Algérie

Pour une loi de performance politique



Le remodelage du paysage politique n'ira qu'avec un certain assainissement de sa carte. Il faudrait donc imposer une loi de performance politique. Deux importantes échéances se pointent à l'horizon. Les élections locales et la révision constitutionnelle. Après quoi, le pays se verrait par principe changer quelque peu de connotation dans son régime de fonctionnement. Cependant, le travail demeurait insignifiant si la loi sur les partis et celle inhérente au code électoral ne seraient pas revues, corrigées et amendées. La gaieté électorale des candidats, des colleurs d'affiches et des militants recrutés le temps d'une campagne s'est dissipée comme se dissipe au loin un nuage porteur de bienfaits .L'actualité étant ce qu'elle est, demeure inévitablement alimentée par les caprices des autres. La course vers les cieux cléments des hémicycles des communales commence déjà à produire un bouillonnement qui aurait à surpasser la mesure pudique des déclarations quant aux dépôts des candidatures qui commencent à naître dès maintenant. Les connus et les moins connus, les vétérans et les novices, tous vont s'acharner sur les imprimés à servir en vue, chance et audace en bout, de se faire octroyer, à la faveur des circonstances, une bonne place à l'abri du besoin et à l'ombre d'une carrière qui s'annonce argentée, sinon bellement dorée. Les partis, à cette occasion vont s'offrir la mine d'appareils servant à hisser les uns et à réduire à la décadence les autres. Leur aura est carrément comprimée par l'effet dévastateur du 17 mai passé. Grâce à l'alliance, certains ont pu sauver les meubles. L'abstention guette encore ces joutes.  Ils se sont à cet effet investis dans un fonctionnement tellement productif de notables et d'hommes à la carrure publique , qu'ils ont oublié d'avoir en ligne de mire les fins désirs de ceux qui , nombreux , les ont en silence acclamés , puis portés aux hauteurs de la gloire politique. Après cette date, pour eux fatidique, les partillons se terrent et n'opposent nulle résistance, tant que cette situation leur demeure confortable. Que faire alors ? Tout parti agréé devra participer, à peine d'auto-dissolution, à toute élection. Le boycott n'étant pas une position politique devra s'estomper au profit d'une campagne de pour ou de contre. Ainsi chaque formation qui ne serait pas justement et suffisamment représentée n'aurait à connaître que la baisse de rideau. A notre bonheur, c'est ce que semblent soutenir une bonne partie de partis. Ce sera ainsi une autre forme de contrôle démocratique. Un jeu d'être ou ne pas être.  Car pour d'autres, le parti se dresse, tel que se dresse un procès-verbal de réunion de quinze personnes, en vue de se consacrer, au moyen d'un programme qui ne se distingue des autres que par la connotation politique, à la projection d'une société indemne de tout fléau. Tous prônent les droits de l'homme, la concorde, la famille, la religion islamique etc... Ainsi, le militantisme redevient une profession dont les atouts sont au bout d'une bonne parlote, d'un cran exemplaire et d'un savoir-injurier ou jeter sur les autres l'opprobre et l'invective. La dernière campagne pour les législatives fut un menu fort expressif en la matière et peu stimulé en termes de mobilisation.  Nul, en dehors de certains calculateurs aux comptes restreints, n'a de pensées pour la nature de l'avenir qui attend, impatient, de manière sûre l'acte d'éroder davantage le peu de capital de confiance et de crédibilité dont se prévalent allègrement les différentes institutions du pays. Le mal se trouve justement en cette imprécision future dont personne, y compris les états-majors des partis, ne semble mesurer l'attrait macabre.  Les assassinats perpétrés à l'encontre des symboles de l'Etat, où de simples citoyens subissant les affres de la douleur et de la terreur, jouxtaient les bureaux de vote où les dépassements et la violence tendaient à discréditer une administration qui n'a de tares que celles de recevoir sans mot dire les avatars linguistiques et les écarts de critique de tout bord. L'ère du FIS est terminée. Cette administration, on n'ose le dire , subit quand bien même la foudre des mauvais perdants et des moins gagnants et à la limite de la correction , la colère de chefs forcés à se voir réussir dans une énième étape et épreuve de compétence et de bonne organisation . La politique ne devait pas être l'apanage d'une administration mais bel et bien un domaine propre aux partis et personnalités politiques.  Si la terreur et l'insouciance minent les coeurs, ce ne sera pas le fait d'un hasard ou le fruit d'une simple fatalité. La terreur n'est pas forcément l'image chaotique d'un bain de sang ou de scènes d'égorgements. L'insouciance aussi, n'est pas seulement l'acte volontaire de ne pas aller jeter son bulletin de vote. Elle peut paraître verbale ou expresse. Elle est dans le menu de tous les jours. Ne pas voir couler l'eau à son robinet pendant des mois, ne pas rechigner à s'acquitter de ses redevances est aussi une autre forme de terreur financière et citadine. La crainte de voir échouer, encore une fois, le programme scolaire ou les réformes sempiternelles accentuent l'appréhension légitime d'une population qui n'aspire qu'au bien-être tant déclamé et glorifié par les rossignols de la tchatche politicienne. La grève des enseignants,des robes noires,des praticiens de la santé constitue en soi, droit de grève étant légitime ; une autre procédure de chantage auquel il faudrait légitimement y répondre. La réforme de l'Etat, dans son système mécanique de fonctionnement, tarde à venir se joindre à une autre tentative de réformer la justice. L'une comme l'autre n'aurait pas besoin d'une quelconque majorité parlementaire ou d'un gouvernement pluripartisan pour pouvoir se déterminer à sortir des commissions pour devenir des réalités exécutoires, des faits authentiques à effets immédiats et réels .  