Professeur des Universités, expert international Dr Abderrahmane MebtoulIl faut éviter de vivre encore dans l'utopie des années 1970, oubliant que le monde a changé, en voulant ériger en mode de gouvernance locale et centrale l'autoritarisme, loin de toute tolérance pour les idées d'autrui, loin de tout dialogue productif, faute de relais crédibles au niveau de la société. L'ordre, par la protection des biens et personnes n'est aucunement antinomique avec le développement des libertés qui rassemble beaucoup plus qu'il divise.
Aussi, afin d'éviter l'affrontement direct la situation présente exige une action vigoureuse de réorganisation tant de l'économie que des partis politiques du monde associatif donc la société civile pour le redressement de l'Algérie, en lui proposant un cadre adéquat d'expression collective, afin de faire face à la difficile conjoncture géostratégique et socio-économique qui attend l'Algérie entre 2019/2022/2025, posant l' urgence du renouveau des partis politiques et de la société civile, comme intermédiation sociale.
1.- Secouées périodiquement par des crises internes, frappées de discrédit pour la majorité d'entre elles, objet de la défiance nourrie à leur égard et à l'endroit du militantisme partisan, les formations politiques sont-elles aujourd'hui aptes à faire un travail de mobilisation et d'encadrement efficients ' La question se pose de leur capacité à éviter un affrontement direct entre citoyens et forces de sécurité, et donc de contribuer significativement à la socialisation politique et à l'?uvre de redressement national. Aussi face à cette situation - tout en rappelant que le discrédit qui frappe le système partisan n'est pas spécifique à l'Algérie, car la révolution mondiale des systèmes de communications produit partout à l'émergence de nouveaux comportements - il y a urgence à adapter nos partis politiques algériens, souvent déconnectés de la société et présentant pour la majorité d'entre eux la spécificité d'être liés à des intérêts de rente.
Il s'agit donc d'introduire d'avantage de rigueur dans la procédure relative à la création des partis, sans pour cela verser dans l'excès qu'induit inévitablement toute approche bureaucratique de la chose politique. Il est sans doute utile, voire nécessaire, de s'intéresser à la représentativité des partis avant de décider de leur avenir.
En tout état de cause, il nous semble plus équitable, et plus juste politiquement, de raisonner en termes de marché électoral et de laisser, dès lors, les règles du jeu politique et le nombre d'acteurs qui s'y adonnent, se fixer de manière concurrentielle. Le rôle des pouvoirs publics consistera alors à mettre en place les garde-fous indispensables et à veiller au respect strict des lois et des règles qui régissent le fonctionnement de ce marché. Quant à la société civile, force est de constater qu'elle est impotente.
2.- La confusion qui prévaut actuellement dans le mouvement associatif national rend malaisée l'élaboration d'une stratégie visant à sa prise en charge et à sa mobilisation. L'implication de la société civile dans les affaires de la cité est un acte éminemment civilisationnel, qui intègre les changements d'une société en pleine mutation, et une manière d'aboutir à un projet de progrès conciliant la modernité et notre authenticité. Sa diversité, les courants politico-idéologiques qui la traversent et sa relation complexe à la société et à l'État ajoutent à cette confusion, rendent impérative une réflexion collective.
En raison de la très grande jeunesse de la société civile, des conditions historiques qui ont présidé à sa naissance et des événements tragiques qu'a connus notre pays et auxquels elle a été directement ou indirectement associée, la question qui touche à sa mobilisation doit être traitée avec une attention et une vigilance soutenues.
Constituée dans la foulée des luttes politiques qui ont dominé les premières années de l'ouverture démocratique, elle reflètera les grandes fractures survenues dans le système politique national. Sollicitée à maintes reprises, et à l'occasion d'échéances parfois cruciales, cette dernière manifestera souvent sa présence d'une manière formelle et ostentatoire, impuissante presque toujours à peser sur le cours des choses et à formuler clairement les préoccupations et les aspirations de la société réelle. Il est ainsi urgent d'engager une action vigoureuse de réorganisation et de redynamisation qui ne pourra être que salutaire pour elle. Cette action permettra, entre autres d'offrir un cadre adéquat d'expression collective à des centaines de milliers de jeunes et de moins jeunes qui ne sont pas structurés et qui ne demandent qu'à être utiles et à mettre au service de la communauté leur bonne volonté et leur générosité.
