Algérie

Pour quelques bouffées d'oxygène



Pour mener une guerre, il faut un état-major. Face à la situation alarmante que traverse le pays dans sa lutte sans répit contre le variant Delta, le docteur Mohamed Bekkat Berkani a lancé un appel à la mise en place de ce centre de commandement. Dans un entretien qu'il a accordé à TSA, le spécialiste dit les choses crûment. Il souligne que le malade qui a un besoin vital d'une oxygénothérapie d'urgence n'a pas besoin des explications des autorités sur le fait que l'oxygène est disponible et que c'est son transport et son stockage qui posent problème.«Ce que l'on demande, ce n'est pas de faire des constats. L'ère des constats est terminée» dit sèchement le docteur Berkani, rappelant qu'il est temps «de ne plus perdre des malades, d'établir un véritable état-major de guerre, pour essayer de répartir l'oxygène disponible sur tout le territoire national, de façon évolutive, dans tous nos hôpitaux. Du moins, là où il y a des malades qui sont en état de danger de mort.» «Si nous continuons comme ça, nous allons perdre de plus en plus de malades. Et la nation se souviendra que l'Algérie, un jour, n'a pas pu donner de l'oxygène à ses malades. Il ne s'agit pas d'un traitement rare. Il s'agit seulement de l'oxygène! Il y a des solutions multiples» assène encore le médecin, insistant sur l'établissement d'une véritable stratégie de guerre «sinon nous serons tous responsables». Les mots sont durs, mais pas assez, face aux drames vécus par les familles algériennes depuis la rapide propagation du Delta. Officiellement, depuis quelques semaines, l'Algérie enregistre quotidiennement une moyenne de 1 200 contaminations et près d'une quarantaine de décès. Des chiffres confirmés par ceux qui sont sur le terrain. Faut-il rappeler que des spécialistes ont affirmé que le nombre des contaminés doit être multiplié par 30 et que des directeurs d'hôpitaux ont reconnu, sur les réseaux sociaux, la perte de malades par manque d'oxygène' Faut-il rappeler aussi, qu'au mois de juillet, ce n'est pas moins d'une cinquantaine de professeurs et médecins qui sont décédés et que le nombre de décès a tellement augmenté dans certains villages qu'ils ont décidé d'un auto-confinement et que leurs enfants ont même lancé des appels pour les fabricants de cercueils! La réalité est telle, qu'elle donne froid dans le dos. Submergés par l'afflux de malades de plus en plus jeunes, les hôpitaux algériens peinent à faire face au manque d'oxygène. Lors de son passage à la Chaîne III, jeudi dernier, le professeur Riad Mahyaoui a affirmé que la troisième vague a fait que plus de «14 700 malades sont actuellement hospitalisés dans les hôpitaux et ont tous besoin d'une oxygénothérapie à haut débit en plus de 900 malades en réanimation». Le professeur Mahyaoui, qui a reconnu les «insuffisances à tous les niveaux du système de santé, et, notamment l'état archaïque des hôpitaux et la gestion un peu dépassée», n'a pas manqué de prévenir que l'Algérie «n'est pas à l'abri d'une quatrième vague». Le danger reste imminent. Le combat contre la nouvelle souche du coronavirus est féroce. Il faut remporter cette bataille et se préparer à en mener d'autres, car la guerre est loin d'être terminée.


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