L'Algérien cherche la paix par rapport à ce qui s'est tramé ailleurs contre son intégrité physique, quand ce n'est pas sa philosophie qui en fait les frais. La religion, patrimoine commun et universel, ne peut s'ériger en cause de disqualifier l'autre de la clémence divine ou de l'absolution de péchés commis. Il n'est pas des prérogatives des « émirs » de trancher des cas avant de trancher les nuques. La vie, droit inné, se respecte quelle que soit l'obédience aux courants, aux rites ou aux écoles exégètes. Elle appartient à celui qui, du pardon, a fait les mondes. La concorde sans le pardon n'est qu'un pacte précaire et temporaire. Par contre si du pardon l'on pouvait faire naître la réconciliation, la nation n'aurait-elle pas de salut qu'à travers les vertus d'une amnistie générale ? Et voilà, qu'une autre réconciliation s'impose : celle d'entre les dirigeants. Intra-muros. Dans le sérail même. Accorder l'agrément à Taleb el ibrahimi, Ghozali et autres éloignés du pouvoir, serait aussi faire de la réconciliation nationale. Le bénéfice de celle-ci, comme de l'aumône, ne se valide qu'une fois offert d'abord aux siens.  L'Algérien a cherché dans le trou des urnes, non à grossir un nom initialement mince, mais à avoir un lien de discussion et un réceptacle d'audience. Où pourrait-il le faire si le gouverneur et l'élu et à forte raison le parti lui bloquent l'expression et la moindre manifestation d'une grogne ou d'un calvaire ? Que lui restera-t-il si les canaux les plus expressifs dans une démocratie s'avèrent lointains et inaccessibles à l'effet des héler, gueuler et ne pas se taire ? La parole, sans la possibilité de clarté dans la transmission, ne serait qu'une mimique orale ou écrite sans objet et de nulle incidence.  Là aussi le champ d'expression devrait faire l'objet d'un toilettage.  La rue, paraît-il, reste un moyen adéquat pour faire valoir les droits liés à la vie commune. A la violence qui s'y exprime par la destruction et le saccage des biens, l'on oppose une enveloppe bien garnie d'allocations budgétaires pour refaire face à toutes sortes d'expressions négligentes. Le dialogue ferait taire la terreur. L'alliance scellerait l'union dans la diversité des projets. Loin de tout unanisme. Mais au moins, la vie se rendrait belle en des instants autres que ceux de la grande discorde nationale.  Qui aurait, nouvel élu ou ministre nouvellement désigné ou maintenu, la vilenie de ne pas saisir des opportunités qu'offrait chaque étape du processus de l'édification de l'Etat de droit ? Les partis devront revoir, pour la félicité du pays, la décision qui leur incombe et ne plus se cramponner dans une situation certes confortable mais de mal-opposition. Le confort reste interpellé et ne peut durer tant que dureront les problèmes que l'on invoquait, tous partis confondus, lors des meetings et des fêtes électorales. Que fera-t-on des promesses lancées et des engagements pris par-devant ces électeurs éblouis le moment du discours et incertains au moment de l'intimité de l'isoloir ? Où sont donc ces sigles de parti d'avant avril 2004 ?  Le SOS qui s'élance depuis longtemps des profondeurs d'un pays, proie à une crise multidimensionnelle et qui se déverse aux cavités parfois bouchées de tous les tympans, risque de briser les parois pour se répandre librement et anarchiquement à tout vent .  L'insouciance journalière dans laquelle se vautrait chaque personne à la mémoire de la gloire des années révolues, tient autrement chaque personne par le goût nostalgique où la liberté fut aussi autrement appréciée que par des actes de vandalisme ou des propos fort injurieux, où la responsabilité devait être une charge pénible et non un siège honorifique.  Nous n'aurions plus à penser, enfouis dans le passé, à la lumière d'un radieux avenir qui, forcément, devrait se pointer d'un jour à l'autre afin d'illuminer, par les torches de la compétence et de la négation de soi, les multiples espaces caverneux. Chasser la cacophonie et l'embarras qui nous minent demeure une autre grande oeuvre à accomplir dans le geste de se vaincre d'abord pour convaincre ensuite autrui.  Il est charismatique l'homme. Quand il parle il fait hausser jusqu'au paroxysme les cellules de la peur. Bouteflika n'inspire de la confiance qu'au sein de la masse. Les gouverneurs parmi ses ministres, ses généraux, ses walis et tous ses subalternes sembleraient tous développer une phobie interface de ses discours. La volonté qui tend aujourd'hui vers l'assainissement de la carte politique est une aubaine à saisir pour la léthargie qui frappe de plein fouet les partis, et partant toute l'organisation politique du pays. Depuis avril beaucoup se sont subitement tus. Ils ne connaissent l'éveil qu'à l'orée d'éventuelle offrande de sièges.




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