Algérie - Parutions de livres de littérature

Pour l'Amour d'un rebelle de Nadia Matoub, (Récit) - Laffont, Paris 2000



Pour l'Amour d'un rebelle de Nadia Matoub, (Récit) - Laffont, Paris 2000
Présentation

Pendant toute sa jeunesse en Kabylie, Nadia a été bercée par la voix de Lounès Matoub, chanteur au tempérament de rebelle et célèbre figure de la culture berbère. Elle le rencontre pour la première fois en mai 1997, dans le petit village de Taourirt-Moussa... Le chanteur et la jeune femme se marient quelques mois plus tard.
Ensemble, ils veulent fonder une famille, tout en poursuivant leur combat, malgré le danger, contre l'intégrisme. Mais le 25 juin 1998, près de Tizi-Ouzou, Lounès Matoub est assassiné par des membres présumés d'un commando islamiste. La disparition de l'artiste provoque une onde de choc dans la communauté berbère. Laissée pour morte sur les lieux du drame, Nadia survivra grâce à deux interventions chirurgicales.
Aujourd'hui, fidèle à sa passion, elle raconte l'homme, son charisme, ses combats, leur amour, et l'horreur de ce jour où elle a vu s'effondrer celui qu'elle aimait. Menacée de mort en Algérie, Nadia Matoub vit désormais en France avec une partie de sa famille. Elle souhaite, un jour, retourner en Kabylie, poursuivre le combat de son mari.

La belle et le battant

Mais, cependant, c’est par ces deux traits de sa personnalité vraiment exemplaires - constance et courage - qu’elle se recommande, telle une héroïne de roman, à notre sympathie et notre admiration.

Servie admirablement par ses talents de conteuse, Nadia n’écrit pas, elle raconte et sa voix chaude nous entraîne à sa suite du village d’Ahrik où elle vint au monde le 20 avril 1976, à Tizi Ouzou où elle commence à préparer une licence de lettres françaises puis à Taourirt Moussa où elle connaît enfin le bonheur. Bonheur de courte durée, puisque mariée le 30 octobre 1997 à l’homme de sa vie, le chanteur kabyle en vogue, Matoub Lounès, de 20 ans plus âgé, celui-ci est assassiné le 25 juin 1998.
De ce laps de temps très court pour une jeune fille qui a aspiré de toutes ses forces et depuis sa prime jeunesse à ce bonheur, il faut retrancher les deux voyages que Lounès a dû effectuer en France pour faire des enregistrements où il est resté une fois dix jours et la seconde fois un mois. Mais compensation suprême : Nadia nous révèle dans son livre qu’elle a connu Matoub le 22 mai 1998. Depuis, nous ne cessons de la suivre avec ses sœurs Malika ou Fathma d’Ahrik ou de Tizi Ouzou vers Taourirt Moussa.
De sa naissance jusqu’à son hospitalisation à l’hôpital d’Alger, après l’attentat terroriste qui a coûté la vie à son époux, Nadia évoluera durant toute cette période dans ce triangle dont Taourirt Moussa constitue le sommet. Excepté évidemment les deux sorties vers Béjaïa et l’invitation au Congrès du RCD, qui s’est tenu le 26 février 1998 à Alger.
De sa plume alerte, la jeune femme fait revivre pour nous les trois événements tragiques qui ont marqué la vie du grand rebelle : la tentative d’assassinat de Matoub le 9 octobre 1988, son enlèvement le 24 septembre 1994 par un groupe de terroristes appartenant au GIA puis son assassinat le 25 juin 1998, aux côtés de scènes familiales émouvantes, comme celles de cette journée qui a précédé l’assassinat de Matoub près de Tizi Ouzou et où elle-même et ses deux sœurs Malika et Farida n’ont échappé à la mort que par miracle, non sans blessures, d’ailleurs, qui laisseront de grandes séquelles.
Mais Nadia montre qu’elle ne sait pas seulement rêver d’un grand amour et attendre que les circonstances se chargent de le concrétiser, elle sait aussi faire preuve de militantisme aux côtés - peu nombreux, hélas - de ceux qui font passer les revendications identitaires avant tout autre considération. Si l’on souscrit pleinement à ce combat de tous les instants contre un système négateur et discriminatoire, en revanche on ne partage pas du tout une pareille approche de la jeune fille lorsqu’elle assimile l’Arabe à un occupant et appelle à le débouter hors des frontières.
Où Nadia voyait l’Arabe, tout le monde aujourd’hui voit l’Amazigh aussi bon patriote que musulman. Quoi qu’il en soit, voilà un beau livre qui nous séduit autant par ses qualités littéraires que par les vérités qu’il contient, à la fois roman, autobiographie, mais à coup sûr un témoignage précieux sur une région au bord de l’explosion sociale et un grand amour.


j'ai le besoin
otmani kassa - etudiant - setif, Algérie

03/04/2012 - 29947

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