Algérie

Pour quel dénouement



Maintenant qu'elle est mise en œuvre, il est temps de s'interroger sur le champ d'action ouvert par la résolution sur la Libye adoptée jeudi par dix voix et cinq abstentions. S'il va de soi dans de telles conditions que le texte en question est adossé sur le fameux chapitre sept de la Charte des Nations unies autorisant le recours à  la force, l'objectif, y lit-on, est d'«assurer la protection des civils et des zones peuplées par des civils, et l'acheminement rapide et sans encombre d'une assistance humanitaire». L'instance onusienne autorise à  cet égard, «les Etats membres à  prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils et les zones peuplées de civils sous la menace d'attaque». On peut dire et même très largement que l'instance onusienne a mis du temps, et même beaucoup de temps pour aller au-delà de ses réunions habituelles qui consistaient à  appeler au bon sens, alors que l'évidence même plaidait déjà pour un rôle plus à  même de bloquer la machine de guerre gouvernementale libyenne. C'est en ce sens que l'idée de création de zone d'exclusion aérienne avait été avancée, ce qui n'est pas nouveau dans les relations internationales contemporaines, avec le cas de l'Irak avec en fait une double zone qui ne laissait au pouvoir de l'époque que la partie centrale, et la Serbie en 1999. Si l'on sait de quelle manière ces deux premiers cas avaient évolué, conduisant à  la chute du régime irakien en 2003, et à  celle presque immédiate de Slobodan Milosevic après quelques semaines de guerre lancée par l'OTAN, on ignore par contre vers quoi débouchera cette décision bien que El Gueddafi, qui a toutes les raisons de craindre des poursuites qu'engagerait la CPI (Cour pénale internationale), a suscité la réprobation mondiale pour son action contre ses propres populations. Pour beaucoup, il faut en effet replacer cette résolution dans le contexte qui était le sien peu avant son adoption, et il s'agit là de l'ultime offensive de l'armée régulière qui avait déjà récupéré de nombreuses localités, et l'on se demandait même si l'ONU n'allait pas finalement pour compter les morts. Autrement dit que sa mission n'avait aucune raison d'être, El Gueddafi et son armée ayant mis fin à  la rébellion. Pourquoi donc tout ce retard, s'agissant en premier lieu de porter secours aux populations civiles.
Questions d'appréciation ou querelle diplomatique ' Par ailleurs, s'il est avéré que le respect du cessez-le-feu signifie aussi le maintien d'un statu quo sur le terrain, cela veut dire qu'il n'y a pas de solution du tout, encore faut-il savoir de quelle solution il pourrait s'agir, et que de toutes les manières, il y a rupture totale de confiance avec le recours aux armes, et que beaucoup de sang a coulé.  
Selon un premier bilan de ses opérations, la zone d'exclusion aérienne serait déjà effective, et que depuis deux jours aucun appareil libyen n'a quitté le sol. Jusqu'à samedi, la bataille se déroulait au sol selon des déclarations des forces de la rébellion. Ce qui n'est pas évident pour tout le monde comme le renseigne la déclaration du secrétaire général de la Ligue arabe qui a critiqué les bombardements de la coalition internationale sur la Libye, estimant que «ce qui s'est passé en Libye diffère du but qui est d'imposer une zone d'exclusion aérienne, et ce que nous voulons c'est la protection des civils et pas le bombardement d'autres civils». M. Amr Moussa n'ira pas jusqu'à dire qu'il a été manipulé ou encore que l'organisation qu'il dirige a servi d'alibi pour avoir participé à  la réunion de Paris, mais ces propos traduisent au moins une certaine gêne. Mais tout cela ne renseigne pas de manière claire sur l'étendue de ce conflit, depuis qu'il y a intervention de puissances étrangères, certaines d'entre elles pour ne pas dire toutes, ayant déjà condamné le régime libyen et appelé El Gueddafi à  quitter le pouvoir. Ce que sûrement ce dernier refusera de faire, et un tel refus ne fera qu'aggraver le face-à-face. Quel en sera le dénouement '           


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