Dans cet ordre d'idées, l'État doit encourager la création d'associations dans des secteurs qui sont porteurs mais qui restent vierges et complètement ignorés du mouvement associatif ; de faire de ce cadre un instrument efficace d'encadrement de forces vives qui agissent dans la société de manière dispersée et un levier puissant de leur mobilisation en vue de leur implication active dans l'?uvre de redressement national. Mais cette politique n'a de chance de réussir que si le mouvement associatif est assaini et si les associations qui le composent ne sont pas au service d'ambitions personnelles inavouables, et parfois douteuse. Reste que le soutien multiforme qu'accorde l'État au mouvement associatif peut s'avérer un puissant levier de promotion, pour peu que son utilisation se fasse sur la base de critères objectifs.
3.- D'où l'importance d'institutions démocratiques, pour une société participative. Pour faire respecter le contrat de coopération, et induire une efficacité des institutions, il y a des règles de coopération qui peuvent être informelles (comme les tabous, certaines traditions) ou formelles (écrites, codifiées comme le droit moderne). Lorsqu'un Etat émet des lois qui ne correspondent pas à l'état de la société, ou veut agir par la violence celle-ci enfante ses propres règles qui lui permettent de fonctionner établi par un contrat de confiance beaucoup plus solide et crédible que celui que l'on veut lui imposer. Dès lors comment réussir le passage d'institutions économiques et politiques largement fondées sur des relations interpersonnelles à des institutions davantage fondées sur des règles. Il s'agit d'étudier les expériences réussies mais également les échecs (voir la faillite récente du Venezuela première réserve pétrolière mondiale) les travaux empiriques relatifs aux institutions de gouvernance des entreprises et de gouvernance publique qui ont été au centre de la problématique posée à la plupart des économies en transition qui étaient régies par le "communisme et l'étatisme intégral".
Les économies en transition ont été en effet confrontées à une double évolution. D'abord économique avec la transition d'un système d'économie planifiée, ou de fort interventionnisme étatique, à celui d'une économie de marché à finalité sociale.
Ensuite politique avec le passage de système non démocratique vers des systèmes plus démocratiques.
Dans les deux cas, existent des organisations hybrides lors de l'évolution des systèmes opaques largement fondés sur des relations informelles entre intérêts privés, vers des systèmes prenant appui sur des mécanismes plus transparents et davantage respectueux des règles de droit, systèmes dans lesquels ceux qui exercent le pouvoir économique et politique doivent davantage répondre de leurs actes. C'est pourquoi on assiste dans bon nombre de pays dominée par la logique de rentière un modèle de gouvernance, un processus de réformes non pas par des logiques d'efficience économique mais la dominance du politique.
4.-Quelle leçon en tirer pour l'Algérie des différentes expériences historiques de transition démocratique et vers l'économie de marché' Cela ne signifie pas à travers les expériences historiques qu'il ne peut y avoir d'économie de marché sans Démocratie et il y a lieu de ne pas confondre Etat de droit et démocratie qui ne se recoupent pas forcément à travers les expériences historiques. Mais je ne crois, pas que cette construction soit soutenable à travers le temps sans la démocratie comme l'a brillamment analysé l'économiste indien prix Nobel d'économie Amara SEN car avec le développement naissent de nouvelles forces sociales avec de nouvelles exigences donc plus de liberté et de participation à la gestion de la Cité. Et la seule façon de se maintenir au temps d'une économie qui change continuellement, c'est d'avoir une relation avec l'environnement national et international, c'est-à-dire mettre en place progressivement les mécanismes véritablement démocratiques. Aussi, les changements qui sont appelés à se produire dans un proche avenir, doivent nécessairement trouver leur traduction dans des changements d'ordre systémique destinés à les prendre en charge et à organiser leur insertion dans un ordre social qui est lui même en devenir. Il s'agit de définir clairement les fonctions institutionnelles notamment concernant l'utilisation des deniers publics, le rôle des organes politiques (parlement), de l'implication de la société civile, des organes techniques comme la cour des comptes, l'inspection générale des finances, la mise en place du contrôle tributaire et d'un management efficace des institutions, des comptabilités publiques claires et transparentes pour la rationalisation des choix budgétaires et l'optimalisation de la dépense publique, les universités et les centres de recherche étant interpellés pour produire des instruments de calcul adéquats. La pleine réussite de cette entreprise qui dépasse largement le cadre strictement technique, restera tributaire largement d'un certain nombre de conditions dont le fondement est de définir clairement le futur rôle de l'Etat dans le développement économique et social au sien d'une économie mondiale de plus en plus globalisée.
