Algérie

"Pour peu que les contraintes soient levées"



Le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni, a appelé récemment le groupe Sonelgaz à élaborer un programme destiné aux producteurs locaux pour la fabrication, dans les trois années à venir, de plusieurs matériels et équipements utilisés dans la distribution de l'électricité et du gaz. Cette démarche s'inscrit dans le cadre de la politique du gouvernement qui vise à réduire les importations. Et dans le secteur de l'énergie beaucoup d'équipements sont importés, car ce créneau n'est pas suffisamment investi par des opérateurs économiques locaux.Preuve en est, de la totalité des équipements destinés aux réseaux de distribution de l'électricité et du gaz, 30% seulement sont fabriqués en Algérie. Les 70% restants sont importés. Ce qui signifie que le taux d'intégration demeure encore faible. Le même constat peut être également établi pour les activités liées à la production des hydrocarbures. L'on peut recenser quelque
5 000 équipements dont ont besoin les réseaux de distribution d'électricité et de gaz. De ce total, les industriels locaux devraient au moins arriver à fabriquer 3 000 articles, estime le ministre. La volonté politique de favoriser l'émergence d'une véritable industrie dans ce secteur est, certes, clairement affichée par les pouvoirs publics, cependant, l'adhésion des industriels algériens pour ce projet d'envergure ne peut être sûre et effective. Il est clair que notre pays dispose d'un potentiel industriel et d'un ensemble de capitaines d'industrie capables de relever ce défi. Ces derniers l'ont même prouvé y compris dans les activités liées à l'électricité et au gaz. Mais de là à accepter de se lancer dans ce challenge que leur propose le ministère et couvrir les besoins de Sonelgaz ou de Sonatrach et autres entreprises, en termes d'équipements répondant aux standards internationaux, n'est pas une chose évidente. Car, pour ces investisseurs, des contraintes multiples bloquant leurs initiatives persistent toujours. Le foncier industriel reste pour ces opérateurs un épineux problème que l'Etat n'arrive pas à résoudre. Des promesses pour dégager des zones industrielles à même d'accueillir tous ces investissements sont avancées par les responsables concernés mais sur le terrain, les détenteurs de projets ne voient rien venir dans toutes les régions du pays. Pour le consultant Abdelmadjid Attar, la vraie difficulté réside dans les avantages, les facilitations et autres faveurs que doit accorder le département de M. Guitouni, voire tout l'Exécutif, à ces futurs investisseurs. L'ex-ministre de l'Energie évoque le plan de charge dont doivent bénéficier ces entreprises. "Ces opérateurs économiques qui vont investir des dizaines de millions de dollars pour installer leurs usines ont besoin de garanties, notamment le plan de charges", explique M. Attar. Le ministre de l'Energie ainsi que son collègue de l'Industrie doivent donner toutes les garanties nécessaires pour une assistance et un soutien à ces entreprises. "Ils sont prêts à investir mais ils doivent, dans le même temps, écouler leurs produits conformément, bien sûr, à un cahier des charges préalablement établi", précise l'ancien P-DG de Sonatrach. Ces sociétés souhaitent aussi un accompagnement vis-à-vis des banques pour bénéficier de crédits bancaires. Ces investisseurs sollicitent par ailleurs une intervention des pouvoirs publics auprès de l'administration afin de mettre un terme au phénomène de la bureaucratie. "Ce fléau atteint des proportions alarmantes. Un simple projet d'investissement prend parfois plusieurs années", déplore Abdelmadjid Attar. L'aide peut concerner, suggère-t-il en outre, la maturation des projets. La filiale Engineering de Sonelgaz, remarque-t-il, peut aisément jouer ce rôle et assister ces promoteurs pendant la réalisation de leurs projets. Si tous ces écueils sont levés, l'on peut considérer, avoue M. Attar, que ces investissements sont à la portée des industriels algériens et des fabricants de ce type de matériaux.
Par ailleurs, à travers la création de cette activité industrielle, l'on peut créer, par la même, des milliers de postes d'emploi. Des excédents peuvent être dégagés et exportés vers les pays africains.
B. K.


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