Algérie

«Pour moi, le livre passe avant les médicaments» !



La fermeture définitive d'une énième librairie dans une grande ville de l'intérieur de l'Algérie (mais la capitale n'est pas épargnée également par ce phénomène) a été récemment rendue publique via les réseaux sociaux et elle a suscité les commentaires indignés de plusieurs amoureux du livre et de la lecture. Nous avons eu l'idée de rassembler ici quelques-unes de leurs interventions virtuelles, un peu comme on assiste au naufrage d'un navire qui fait eau de toutes parts, malheureusement.De prime abord, la dénommée Sihem se demande naïvement pourquoi on en est arrivé là et pourquoi le livre et les librairies se meurent ' Ahmed lui répond tout simplement : «La location d'un local est trop chère et il n'y a pas beaucoup de clients qui aiment la lecture». Fethi va dans le même sens et pense que «la lecture n'intéresse plus une bonne partie de la population. Internet a contribué à tuer davantage le livre et les jeunes ne lisent plus. Ils préfèrent aller au café ou rouler en voiture toute la journée pour rien. Ce n'est pas de cette façon qu'un pays avance». Abdelkader rappelle à bon escient «qu'un esprit qui ne lit pas maigrit comme un corps qui ne mange pas».
Redouane, quant à lui, assène sans hésiter : «L'Etat, en Algérie, fait semblant d'encourager la lecture qu'il sait à l'agonie. Bientôt, à la place de cette librairie close, sera ouvert un fast-food ou un magasin de prêt-à-porter «made in Turquie». Mustapha, lui, essaie d'aller un peu au fond des choses et commente : «Il est tout à fait normal que les librairies ferment dans notre pays car le système éducatif algérien n'a jamais encouragé la lecture hormis l'apprentissage du Saint Coran, alors que l'un n'empêche pas l'autre».
Fouad fait le constat «qu'un pays est grand aussi par la qualité de sa littérature, de son cinéma, de son théâtre, et par le nombre et la variété de ses lieux de culture. Alors, quand un de nos ministres nous dit que «l'Algérie n'a pas besoin de prix Nobel, il ne faut pas s'étonner que toutes les librairies ferment les unes après les autres ou soient désertées».
Nous avons gardé pour la fin le témoignage de la dénommée Rachida qui rapporte cette anecdote très émouvante concernant son père, un ancien instituteur, qui avait consacré un jour la totalité de sa pension de retraite à l'achat de la centaine de numéros de la célèbre «Revue africaine», rééditée à Alger par l'OPU (Office des publications universitaires) dans les années 1980. Ayant attrapé une méchante grippe, le vieil homme s'est retrouvé alors sans le sou pour pouvoir se soigner. Aux reproches de sa fille qui lui avait fait remarquer que son attitude n'avait pas été très raisonnable, il avait répondu fièrement : «Non, tu te trompes ! Pour moi, le livre passe avant les médicaments» !


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