L'exploitation touristique et artisanale du vieux ksar de Taghit, près de Bechar (extrême sur-ouest) devient une nécessité devant la dégradation de ses bâtisses et l'absence de structure d'accueil dans la région.
C'est le souhait d'un entrepreneur dans le domaine du tourisme, M'hammed Abdelkafi, propriétaire d'une grande maison dans le vieux ksar, qu'il a réaménagée en gîte traditionnel baptisé «Chez Mokaddem» par rapport au défunt père du gérant qui était Mokaddem (chef spirituel) de la zaouïa de Taghit.
Cet ancien guide touristique a ouvert sa maison à la pratique du tourisme chez l'habitant depuis près de cinq ans dans le but, dit-il, «d'absorber le chômage dans une région qui ne vit que de l'activité touristique, de l'artisanat et de l'agriculture».
Selon lui la réhabilitation durable du vieux ksar et sa préservation passent par l'apport d'une nouvelle dynamique touristique et commerciale à l'intérieur de la citadelle.
«Le ksar doit être complètement restauré et les maisons doivent être exploitées en gîte ou en commerce afin de responsabiliser les propriétaires tout en relançant les petits métiers artisanaux dans les ruelles». C'est ce que préconise M. Abdelkafi, rejoint par Said Boutarfa, expert en conservation et restauration des manuscrits qui relève la nécessité de «restaurer les Ksour pour leurs donner une nouvelle fonction touristique et culturelle, comme c'est le cas au Maroc».
Il est impossible de mettre en valeur le ksar comme atout touristique si le visiteur pénètre dans une cité en ruine ne disposant d'aucun encadrement touristique ou sécuritaire. «Comme la Casbah d'Alger ou les Casbahs et les ksour marocains, le vieux ksar regorgent de petits métiers qui peuvent apporter de la vie à ces ruines tout en les préservant de la dégradation», soutient cet expert.
Au lieu de faire la visite des ruines «le touriste pourrait faire le tour des échoppes de souvenirs, d'épices, de petits restaurants de cuisine locale ou simplement siroter un thé sur les balcons qui donnent sur la palmeraie et la grande dune», proposent de leur côté les jeunes guides de la famille qui peinent à faire entrer les touristes dans le ksar.
Grâce à une expérience de plus de trente ans dans le tourisme à Taghit, M. Abdelkafi peut certifier qu'au delà du paysage enchanteur de la Saoura, le touriste cherche la rencontre de la culture et du mode de vie local.
Interrogé sur la qualité des travaux de restauration du vieux ksar, l'aubergiste rejoint les propriétaires des maisons du ksar pour dire que les normes ancestrales n'ont pas été respectées et que les Taghitis n'ont même pas été consultés.
«Avec mon projet de gîte, les seules aides que j'ai reçues de la part du Programme des nations unies pour le développement (Pnud) se résument à un réfrigérateur et quelques draps et couvertures pour équiper le gîte», ironise M. Abdelkafi qui ne comprend toujours pas l'apport de la literie à une maison en ruine.
Aujourd'hui, le gîte «Chez Mokaddem» reste l'une des rares structures d'accueil de la région avec la fermeture, pour rénovation, depuis 2010 de l'hôtel Taghit. Entre l'hébergement, la restauration, les bivouacs, les circuits touristiques et les soirées musicales, la famille Abdelkafi a finalement réussi à monter une petite industrie du tourisme autour des ruines du vieux ksar.
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Posté Le : 29/01/2013
Posté par : patrimoinealgerie
Source : lechiffredaffaires.com