Algérie

Pour un championnat d'Algérie de "m'hedjeb"



Pour un championnat d'Algérie de
Ce n'est pas un canular. La wilaya d'Alger s'apprête à organiser un championnat d'Algérie de pizza. Même en ayant l'esprit très ouvert, même en n'ayant rien contre la pizza, nous avons notre propre terroir à défendre et à promouvoir!...«Où se trouve ton oreille'». Vous connaissez toutes et tous cette expression populaire qu'on fait suivre du geste de la main droite qui montre l'oreille gauche. Commençons par l'info. La wilaya d'Alger a une structure qui s'appelle «Opla» (Office des parcs des sports et des loisirs d'Alger). Ses responsables ont eu une idée lumineuse. Celle d'organiser, en collaboration avec un restaurant, une «première du genre en Algérie». C'est quoi cette première' Un championnat d'Algérie (pas d'Alger) de pizza. Le premier évidemment. Et avec beaucoup de levure, S'il vous plaît, car l'Opla veut, par la même occasion, en profiter pour se donner une dimension nationale. Il paraît qu'il y aura 500 concurrents qui viendront de toutes les wilayas de notre pays. Divisés par 48 wilayas cela fait un peu plus de 10 concurrents par wilaya. Il paraît que les trois premiers lauréats recevront de «valeureux présents» sans autre précision. Voilà l'information qui a attiré notre attention, la semaine dernière, et que nous n'avons pas encore «digérée». Sauf erreur, la pizza est une spécialité italienne. C'est une pâte sur laquelle on étale un coulis de tomate d'abord et qu'on parsème, ensuite, de toutes sortes d'ingrédients. C'est facile. Çà bourre le ventre. On peut même sauter un repas avec une seule pizza. Dans les maisons, la mode se propage. Les enfants aiment çà. Les mamans aussi pour sortir de la cuisine. Il y a peu de temps, c'était la «quarantita» (une spécialité espagnole) qui faisait office de trompe la faim. Faite à base de poudre de pois chiches, elle se mangeait même en casse-croûte. Dans du pain. Au fil du temps, la «quarantita» a reculé, poussée par la pizza qui a pris le dessus. Actuellement la pizza se «bat» avec le «hamburger». Ou plutôt les «hamburgers» car il existe plusieurs sortes. Il y a les «doubles». Les géants. Ils nous viennent d'Amérique ceux-là. Là-bas, chez eux, ils organisent des championnats de «hamburgers». C'est à celui qui mange le plus de ce «sandwich» vertical. Le «hamburger» est très répandu chez nous. Il n'a pas eu encore de championnat. Pourquoi pas' Nous n'avons rien contre un championnat de «hamburgers» américains. Nous n'avons rien contre un championnat de «quarantita» espagnole. Nous n'avons rien contre un championnat de «chawarma» turc. Nous n'avons rien contre les encas syriens. L'universalité de l'art culinaire n'est pas en cause ici. Même si ce n'est pas tout à fait de la gastronomie, mais plutôt de la «restauration rapide». Même dans ce cas nous ne sommes pas contre. Par contre, il nous est difficile d'accepter l'abandon de notre patrimoine culinaire pour le remplacer par des recettes importées. Mais, bon sang! N'avons-nous rien de similaire chez nous pour aller chercher si loin des modes alimentaires qui tous sont montrés du doigt dès que les ravages de l'obésité sont abordés' Et là, nous sommes fiers de rappeler à tout le monde que nos «m'hedjeb» farcis d'oignons et de tomates et à la demande un peu relevés, voire même piquants, font partie de notre histoire avec un grand H. Aussi loin que l'on veuille remonter dans le temps, il n'a jamais été dit que les «m'hedjeb» favorisaient l'obésité. Ni la variété non farcie qui est servie au petit déjeuner et connue sous le nom de «maârak». Nous pouvons l'affirmer car la consommation de «m'hedjeb» et de «maârak» était très répandue alors que l'obésité ne faisait pas (encore) partie de nos problèmes de santé. Ceci dit, notre office de la wilaya d'Alger aurait été mieux inspiré de promouvoir les produits de notre terroir au lieu de s'ingérer dans les patrimoines étrangers. Les Italiens, les Américains et les Espagnols n'ont pas besoin de l'Opla pour répandre leurs produits sur toute la planète. Par contre ils ne viendront jamais chercher nos «m'hedjeb» ni nos «maârak» si appétissants pour les commercialiser chez eux au risque de voir leurs compatriotes en redemander. Aucun Italien, aucun Américain ni aucun Espagnol ne fera cette bêtise. L'Opla aurait dû faire comme eux et commencer par organiser un championnat d'Algérie de «m'hedjeb» et de «maârak». On peut ajouter le sucré avec «al baâghrir». L'équivalent en Occident des crêpes. Sans les «attestations de participation» (diplômes bidon) promises par l'Opla à tous les participants au concours de pizza. Un vrai concours gastronomique typiquement algérien. Même le «bouzelouf» a sa place. C'est l'équivalent de la tête de veau dans la cuisine française (plat préféré de Jacques Chirac). L'Opla en manque cruellement![email protected]/* */


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