Algérie - A la une


Pour toi 7e partie
Résumé : Fouzia a marché pendant des heures, cherchant à situer d'autres notaires. Elle a mal aux pieds. Elle monte dans un bus. Un homme la regarde, elle l'évite. Elle n'est pas d'humeur. Elle ne cesse de penser à son cousin et aux raisons cachées qui le poussent à la mettre dehors. Il est riche. Sa famille vit dans l'opulence.
Il n'a pas besoin de ce studio. Elle a hâte d'être chez elle, de pouvoir se reposer. Elle doit trouver une solution au problème...
Fouzia se redresse d'un coup sur son lit. Les cris des enfants qui s'interpellent dans les escaliers et qui se rendent à l'école l'ont tirée de son sommeil. Elle cherche son réveil.
- Oh... non ! s'écrie-t-elle. Il n'a pas sonné ou j'ai oublié d'activer l'alarme !
Elle saute hors de son lit, et en moins d'une demi-heure, elle est prête à partir au bureau. Elle ne prend pas son café. Elle dévale beaucoup plus qu'elle ne descend les escaliers. Une fois hors du bâtiment, elle hèle un taxi. Tous les taxis passent devant le bâtiment où elle loge au dernier étage. Elle prend place à l'avant.
Fouzia a passé une mauvaise nuit. Elle n'a pas pu s'endormir avant une heure du matin. Si les enfants des voisins n'avaient pas été bruyants, elle serait en train de dormir. Elle n'a pas cessé de penser au problème que lui pose son cousin. Elle soupire bruyamment en secouant légèrement la tête. Le chauffeur l'a entendue.
- C'ur qui soupire n'a point ce qu'il désire, dit-il alors qu'elle consulte sa montre.
- Je ne vous le fais pas redire ! réplique-t-elle en tentant de sourire. Je suis en retard... Ce n'est pas dans mes habitudes ! J'espère que je ne serais pas la seule à arriver en retard !
- Vous ne serez pas la seule, la rassure-t-il. Et koul âatla fiha khir...
C'est bon signe! Il ne faut pas vous inquiéter !
- Cet adage n'est fait que pour ceux qui ne travaillent pas sérieusement ! J'ai l'habitude d'arriver avant les autres ! J'ai horreur d'être en retard !
Le chauffeur rit.
- C'est rare de trouver quelqu'un qui se soucie d'arriver à l'heure ! Vous voilà arrivée !
Fouzia sort son porte-monnaie et règle sa course.
- Bonne journée ! lui dit-elle avant de descendre.
Elle se rend au ministère d'un pas pressé. Elle passe le contrôle, montrant son badge. Elle salue ses collègues qu'elle croise dans le couloir.
- Bonjour Fouzia ! s'écrie l'agent de sécurité. Il y a un visiteur !
- Ah... M. Ali n'a aucun rendez-vous !
Elle ouvre son sac et sort la clef de son bureau. Elle sursaute presque en reconnaissant son cousin Hamid. Qu'est-il venu faire ici ' Cela ne lui a pas suffi de lui gâcher sa journée et sa nuit. Il veut lui gâcher la journée. Elle a le c'ur serré et elle l'aurait bien envoyé au diable mais elle ne veut pas envenimer la situation.
- Bonjour da Hamid, comment vas-tu ' demande-t-elle en remarquant que l'agent de sécurité l'a suivie et les
écoute.
- Grâce à Dieu, je vais bien...
- Que me vaut cette visite matinale '
Il sort d'une serviette en cuir des copies agrafées et les lui tend.
- Voici une copie du testament de mon père, lui dit-il. Tu pourras voir de tes propres yeux que le studio me revient de droit !
Il y a l'acte de donation !
Fouzia a l'impression que le sol se dérobe sous ses pieds. Elle se laisse choir dans son fauteuil. Les mains tremblantes, elle feuillette les documents. Elle regarde les dates, tous ont été établis après la crise cardiaque. Il avait perdu l'usage de la parole et de la moitié de son corps. Pour communiquer ce qu'il voulait, il écrit juste un mot, et c'est à celui ou celle qui était avec lui de deviner ce qu'il voulait, à force de questions. Son oncle répondait par ses gestes d'approbation ou de refus.
Depuis sa sortie d'hôpital, il n'était plus sorti. Un masseur-kinésithérapeute venait à la maison, chaque jour, pour s'occuper de lui, dans l'espoir qu'il se rétablisse. Les séances de rééducation n'avaient rien donné.
Même son oncle avait abandonné la partie. Quand ses enfants tardaient à lui rendre visite, pris par leur travail et leur vie familiale, il les réclamait en écrivant leurs prénoms. Elle se souvient qu'il avait demandé après elle, quand elle avait tardé à se rendre à Bab El-Oued. Elle n'avait pas trouvé de transport et avait fait un bout de chemin à pied avant de prendre un taxi. Elle avait passé la nuit chez lui pour lui faire plaisir. Elle ne peut pas accepter l'idée qu'un homme aussi généreux que lui ait distribué tous ses biens à ses enfants et des miettes à de vieux cousins établis à l'intérieur du pays et qu'il ait pu l'oublier, elle, son unique nièce rescapée d'un tremblement de terre qui lui aura tout pris...
(À suivre)
A. K.
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