Algérie

Pour une lutte libératrice par l'écriture littéraire


Nous sommes au XXIe siècle, après des siècles de lutte armée pour laquelle elles ont pris une part active, des femmes en sont encore au stade de la revendication de leurs droits les plus élémentaires.En Europe, comme dans tous les pays dits avancés, on lutte toujours pour la parité et l'égalité des salaires qu'on refuse de respecter. Aujourd'hui, on s'arme de courage et d'audace pour dénoncer par la parole et l'écriture. Savoir écrire dans un langage convaincant est un atout important pour les femmes d'aujourd'hui qui refusent de baisser les bras pour laisser les autres décider de leur sort à leur place. Femmes de lettres dans le monde musulman On a demandé un jour au célèbre poète Jarir «Qui est à votre avis le plus grand poète arabe '», «Moi», répondit-il, Moi mais après Al-Khasaâ». D'après les figures de l'Islam, écrit par Viviane Amira Yagi et Abderrahmane Moalla, Al-Khansaâ a vécu dans un climat de violence : elle eut deux frères tués, des fils qui avaient subi le même sort et pour lesquels elle composa des poèmes pour vanter leurs mérites. Zubayda, petite-fille du calife Al-Mansur et femme de Haroun El-Rachid, vécut à une époque où la poésie était une arme à plusieurs tranchants dans les cours des rois : c'était un genre littéraire qui pouvait sauver ou enfoncer dans le pire des malheurs. Zubayda composa pour son fils tué des vers qui furent l'écho de sa détresse et de ses souffrances. Et lorsqu'Al-Mansur fit tuer son demi-frère, fils de Zubayda, les proches ont poussé cette poétesse à se venger comme avait fait Aysha, cherchant à venger le calife othoman. On ne peut terminer sans citer Rabia, qui a vécu au 8e siècle (2e siècle de l'ère musulmane), une véritable odyssée qui a failli l'emporter, surtout après la mort des ses parents. Elle eut la vie sauve grâce à ses connaissances étendues en islam. Elle priait toute la nuit et à l'aube, si bien que la population la considérait comme une sainte. On connaît d'elle des sentences, dont celle qui montre bien la profondeur de sa foi : «Le fruit de la science spirituelle, c'est de détourner la face de la créature pour la tourner uniquement vers le créateur : car par le mot science, il faut entendre la connaissance de Dieu.» Les femmes écrivaines d'Afrique dans le combat politique La vie de Keïta Aoua parle d'elle-même dans une autobiographie qui n'eut pas l'écho attendu en son temps. Cette femme a dû acquérir de haute lutte les moyens qui lui ont permis d'arriver au stade de la revendication par l'écriture. Son statut de femme privilégiée l'ont conduite à parler de la condition des femmes au Mali, surtout en milieu traditionnel où elle est une esclave exploitée à outrance et génitrice à plein temps dans un milieu familial où la polygamie est dominante. Dans ses ?uvres politiques, Aoua Keïta s'est heurtée de la part des hommes décidés à maintenir la femme dans son état d'être inférieur, exploitable et corvéable, et qui n'est pas la même que celle qui lui a été imposée par les colonialistes. Dans son pays, elle a subi les pires sanctions (avertissements, mutations arbitraires, retard de promotions) pour la défense des droits de la femme. Awa Thiam compose en 1978 un essai, la Parole aux négresses, dans lequel elle s'efforce de faire tomber un tabou grave qui a fait de la femme un objet de plaisir et d'usage domestique. Elle dénonce la polygamie et l'excision ou mutilation de la femme. Représentations de l'Haïtienne, discours masculin et discours féminin de Ginette Adamson donnent à voir des femmes différentes selon qu'elles soient paysannes ou citadines. Mais dans tous les cas de figure, mis à part celles qui ont épousé de riches propriétaires ou qui sont devenues bourgeoises par un concours de circonstance, la majorité d'entre elles est livrée à une lutte quotidienne pour la survie. Jacques Roumain a été le premier écrivain homme à avoir en Haïti conféré une place de femme engagée à la paysanne. Dans son ?uvre de défense des droits des femmes, il a été relayé par une femme de lettres : Michèle Casanove chez qui la femme occupe le premier plan et la trame de l'histoire se déplie à partir d'elle, de son histoire à elle. Il a fallu attendre pour voir arriver des écrivains femmes de haut niveau qui honorent la femme africaine, même si celle-ci subit des pressions d'un autre âge au nom des tabous ancestraux encore en vigueur dans quelques aires de non-droit où l'oppression de la femme s'exerce encore en toute impunité. Les titres en disent long sur la condition de la femme : Vies de femmes de Delphine Zanga, l'Appel des arènes, Une vie hypothéquée d'Anne Marie Adiaffi, Une si longue lettre, Awa la petite marchande, de Nafissatou Niang Diallo. Femmes de lettres maghrébines Fettouma Touati et Nina Bouraoui se sont engagées corps et âme pour assurer la défense des femmes dans leur quotidien, leur condition : malheureuses, leur statut de travailleuses par rapport aux hommes dans tous les milieux professionnels. Le Printemps désespéré de Fettouma Touati traite de la femme au fil des générations et selon différentes opinions. Fatiha, l'héroïne, surmonte des obstacles à chaque fois qu'elle arrive à une étape décisive. Cet extrait porte sur son étape de vie de lycéenne : «Un an après, Fatiha s'inscrit au lycée. Comme celui-ci était loin, l'internat s'imposait. Elle s'attendait à un refus de sa grand-mère. La coutume voulait que les filles restassent à la maison à la puberté. L'histoire d'une petite fille d'institueur qui, à l'âge de la scolarité, s'est vue interdire l'accès à la classe des petits de son âge. Elle rêvait d'y être parce qu'elle se savait capable de réussir. Elle y rentrait en cachette pendant des jours mais dès que son père l'apprenait, il venait la chasser. Elle pleurait mais, lui, il restait de glace en vertu du statut de la femme traditionnelle condamnée à être ignorante, soumise, inférieure, destinée aux tâches ingrates. Cela s'est passé pendant la période coloniale. Mais, depuis, que de progrès pour la femme ! Elle est aujourd'hui étudiante, médecin, ingénieur et on lui souhaite beaucoup plus pour l'avenir.
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