervenir rigoureusement,
c'est juste pour chauffer la galerie et les esprits en tentant de gagner du
temps. Une fois que l'alibi de l'échec des pourparlers eut été fourni sur un
plateau d'or par la ligue arabe que l'on verra l'entrée en scène des puissants
de ce monde pour mettre fin à la partie. C'est une occasion rêvée que le régime
syrien offre grâce à ce nouveau prétexte tout indiqué à moins d'être plus
intelligent que les occidentaux en les déviant de leurs desseins.
Il faut dire que
le pouvoir détenu par Assad n'a guère facilité la
tâche en poursuivant sa fuite en avant et en persistant dans sa politique de
répression. Pourtant l'opposition syrienne fait tout pour éviter une
intervention étrangère à la libyenne sur son sol. De plus, elle était très
coopératrice en acceptant le plan concocté sous l'égide de la ligue. Nous avons
la crainte de constater que le pouvoir syrien, fort de sa position stratégique
au Moyen-Orient, fait tout pour casser toute initiative en misant sur un statuquo qui lui serait favorable comme il le pense.
Certes, c'est un
pouvoir qui diffère totalement de la
Libye de Kadhafi qui ne disposait pas suffisamment d'une
assise militaire qui a connu des défections importantes aux premiers jours des
agressivités pour contenir les rebelles comme l'est l'armée syrienne qui ne
s'est contrairement pas effritée gravement aux premières secousses comme
c'était le cas de son ex-homologue libyenne. Il est vrai que l'opposition
syrienne n'a sollicité jusqu'à présent aucune intervention militaire étrangère
mais jusqu'à quand si les pratiques sur le terrain n'évoluent pas dans le bon
sens ? La Russie
et la Chine
risquent aussi de virer de 180 degrés au sein du conseil de sécurité en plus du
Brésil et l'Inde si la situation se détériorait davantage. L'histoire nous a
démontrés que les pays choisiraient alors leurs options en fonction de leurs
stricts intérêts.
POUR UNE RÉFORME
DE LA LIGUE
Une fois encore,
les pays du monde arabe montrent leurs limites pour surpasser et contenir par
la concertation et le dialogue toutes contestations internes. Les régimes en
place sont manichéens à souhait jusqu'à leurs derniers retranchements, ils
veulent tout ou rien. Si tu n'es pas avec moi, tu es contre moi est leur devise
favorite. Ils préfèrent la mort que de céder un quelconque partage de leur
pouvoir de leur vivant. Trois régimes sont déjà passés à la trappe à cause de
similaires erreurs politiques que l'on continue à adopter en imitant l'analogue
système en dépit des mêmes causes qui produisent les mêmes effets.
Quant à la ligue
arabe, elle continue de manger son pain noir. Peut-être qu'elle se referait une
nouvelle santé après la poussée dans ses allées de l'air tout frais venu du
vent des changements intervenus déjà dans trois pays mais la liste est encore
très longue pour pouvoir espérer un quelconque espoir et inverser ainsi la
tendance.
Références
1-
http://www.marianne2.fr/Libye-Le-double-jeu-de-la-Ligue- arabe_a204187.html
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Posté Le : 10/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Mohammed Beghdad
Source : www.lequotidien-oran.com