Les récentes déclarations sur la situation socioéconomique de l'Algérie sont contradictoires, dont la dernière en date de septembre 2023 est celle de la présidente de la CGEA dans une lettre ouverte adressée au président de la République, largement commentée par les médias nationaux et internationaux qui parle de marasme économique et d'une situation préoccupante pour bon nombre d'opérateurs nationaux. Ayant assisté à plusieurs tripartites, depuis 1995, réunissant gouvernement, patronat et syndicats, je juge la proposition de la présidente de la CGEA à prendre avec précaution car aucune de ces Tripartites n'a apporté de solutions concrètes : pour preuve avec les dérivées inclus dans la rubrique hors hydrocarbures pour près de 70% de la valeur, l'Algérie en ce mois de septembre 2023 est toujours dépendante pour ses ressources en devises à 98% des hydrocarbures, le cancer bureaucratique local et central toujours présent, devant s'attaquer non aux apparences mais à l'éco-système, ( voir nos différentes contributions www.google 2010/août 2023). Mais parler le mot marasme, à mon avis, est inapproprié, l'Algérie connaissant comme bon nombre d'autres pays des difficultés avec des insuffisances qu'il s'agit de corriger, la machine économique ayant de la peine à démarrer et c'est l'avis de de la majorité des experts sérieux, et non les experts organiques rentiers et nous sommes déjà en septembre 2023. Comme je l'ai souvent mis en relief, le pouvoir n'a pas besoin d'éloges contredisant la réalité du terrain, en contrepartie d'une rente, mais d'un langage de vérité surtout après le rejet de l'adhésion aux Brics devant sans passion de cerner les causes.Les intérêts supérieurs du pays exigent un langage de vérité, rien que la vérité, ni autosatisfaction loin des réalités accentuant le divorce Etat-citoyens, ni dénigrement gratuit comme si rien n'a été réalisé depuis l'indépendance politique, afin de définir clairement la stratégie 2024/2030, je propose une commission indépendante composée pas plus de 20 experts indépendants, devant respecter l'équilibre régional, car les compétences existent dans tout le pays, avec comme observateurs et non membres les différents départements ministériels qui doivent donner l'information exacte de leurs secteurs, car un ministre ne peut être juge et partie.
Il s'agit de tirer les leçons pour l'avenir et analyser la situation économique avec lucidité et objectivité comme la non adhésion de l'Algérie aux BRICS ,mais qui pourrait être salutaire pour accélérer les réformes condition sine qua non d'un doublement du PIB à 400 milliards de dollars dans trois à quatre années, il faut être réaliste et l'Algérie en a les potentialités .Pour cela, du point de vue stratégie, l'Algérie doit avoir une vision pour s'adapter aux nouvelles mutations économiques et géostratégiques.
Pour l'Algérie, il faut un taux de croissance de 8/9% en termes réels pour absorber le flux additionnel annuel entre 350 000/400 000 par an qui s'ajoute au taux de chômage actuel estimé par le FMI autour de 15%, mais incluant les sureffectifs des administrations, des entreprises publiques et l'emploi dans la sphère informelle. Le taux d'emploi, et c'est une loi universelle,, étant un suicide de créer des emplois improductifs, est fonction du taux de croissance et de la structure des taux de productivité, et le combat contre l'inflation passe par l'accroissement de la production et de la productivité et non par des mesures administratives. Concernant les exportations hors hydrocarbures, selon les données officielles de la douane pour 2022, une analyse plus fine montre clairement que les produits dérivés d'hydrocarbures dus à l'effet prix en 2022 et non pas à l'effet volume ( augmentation de 2% en 2022) représentent 65,02% du total. Si l'on inclut le ciment , le rond à béton dominant dans les matériaux de construction, les exportations étant des semi-produits à faible valeur ajoutée nous aurons un taux de 80,60% restant aux autres produits exportés à fortes valeur ajoutée environ 19,40%. Pour bien situer les impacts réels des exportations hors hydrocarbures dans le temps et non se fier aux facteurs conjoncturels, il faudrait pour un bilan serein en dressant la balance devises nette.
Contrairement à certains discours de sinistrose, l'Algérie connaît la stabilité grâce aux efforts de l'ANP et des services de sécurité, mais existe un lien dialectique entre sécurité et développement : un non développement accroît l'insécurité. Aussi, le défi principal de l'Algérie est la relance économique avec la nécessaire cohésion sociale.
Etant à l'aube d'une profonde reconfiguration des relations internationales surtout en Afrique, continent à enjeux multiples avec les rivalités des grandes puissances, il s'agit d'accélérer la transition d'une économie de rente à une économie de production de biens et services basée sur la bonne gouvernance et la connaissance.
L'Algérie, en s'adaptant au mieux de ses intérêts au nouveau monde, s'orientant vers la multipolarité, pays à fortes potentialités, possédant des richesses naturelles importantes qu'il s 'agit de valoriser, la ressource humaine avec une jeunesse dynamique, des indicateurs financiers positifs, près de 84 milliards de dollars de réserves de change fin août 2023, un endettement extérieur très faible 2,9 milliards de dollars fin 2022, peut devenir un pays pivot au sein des espaces méditerranéens et africains, Mais attention à l'illusion monétaire car un excédent de la balance commerciale permettant l'accroissement des réserves des réserves de change importants ne sont ne sont pas nécessairement synonyme de développement devant transformer cette richesse virtuelle en richesses réelles , les USA ont seulement 37 milliards de dollars de réserves de change fin 2022 et ils sont la première puissance économique du monde.
La restriction aveugle sans objectifs précis des importations du fait que le d'intégration des entreprises publiques et privées en 2022 ne dépasse pas els 15% étouffe l'appareil productif et accentue l'inflation du fait de la faiblesse de la production locale. C'est comme un ménage qui restreint sa consommation avec de nombreuses maladies, les maladies apparentes du corps social étant l'inflation, le chômage et l'extension de la sphère informelle produit du dysfonctionnement des appareils de l'Etat avec comme effet la corruption.
En bref, concernant ma proposition d'une commissionné indépendante d'évaluation de la situation socio-économique 2023, l'Algérie a besoin d'un débat serein, au profit d'une Nation qui a besoin de réunir tous ses enfants, personne n'ayant le monopole du patriotisme à ne pas confondre avec le nationalisme chauviniste. La maîtrise du temps étant le principal défi, tout pays qui n'avance pas recule forcément, n'existant pas de situation statique, sa puissance se mesure à son poids économique, dans la pratique des relations internationales n'existent pas de sentiments mais que des intérêts l'Algérie de demain, plus de 50 millions d'habitants horizon 2030, jalouse de son indépendance politique, sera que les algériens voudront qu'elle soit.
Professeur des universités, expert
international Abderrahmane Mebtoul
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 13/09/2023
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : La Nouvelle République
Source : www.lnr-dz.com