Il leur a fallu d'abord arracher la liberté de respirer et d'écrire dans un monde où les hommes ont tout verrouillé pour avoir le monopole de la pensée.L'auteur, Metka Zupancic, parle d'un remembrement au féminin dans un livre au titre évocateur Les écrivaines contemporaines et les mythes. Et l' évolution a été telle que la femme a atteint un niveau de culture jadis réservé aux hommes. Pour se faire connaître, elle a sa plume, ses talents. Elle peut désormais rivaliser d'ardeur avec les hommes de lettres, faire la critique littéraire de ses propres textes, avoir des perspectives d'avenir. Nathalie Hernich parlant de «l'identité féminine et de l'écriture féminine» inscrit son intervention objective sous un angle anthropoligique pour parler de littérature féminine avec des mises en scène de personnages romanesques agissant selon des normes spécifiques et faisant du mythe un système de croyances fondateur de comportements inconscients pour la plupart chez les personnages romanesques, agissant de manière interactive dans un univers créé à l'image de la société. L'interpellation de ces mythes, dont les œuvres féminines sont porteuses, a mis en évidence un imaginaire spécifiquement féminin, dans un espace des possibles autorisé par les différentes façons d'être une femme. Ainsi que de chemin parcouru depuis les œuvres d'Alexandre Dumas père, l'insatable féminin, parti d'un vécu, a évolué en passant de la littérature masculine à la littérature féminine. Ceci est reconnu dans tous les pays où la production d'œuvres a été intense bien qu'il y a eu des variantes dans tous les espaces d'expression ayant subi en permanence l'influence des traditions, de l'éthique et des convenances sociales. Elizabeth Gaskell, Nord- Américaine, a très tôt opté pour la condition sociale des hommes et des femmes. On retrouve les mêmes tendances chez Georges Eliot, évidentes surtout dans Middle March. Rien dans le désir de domination du monde et de l'élément féminin qui prédomine dans le roman du 19e siècle en Europe n'a connu d'interdiction pour l'homme. Le cas de Julien Sorel, personnage masculin mythique dans le roman bourgeois du 19e siècle. est largement représentatif de cette tendance inspirée probablement de l'esprit de conquête de Napoléon. «C' est du roman tragique», disent les théoriciens du roman : Lukakz et Goldmann. Tout personnage féminin qui ose tenter l'ascension en brisant les tabous ou en nourrissant 'le rêve d'une libération émancipatrice, voient ses efforts voués à l'échec. C'est le cas de Mme de Bovary qui a provoqué un scandale et a failli causer de graves ennuis à Flaubert. Cette envie de bonheur dans la liberté existe dans Femmes et filles d'Elisabeth Gaskell. Un esprit d'engagement s'est formé au cours de l'histoire du roman pour se concrétiser plus tard, en dépit des interdits de toutes sortes. Une nouvelle tendance voit le jour. Le même phénomène a pris de l'extension au-delà des frontières. Les sentiments féminins ou les considérés comme indicibles sont devenus tout à fait naturels, dans les œuvres littéraires qui s'est renouvelée dans le sens du modernisme, reflet d'une nouvelle mentalité. Ce qui avait fait scandale au 19e siècle et avant s'est imposé comme dominant avec des œuvres poétiques de l'Allemand Hölderlin, de Rilk qui avait pris soin de procéder à une réflexion en connexion avec le mythe d'orphée. La littérature des femmes, inexistante auparavant, s'impose comme une réalité incontournable avec les œuvres de Gorges Sand, Elisabeth Gaskel, plus tard on voit apparaître d'autres femmes à la poigne de fer, de la trempe de Simone de Beauvoir. Dans les pays ex-colonisés où la fille qui avait même été exclue de l'école est devenue écrivaine. C'est le cas d'Assia Djebbar en Algérie, de Fatma Mernissi au Maroc, et d'autres très combattantes en Tunisie, en Egypte. Elles sont présentes, pour ne pas dire omniprésentes, pour dire tout haut ce que celles qui les ont précédées ne pouvaient dire que tout bas et de bouche à oreille, entre femmes. Elles expriment par la parole et l'écriture les choses les plus déterminantes de leur existance. Les figures féminines, plurielles idéologiquement, ont sucré une ambiance romanesque peut-être utopique, mais porteuse d'une conscience régénaratrice et d'une ethique. Elles ont su donner à voir le versant féminin de certaines mythes pour lesquels Freud et Jung ont manifesté un réel intérêt. Françoise Sagan, Françoise Mallet Joris et d'autres qu'on ne peut toutes citer en sont des exemples indéniables. Beaucoup de femmes écrivaines sont arrivées même à remonter le temps en actualisant les mythes de la Grève antique ou de l'Egypte préislamique. Cette évolution n'aurait jamais été permis si la femme n'avait pas en un rôle moteur et si l'éducation ne l'avait pas autorisée. Toutes les femmes entrant jadis dans la catégorie des promises ou compromises refont surface après qu'elles ont été brimées.
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Posté Le : 02/09/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Boumediène Abed
Source : www.lnr-dz.com