Salah Louni, jeune écrivain, auteur et poète, est certainement l'un des nouveaux noms à retenir dans la poésie en tamazight, en rupture avec la poésie kabyle traditionnelle. Adlisfus, n tayri tamaâmmrit, ce manuel qu'il vient d'éditer aux éditions Imru est un hommage à l'écriture de l'illustre et regretté écrivain Mouloud Mammeri, l'un des rares hommes de lettres du siècle dernier à avoir jeté les bases de la grammaire berbère. "Dans cet ouvrage que j'ai conçu comme un manuel, ce sont beaucoup plus des poèmes didactiques et scientifiques qui y trouvent une large place. D'ailleurs, dès la parution de cet opus, des enseignants ont déjà commencé à recourir à certains textes qu'ils utilisent comme supports didactiques et d'apprentissage au profit de leurs élèves", nous dira d'emblée l'auteur. "C'est beaucoup plus de la poésie critique, car j'ai touché à plusieurs termes. Au sein de notre groupe libre et indépendant que nous avons appelé Amedyez (union des poètes libres), le premier en Afrique du Nord, nous avons une autre approche de la poésie amazighe. Pour nous, il est temps de sortir de la poésie traditionnelle, car nous sommes dans une autre optique et nous 'uvrons dans un mouvement qui verse dans le style et les thématiques", expliquera Salah Louni qui a inséré 21 poèmes choisis dans son répertoire aussi riche que varié, car traitant de nombreux thèmes sociétaux. "C'est un choix personnel parce que je sais que pour que cette nouvelle vision de la poésie ne décourage pas les lecteurs, il fallait sélectionner non pas les meilleurs poèmes, mais les plus faciles à comprendre", soulignera ce jeune poète. À propos de ce recueil, il estimera que c'est pour la première fois que les poèmes en tamazight sont ponctués, ce qu'il considère comme une petite révolution.On relèvera quelques titres qui retiennent l'attention tels que Gar tayri-m d tayri n tira (entre ton amour et l'amour de l'écriture), Gar lexyal-im d rruh-iw (entre ton ombre et mon âme), nnig n wul... Salah Louni cisèle des mots tirés surtout de Tamaâmmrit avec une conception moderne aussi bien dans la forme que dans la composition des vers et des strophes empreintes de sa nouvelle vision de ce genre littéraire. Salah Louni ne compte pas s'arrêter à ce niveau, parce qu'il est motivé pour aller plus loin en promettant aux lecteurs un recueil de nouvelles en tamazight, un style qu'il considère comme étant redouté de tous, mais aussi un roman et des adaptations d'autres œuvres universelles en tamazight, d'autant plus qu'il maîtrise aisément les langues française, anglaise et allemande. Il est déjà titulaire d'une licence en bibliothéconomie, d'une licence classique en langue et littérature allemandes et d'une autre licence en langue anglaise après avoir décroché le bac 4 fois en 2006, 2007, 2013 et 2016.
À l'âge de 11 ans déjà, le jeune Salah composait dans cette langue ancestrale. Et avant de se lancer dans ce recueil de poèmes, il s'est distingué pratiquement dans tous les festivals auxquels il a pris part et où il a été choisi comme lauréat émérite parmi tant de poètes pourtant plus expérimentés et plus âgés que lui. Pour preuve, il a déjà remporté au total 9 prix sur 10 participations, ce qui est déjà une remarquable performance. C'est dire que son avenir est d'ores et déjà prometteur. On citera la première place obtenue dans le concours de la nouvelle du 17e Festival national de la poésie amazighe à Béjaïa en hommage justement à Mouloud Mammeri, organisé par l'association culturelle Adrar n'Fad en mars dernier, ou encore le premier prix du grand concours de poésie pour les artistes étudiants organisé l'an dernier par l'université Mouloud-Mammeri en hommage à Kamel Amzal et Rachid Amara et bien d'autres distinctions.
O. Ghilès
"Adlisfus n tayri tamaâmmrit", paru en 2018, 108 pages,
éditions Imru, Prix 300 DA
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Posté Le : 23/04/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Ghilès O
Source : www.liberte-algerie.com