D'où l'importance d'un dialogue soutenu entre les différentes forces sociales politiques, économiques et sociales loin de toute vison d'autoritarisme, vison largement dépassée. Ainsi sur le plan interne, il s'agit d'engager les véritables réformes politiques, économiques et sociale pour une société de liberté plus participative et citoyenne fondée sur des entreprises compétitives dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux, par la prise en compte de l'environnement et de la qualité de la vie pour un espace plus équilibré et solidaire. Ces réformes doivent impérativement touche, le système politique, centre névralgique de la résistance au changement et à l'ouverture ; la réforme et l'indépendance de la justice par l'application et l'adaptation du Droit tant par rapport aux mutations internes que du droit international ; la réforme du système éducatif, centre d'élaboration et de diffusion de la culture et de l'idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays; une nouvelle gestion des stratégies sociales et la mise en place de nouveaux mécanismes de régulations sociales devant revoir la gestion des caisses de retraite et de la sécurité sociale, les subventions ciblées devant dorénavant être budgétisées non plus au niveau des entreprises mais sur le budget de l'Etat ; la réforme du système financier considérée, à juste titre, comme l'indice le plus probant de la volonté politique des Etats d'encourager l' entreprise qu'elle soit publique ou privée nationale ou internationale créatrice de valeur ajoutée condition d'une transition d'une économie de rente à une économie productive qui est un préalable essentiel à la relance de l'investissement privé national et étranger, les banques publiques et privées étant au c?ur d'importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l'ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente ; la démocratisation des secteurs sources de rente (secteur des hydrocarbures et gestion active des réserves de change), objet de toutes les convoitises.
5. Certains esprits mal intentionnés, oubliant le drame les années tragiques 1990/1999, veulent impliquer les forces de sécurité et l'ANP qui les couperait à terme de la population, ces institutions stratégiques rappelé souvent par les plus hautes autorités du pays, étant au service de l'Etat algérien et du citoyen. Pour dépasser la léthargie actuelle, l'Algérie a besoin d'une gouvernance renouvelée, de plus d'espace de libertés, d'entreprises dynamiques reposant sur l'économie de la connaissance, pivot du développement du XXIème siècle , loin des intérêts étroits destructeur de la rente. Il faut éviter la conception erronée d'assimiler la population algérienne à un tube digestif en d'ignorant ses aspirations profondes. La population algérienne, si elle est attentive à son pouvoir d'achat, a également soif de libertés, de démocratie et de justice sociale mais également d'efficacité économique avec un sacrifice partagé. Les réformes véritables à venir, souvent différées grâce à une redistribution passive de la rente des hydrocarbures et des dépenses monétaires, sans corrélation avec les impacts attendus, seront douloureuses. D'où l'urgence d'un discours de vérité, plus de justice sociale et donc de la nécessaire transition économique en accélérant les réformes structurelles , intiment liée à la démocratique tenant compte de notre anthropologie culturelle. Plus on diffère les réformes institutionnelles et micro-économiques, plus on épuisera les réserves de changes avec le retour au FMI horizon 2022, ce qu'aucun patriote algérien ne souhaite.
L'Algérie souffre actuellement d'une crise de gouvernance et non d'une crise financière. Mais cette crise de gouvernance risque de se transformer si elle se main tien dans trois années en crise financière, économique et politique avec le risque d'une déstabilisation régionale.
