Algérie

Pour une nouvelle politique énergétique



Pour Noureddine Yassaa, Commissaire aux énergies renouvelables et à l'efficacité énergétique (CEREFE), il y a nécessité d'établir une politique énergétique incluant les ressources conventionnelles, les énergies renouvelables et l'efficacité énergétique et investir davantage dans la digitalisation du secteur.Dans un entretien accordé à l'APS, M. Yassaa défend l'adoption d'une «politique qui définit le modèle de production/consommation de l'énergie de notre pays sous toutes ses formes y compris les mesures d'économie et de maîtrise d'énergie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre». Il estime nécessaire de mettre en place un cadre législatif « stable » et « attractif » pour attirer les investisseurs dans les « programmes de déploiement des énergies renouvelables ». De plus, au vu de la consommation énergétique importante du secteur résidentiel, le responsable du CEREFE juge important l'actualisation de la réglementation thermique dans le bâtiment afin d'y intégrer, voire d'y renforcer les aspects du renouvelable et de l'efficacité énergétique. M. Yassaa appelle à investir dans la digitalisation de ce secteur pour bénéficier de plusieurs avantages dont l'adaptation de la consommation du citoyen à travers les systèmes digitaux pourvoyeurs d'informations. «Cela amènera le pays vers la modernité d'autant que la digitalisation est indissociable de la transition énergétique», souligne-t-il. Pour lui, l'Algérie doit relever les défis de la double transition énergétique et numérique, de la décentralisation électrique et de l'adaptation des réseaux électriques au déploiement à grande échelle du renouvelable.
Bâtir une industrie locale du renouvelable
Par ailleurs, M. Yassaa plaide également pour le développement des EPC des entreprises aptes à réaliser l'engineering de centrales, de leur construction jusqu'à l'injection de l'énergie sur le réseau. «L'Algérie manque d'EPC, celles-ci pourront permettre au pays d'exporter leur savoir-faire notamment vers l'Afrique où il y a un grand besoin dans ce secteur», fait-t-il observer. Selon lui, le CEREFE va « engager l'ensemble des acteurs et institutions, les parties prenantes, les experts, les chercheurs, les universitaires, les industriels et les installateurs, la société civile » dans la mise en place d'une stratégie nationale tenant compte de l'ensemble des programmes sectoriels pour le développement des énergies renouvelables et d'efficacité énergétique. «Le CEREFE a été mis en place pour mettre le renouvelable et la transition énergétique sur la bonne voie grâce à une vision stable et intersectorielle en traçant des objectifs annuels et pluriannuels», a-t-il expliqué. De plus, il s'agit pour M. Yassaa d'inclure l'ensemble des filières du renouvelable, à savoir l'énergie photovoltaïque, l'énergie thermique, l'énergie éolienne mais aussi la filière biomasse, notamment à travers la valorisation des déchets ainsi que l'hydroélectricité en exploitant le potentiel énergétique des barrages à travers le pays.
L'autre volet de cette stratégie est d'étendre l'utilisation du renouvelable au résidentiel en y associant les ménages pour qu'ils puissent à termes s'autosuffire en matière d'énergie, développe-t-il. «Cela passe par l'introduction du concept de pro-consommateur, à savoir le consommateur d'énergie devient dans en même temps producteur», a-t-il expliqué, indiquant que cela doit concerner non seulement les ménages mais aussi différentes structures de service.
Desertec
Concernant l'intérêt renouvelé de l'Algérie pour l'intégration du consortium international DII Desert Energy, M. Yassaa a estimé que l'Algérie peut tirer profit de la dynamique mondiale de déploiement des énergies renouvelables en termes de renforcement de capacité, de transfert de technologie, d'investissement et de réseautage «grâce au potentiel avéré de l'Algérie pour le déploiement du solaire». M. Yassaa a en outre évoqué le développement de l'hydrogène renouvelable en Algérie à travers diverses applications. «Il y a une ambition de transformer l'énergie produite à partir du solaire en carburants propres. Et l'hydrogène constitue le vecteur alternatif le plus indiqué», assure-t-il.
L'autre opportunité, explique-t-il, est de stocker l'excès de production de renouvelable en des molécules d'hydrogène pour faire face à l'aspect intermittent des énergies renouvelables. «Désormais, nous allons pouvoir produire de l'hydrogène à partir de source renouvelable.
Nous pourrons le transporter et même l'exporter en Europe à travers des gazoducs, c'est un avantage majeur pour l'Algérie», dit-il encore.
Et de rappeler que le DII Desertec a publié un manifeste sur la production d'hydrogène à partir de l'Afrique du Nord et son export vers l'Europe pour l'utiliser comme molécule de base pour produire les hydrocarbures synthétiques notamment.


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