L'Etat ferait mieux de subventionner la
prime d'assurance que d'accorder des compensations en cas de sinistre. Un
changement de modèle souhaité par la CNMA.
L'assurance agricole tarde à décoller en
Algérie, elle n'atteint que «3 à 4% des potentialités». Les spécialistes
avouent qu'il n'est pas aisé d'amener les exploitants à sortir de la logique
des subventions, accordées par l'Etat sous forme de dédommagement en cas de
sinistre, à celle d'un système économique où l'agriculteur prend conscience de
la nécessité de l'assurance pour la viabilité et le développement de son
investissement.
Selon Chérif Benhabiles, directeur des assurances, à la Caisse
nationale de la mutualité agricole (CNMA), il faut convaincre les exploitants
«d'assurer leurs biens et leurs récoltes» et également amener les pouvoirs
publics à aller vers «la subvention de la prime d'assurance au lieu d'accorder
des compensations en cas de perte des récoltes pour des facteurs climatiques ou
autres».
L'assurance, estime-t-il, peut avoir un «rôle déterminant», dans
le développement de la politique agricole. «A condition que tous les maillons
de la chaîne fonctionnent convenablement».
L'assurance «permet de sécuriser l'investissement de l'agriculteur
et peut servir comme appui à l'obtention du crédit bancaire». Des pays comme
les Etats-Unis et l'Espagne «ont réussi à développer leur politique agricole
grâce à l'assurance et non pas au crédit».
«Les USA subventionnent à hauteur de 80% l'assurance céréales. Le
Canada également. La Tunisie a décidé récemment de subventionner à hauteur de
50% l'assurance agricole» dit-il.
L'assurance doit mettre en Å“uvre des produits adaptés pour assurer
des revenus minimums à l'agriculteur, afin de le rassurer et de protéger son
patrimoine. Le risque est tellement important que le montant des primes
poserait problème aux agriculteurs.
L'Etat peut financer la prime en partie
«L'exploitant va vous dire ‘oui, c'est un excellent produit, mais
je n'ai pas les moyens de me le payer'. C'est là que devrait intervenir l'Etat
pour financer en partie cette prime».
Benhabiles argumente : «la compensation accordée par l'Etat, suite
à un sinistre est généralement infime par rapport aux pertes subies par les
agriculteurs. En outre, ils doivent attendre jusqu'à 6 mois voire une année
pour être remboursé. Avec le principe de l'assurance, l'agriculteur est indemnisé
aux coûts réels des pertes subies et dans des délais les plus courts afin qu'il
puisse poursuivre son activité».
La CNMA commercialise déjà plusieurs produits d'assurance risques
agricoles. Il s'agit, entre autres, des «multipérils» (palmier dattier, pomme
de terre, tomate Industrielle, céréales, oléiculture, vigne, grêle, incendie
récoltes, pépinière, arbres fruitiers) et des «multirisques» (production
animale (bovine, ovine, équine, avicole et apicole).
Le portefeuille de la CNMA se répartissait deux ans plus tôt entre
l'assurance automobile et l'assurance non-automobile dont l'agriculture. La
Caisse se concentre désormais sur le secteur agricole où elle couvre «à peine 3
ou 4% des potentialités».
Chérif Benhabiles estime néanmoins que la tendance est
encourageante : «L'assurance multipérils pomme de terre a enregistré un taux de
croissance de plus de 300% à fin 2009. La «multipérils tomate» a réalisé une
hausse de 175% en chiffre d'affaires. Le CA de l'exercice 2008/2009 est en
hausse de 26%, toutes branches confondues. La branche agricole a enregistré une
croissance de l'ordre de 18%. L'exercice a été clôturé à presque 5 milliards de
dinars (MDA), contre 3,9 MDA durant l'exercice 2007/2008… Il y a un réel
engouement, puisque 63% de la culture de pomme de terre de l'arrière saison a
été assurée».
Les agriculteurs assurés qui ont été touchés par la grêle et les
inondations ont été indemnisés et, pronostique M.Benhabiles, ceux qui n'ont pas
contracté d'assurance viendront la prochaine saison car ils ont vu que leurs
collègues se faire indemniser.
Assurance «perte de rendement»
La CNMA veut même aller plus loin et lancer «l'assurance perte de
rendement» pour trois produits : pomme de terre, tomate industrielle et palmier
dattier.
L'expérience de l'assurance perte de rendement de la tomate
industrielle sera développée avec le Groupe Benamor, qui est en train de mettre
en place une technologie de choix des plants sur site, destinés aux
agriculteurs.
«Si l'agriculteur n'arrive pas à atteindre le rendement escompté
pour un événement qu'il ne maîtrise pas, l'assurance va l'indemniser sur le
manque à gagner». «Pour la culture de la pomme de terre, dont les surfaces sont
bien plus importantes, nous avons dit que nous pouvons faire la même chose, à
condition de maitriser toute la chaine, en amont et en aval, notamment en
matière de qualité des semences et des pesticides, ainsi que dans les délais de
traitement des plants», précise-t-il.
Les différents instituts scientifiques spécialisés seront appelés à
contribution pour «essayer d'avoir une maîtrise de plusieurs facteurs en vue
d'un objectif de rendement optimal». «En matière de pesticides, par exemple,
nous devons nous pencher sur leur origine et leur certification. C'est-à-dire
que l'agriculteur qui contractera une assurance perte de rendement, ne pourra
utiliser que les pesticides agréés et certifiés par ces organismes»,
conclut-il.
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Posté Le : 27/04/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Abdelkader Zahar
Source : www.lequotidien-oran.com