L'Algérie, pays à fortes potentialités acteur déterminant de la stabilité de la région, a besoin d'une stratégie d'adaptation, étant une question de sécurité nationale, face aux nouvelles mutations mondiales et énergétiques avec l'avènement de la quatrième révolution économique qui se fondera essentiellement sur l'économie de la connaissance à travers le digital et l'intelligence artificielle. L'Algérie a besoin pour sa crédibilité nationale et internationale, de tensions géostratégiques au niveau de la région et des tensions budgétaires inévitables entre 2019/2020/2025 de rassembler tous ses enfants dans leur diversité et non de nous diviser. Un seul indicateur contenu dans la loi de Finances 2019, données officielles, qui doit susciter un sursaut national, la tendance à l'épuisement des réserves de change : 62, milliards de dollars en 2019, 47.8 en 2020 et à 33.8 milliards de dollars en 2021, le FMI prévoyant 12 milliards de dollars courant 2022. Il faut impérativement faire taire nos divergences et privilégier uniquement les intérêts supérieurs de l'Algérie nécessitant un minimum de consensus économique et social qui ne saurait signifier unanimisme signe de décadence de toute société afin de stabiliser le corps social. C'est l'unique voie que doivent emprunter les Algériens pour arriver à transcender leurs différends si l'on veut éviter la déstabilisation, ce qu'aucun patriote ne souhaite.
Les différentes composantes de notre société, doivent concourir ensemble au retour de la paix, de la concorde et de la stabilité. Il s'agit là de l'unique voie que doivent emprunter les Algériens afin de transcender leurs différends, à vaincre la haine et les peurs qui les habitent, à exorciser leurs démons et à trouver de nouvelles raisons de vivre harmonieusement ensemble et de construire, toujours ensemble, le destin exceptionnel que de glorieux aînés de la génération du 1er Novembre 1954 ont voulu désespérément pour eux. NOUS N'AVONS PAS D'AUTRE PATRIE. J'ose espérer un avenir meilleur pour mon pays, en ces moments de grands bouleversements géostratégiques, fondé sur un Etat de Droit, plus de tolérance, d'espace de libertés et le renforcement du dialogue productif, loin de tout extrémisme, rassemblant tous les algériennes et algériens .
Ainsi, au moment ou avec la chute du cours des hydrocarbures, posant la problématique de la sécurité nationale, l'Algérie risque de connaitre d'importantes tensions budgétaires , nécessitant un Front social interne solide, tenant compte des différentes sensibilités sociales grâce à un dialogue productif au profit exclusif de l'Algérie et une réorientation urgente de la politique socio-économique afin d'éviter le drame des impacts des années 1986, la bataille de la relance économique future de l'Algérie et notre place dans la compétition mondiale se remportera grâce à la bonne gouvernance et notre capacité à innover.
Le 09 décembre 2018
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NB-Pour améliorer le classement loin des potentialités de l'Algérie où selon l'édition 2018 du Global Knowledge Index, rendue publique le 5 décembre 2018, élaboré par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD qui mesure le concept multidimensionnel de la connaissance s'appuyant sur sept indices sectoriels, l'enseignement pré-universitaire ; de l'enseignement et la formation professionnels et techniques ; de l'enseignement supérieur et la recherche ; du développement et l'innovation ; des technologies de l'information et de la communication ; de l'économie ; et de l'environnement général , l'Algérie étant classée à la 104ème position sur 134 pays étudiés , , voir rapport (volume IV 120 pages) sous la titre " sans économie de la connaissance, l'Algérie régressera : capital humain et transfert technologique et managérial, pivot du développement " remis au Premier ministre le 15 janvier 2013 de l'audit réalisée sous la direction du Professeur Abderrahmane MEBTOUL " face aux nouvelles mutations mondiales , les axes de la relance économique de l'Algérie 2015/2030 (8 volumes 780 pages à laquelle ont participé des experts étrangers et trois éminents experts algériens pour le volume IV : le Docteur Mohamed BAHLOUL, " le capital humain, comme socle d'un nouveau développement : éléments pour une analyse comparée du système éducatif algérien " le Docteur Abdelhak LAMIRI " Education, que faut-il faire ' " et le professeur Abdelkader DJEFLAT " de la nécessité d'insérer l'Algérie dans un nouveau régime de croissance tiré par l'Economie du Savoir et de l'Innovation " Ces experts ont- ils été écoutés depuis '
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Posté Le : 23/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Maghreb
Source : www.lemaghrebdz.com