Algérie

Pour l'ex-patron français de la DST: Sarkozy fait du «grand n'importe quoi» en Libye



La politique de Sarkzoy en Libye, c'est du «grand n'importe quoi» qui mène au désastre et casse un «verrou contre Al-Qaïda et l'immigration clandestine».

C'est l'ancien patron de la DST française, Yves Bonnet qui l'affirme en mettant en garde contre la «tour de Babel» du CNT libyen. Derrière des personnes avenantes se cachent des anciens hommes du régime et, pire selon lui, les islamistes.

Une mission d'experts en Libye, organisée par le Centre international de recherche et d'études sur le terrorisme et d'aide aux victimes du terrorisme (CIRET-AVT), le Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), et avec le soutien du Forum pour la Paix en Méditerranée a rendu public, à la mi-juin, un rapport intitulé : «Libye : un avenir incertain». La mission qui comptait parmi ses membres l'ancien patron de la DST française, Yves Bonnet - et aussi l'Algérienne Saïda Benhabylès - avait conclu que les Occidentaux avaient fait preuve d'aventurisme grave en soutenant un Conseil national de transition, à la composition hétéroclite; et qu'en Å“uvrant à faire dégager le colonel Kadhafi, ils pavaient le terrain aux islamistes. Le rapport notait que l'intervention occidentale créait plus de problèmes qu'elle n'en résout et affirmait que les «manÅ“uvres actuelles risquent fort de déstabiliser toute l'Afrique du Nord, le Sahel, le Proche-Orient, et de favoriser l'émergence d'un nouveau foyer d'islam radical, voire de terrorisme». La chute du régime de Kadhafi risque de donner naissance à «régime plus radicalement anti-occidental et tout aussi peu démocratique». Pour l'ancien patron de la DST qui vient de s'exprimer dans un entretien au journal «France Soir», la «révolution libyenne» n'est qu'une manÅ“uvre d'un clan du régime obéissant à des motivations tribales. Il émet des doutes sur l'authenticité du mouvement révolutionnaire libyen.

Une révolution «copier-coller»

Le «scénario des premières heures de la rébellion y est, strictement le même. Du copier-coller. Cela commence par une manifestation d'étudiants, quinze à vingt personnes. La police réprime, on relève un ou deux morts. Ce qui ensuite entraîne l'organisation d'une grande manifestation qui met en fuite les autorités. Ces dernières, à chaque fois, ne tentent pas de reprendre les choses en main». Allant à contrecourant de l'image d'un régime brutalisant sa population et qui a servi d'argumentaire à l'intervention occidentale, Yves Bonnet affirme avoir des «témoignages selon lesquels les ordres donnés par Tripoli étaient de ne rien faire. De fait, le terrain a été laissé aux rebelles qui ont attaqué les locaux de l'Etat : commissariats, hôtels de ville, palais de justice. Tout ce qui pouvait représenter l'autorité de Tripoli a été saccagé, détruit. J'en conclus qu'il y a eu des consignes». L'ancien patron de la DST note que la responsabilité du maintien de l'ordre, durant les premiers jours «incombait au général Younès (ancien ministre de l'Intérieur de Kadhafi) qui est aujourd'hui devenu le chef d'Etat-major des insurgés libyens». Apparemment l'entretien de «France Soir» a été réalisé avant la liquidation du général Younès qui donne plus de poids aux lectures critiques sur la «révolution libyenne». Yves Bonnet met en avant le racisme anti- Noirs, de la rébellion qui a ciblé les travailleurs africains accusés d'être des mercenaires. «Aujourd'hui, l'insurrection désigne les gens de couleur noire comme des ennemis. Même s'ils sont Libyens. Un chef de tribu nous a dit : «Nous, les Noirs, on ne veut plus en entendre parler. Ils ont pris le parti de Kadhafi !».

La Tour de Babel

Le CNT, affirme-t-il, en critiquant l'empressement des Occidentaux et notamment de Paris à le soutenir, «c'est la Tour de Babel. On met des gens sympathiques, intelligents, ouverts et très fréquentables sur le devant de la scène, pour plaire aux Occidentaux». Mais derrière, il y a des figures de l'ancien régime et des «islamistes bien qu'ils prennent soin de ne pas trop se montrer». Pour lui, la «branche libyenne d'Al-Qaïda est très vivante et elle est localisée en Cyrénaïque. Dans cette région, on sent le poids de la religion…». Nicholas Sarkozy a eu tout faux selon lui. Il a décidé «seul et unilatéralement de couper les ponts avec un pays. Sans consultation préalable. C'est du grand n'importe quoi. Il s'est embarqué trop vite dans cette voie». Le pire, selon Bonnet, est la partition de la Libye «avec pour conséquence la déstabilisation des pays voisins sub-sahariens comme le Niger ou le Mali… Certains dirigeants politiques occidentaux semblent ne pas avoir lu les rapports de leurs services de renseignements». «Avec la Libye, nous disposions d'un verrou solide contre Al-Qaïda et contre l'immigration clandestine. Il vient de sauter» conclut-il.




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