Algérie

Pour séjour illégal: Quatre Chinois devant la justice



Le procès en appel des quatre Chinois incarcérés, en août dernier à Oran, pour séjour irrégulier et travail au noir a été marqué par un débat intéressant, tant du point de vue légal que social, centré autour de la question suivante: «Faut-il appliquer scrupuleusement la loi 11-08 relative aux conditions de séjour des étrangers sur le territoire national ou bien faire preuve de souplesse et de tolérance en tenant compte de certains aspects, dont notamment les difficultés et les inconvénients (sur le plan mode de vie, communication, pratique de culte…) de la cohabitation en milieu carcéral des étrangers avec les nationaux ?

 « Mettre en prison des Chinois ou des Bengalais pour séjour irrégulier ou travail illégal, c'est surtout un lourd fardeau pour l'administration pénitentiaire. L'Etat n'a rien à gagner en renvoyant derrière les barreaux ces contrevenants. La solution, à mon avis, c'est de les expulser vers leur pays d'origine qui se chargera de les juger », estime maître Fahim Hadj H'bib. Et il l'a d'ailleurs franchement dit en audience lorsqu'il plaidait pour les Chinois, sous le regard très concentré d'un petit groupe de responsables de l'entreprise chinoise CSCEC qui se tenaient, presque figés, au fond de la salle. La présence parmi le public de ces cadres de la Société nationale des travaux de construction de Chine, ainsi que le traducteur de cette entreprise qui faisait office de courroie de transmission entre la cour et les accusés, est due au fait que les quatre Chinois poursuivis faisaient partie du personnel de la CSCEC, dont la base de vie est située à l'USTO. Bien que leur groupe de BTP qui a construit le Sheraton et l'EHU d'Oran ne soit ni civilement ni pénalement responsable des actes reprochés aux quatre Chinois, ces responsables ont tenu à être présents au jugement de leur anciens collègues, fibres patriotique et communautarisme obligent ! Même si, il est vrai, la présence d'officiels de cette compagnie est motivée en partie par une convocation de venir témoigner et éclairer la justice sur certains points, notamment la relation de travail entre la CSCEC et les quatre employés chinois.

 En fait, ces derniers sont entrés de façon parfaitement légale sur le territoire national le 1er décembre 2008. Ils ont travaillé depuis dans différents chantiers BTP menés à Oran par cette entreprise chinoise, dont le Q.G. est implanté à l'USTO. Le 11 février 2009, leur autorisation de travail est expirée. Une demande de prorogation formulée par leur employeur est rejetée. Les quatre Chinois n'ont plus alors le droit d'activer en Algérie ni d'y résider. Ils doivent faire leurs valises. Au lieu de quoi, ils s'adonnent à de petits boulots par-ci par-là, encouragés par l'argent gagné du travail à la tâche comme maçons, coffreurs, ferrailleurs, plâtriers, entre autres, chez des particuliers et par l'hébergement qui leur était assuré par un citoyen algérien résidant à Béthioua. Celui-ci accepte de les héberger chez-lui à la cité Petit, au retour de quoi ils travaillent pour lui dans la construction d'une seconde habitation située à Béthioua, selon les propres aveux du concerné, président d'une association, qui sera lui aussi accusé dans cette affaire pour assistance à étrangers pour séjour illégal et emploi d'étrangers sans titre de travail. En première instance, les quatre Chinois et l'Algérien ont été condamnés par le tribunal d'Arzew à six mois de prison ferme, peine qu'ils purgent toujours, assortie d'une amende de 30.000 dinars. Hier, le représentant du ministère public a requis l'application de la loi.




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