Algérie

Pour un mouvement de libération de l'acte culturel



Libérer l'acte culturel et valoriser le rôle et la place de l'artiste dans la société est la substance de la pétition lancée par les animateurs du célèbre festival culturel Raconte-Arts, l'été de chaque année, à travers les villages de Kabylie.S'appuyant sur l'expérience de «Raconte-Arts» lancée en 2004, mettant en exergue le caractère «créatif, alternatif et itinérant» de ce festival qui «sillonne les villages de Kabylie qui l'accueillent avec ses participants de toutes les wilayas du pays», le texte est un plaidoyer pour une nouvelle dynamique, d'autres modalités d'exercice de l'activité culturelle libérée des entraves bureaucratiques et institutionnelles.
Un interventionnisme qui agit comme un corset qui bride les initiatives des acteurs de la sphère culturelle, jaloux de leur indépendance, et des artistes dont il assèche le génie et la créativité. Des conditions qui, souvent, réduisent l'acte culturel à un strict cérémonial de célébration, rappelant le modèle jdanovien de triste mémoire. «Pendant toutes ces années, les espaces dédiés à la culture étaient majoritairement aux mains de fonctionnaires serviles, méfiants, souvent méprisants, qui monopolisaient avec des budgets faramineux des programmes culturels indigents et qui imposaient des freins bureaucratiques à toute velléité de leur échapper», écrivent les animateurs de Raconte-Arts qui invitent à «remettre la culture au sein du peuple». Autrement dit, jeter la culture dans la rue pour que le peuple s'en saisisse. «Avec cet état des lieux de la situation, il nous a paru vital d'adopter une autre démarche qui rassemble et non qui exclut, de trouver d'autres possibilités pour mettre la culture au sein du peuple.
En 2004, il s'agissait déjà de reconquérir un espace public. C'est avec les villages et leurs comités très organisés que nous avons pu concrétiser cette alternative structurante. Au fil des ans s'est ainsi développé un moment d'espoir intense, un lieu de libéralisation de l'acte de création qui fait sens, une opportunité d'échanges salutaires», écrivent les auteurs de la pétition qui reviennent sur leur aventure et un projet porté durant une quinzaine d'années. «Une expérience de 15 années passées envers et contre beaucoup, de façon indépendante. Nous avons pu dans une sorte de laboratoire expérimental, au sein de chaque village, donner voix à toute une jeunesse qui a pu prouver son talent, faire éclater son potentiel créatif, son inventivité, sa réflexion autour de l'acte culturel et la place de l'artiste dans la société», avancent-ils. Et de s'enorgueillir : «Depuis les 3 dernières éditions du festival, nous assistions à une fréquentation submergeante venant de toutes les wilayas du pays ; les citoyens qui n'ont jamais abdiqué ont plébiscité notre manifestation et nous faisaient sentir de façon pressante cet immense besoin de multiplier ces lieux de vie conviviale et riche. Il devenait évident que notre semaine de juillet n'y suffirait plus.»
Pour Hassen Metref, Denis Martinez et tous les autres, la révolution populaire amorcée le 22 février 2019 arrive comme «une lame de fond qui transforme le pays et ébranle le système comme un tsunami vient ouvrir tout le champ des idées (?) Aujourd'hui, le peuple algérien a entamé sa grande marche pour son émancipation citoyenne pleine et entière. C'est tout naturellement que Raconte-Arts chemine avec lui et s'implique dans la mobilisation jusqu'à l'aboutissement final».
S. A. M.


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