Algérie - Revue de Presse

Pour une école mutuellement assistée


Il était devenu presque courant, il y a encore peu, de qualifier l'école algérienne comme sinistrée. Mais le constat ne pouvait pas se suffire à lui-même s'il n'était pas accompagné de la nécessaire alternative. La réforme engagée entend ainsi agir sur un système éducatif menacé de paralysie au moment où les effectifs scolarisés sont en croissance exponentielle. En amont et en aval de l'école, d'autres acteurs ont été amenés à intervenir dans un champ éducatif qui exige des solutions en temps réel aux problèmes de la santé, de l'alimentation et du soutien matériel en direction des élèves les plus démunis. Les besoins, colossaux au regard du volume de la population scolaire actuelle, transcendent la seule dimension caritative. Les associations de parents d'élèves constituent à cet égard la première médiation entre les familles et les établissements scolaires. Ces dernières agissent dans les limites de budgets alimentés par des dons plus que par des cotisations obligatoires. Ce n'est jamais suffisant pour couvrir les priorités imposées durant les différentes phases de l'année scolaire.En parallèle, des associations de parents d'élèves, les Mutuelles d'assistance scolaire (MAS) assurent des prestations plus affinées sans se substituer pour autant aux instances de sécurité sociale ou de santé publique. Les MAS d'aujourd'hui, peu ou mal connues par l'opinion, sont les héritières des mutuelles des accidents scolaires dont l'existence en Algérie remonte pour certaines d'entre elles à 1901. C'est par exemple le cas de la MAS du centre du pays qui regroupe 17 wilayas, y compris celles du Sud à l'image de celles d'Illizi et de Ghardaïa. Des instances similaires activent à l'est et à l'ouest du pays. Selon le président de la MAS du centre, les membres de cette instance sont des bénévoles. S'exprimant lors de l'assemblée générale de la mutuelle, tenue le 4 décembre 2008 dans l'amphithéâtre du lycée Mostefa Lacheraf de Bab Ezzouar, M. Mouhoub a souligné que son association avait garanti des aides sous forme de lunettes, de cartables et de tabliers à des dizaines de milliers d'élèves nécessiteux relevant de sa zone territoriale. Les MAS sont budgétisées sur la base de cotisations qui sont de l'ordre de 3 DA pour les élèves du primaire et 4 DA pour ceux du secondaire. Rapporté à la population scolaire dans son ensemble, ce sont des flux énormes qui se traduisent en dizaines de milliards de centimes. La préoccupation, légitime, des parents d'élèves est que cet argent soit utilisé par toutes les MAS du pays dans des conditions fiables et transparentes. A cet égard, les médias se sont fait l'écho de l'inquiétude suscitée par le fait que dans certains cas, ces sommes ont été immobilisées pour générer des intérêts, alors qu'il y avait des urgences à prendre en charge. Fournir les bibliothèques scolaires, aider aux soins de santé des élèves, faire l'appoint au bénéfice des associations de parents d'élèves sont ainsi autant d'impératifs qui peuvent être couverts.D'autant plus que les MAS ne manquent pas de fonds et qu'à l'instar de celle du centre du pays, ils ne peuvent pas l'utiliser, car leur compte CCP, bien que contenant plusieurs milliards de centimes, ne peut pas être utilisé suite à un contentieux administratif que l'avocate de la mutuelle tente de régler à l'amiable. En tout état de cause, l'expérience des MAS, comme celle des associations de parents d'élèves renvoie au devoir d'encadrer l'environnement de l'école par une communication qui donne la parole à tous les acteurs de ce champ stratégique. Les décideurs institutionnels du secteur autant que les intervenants du cadre associatif ou mutualiste ont besoin de travailler en interaction pour offrir aux élèves des chances égales de réussir leur parcours scolaire. C'est aussi le devenir de la société algérienne qui est conditionné par l'enjeu d'une école performante qui ne sera pas la cible de calculs épiciers ou politiciens. Cela ne peut pas se faire s'il n'y a pas une mutuelle assistance et une gestion loyale et apaisée de ce bien commun qu'est l'école.
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