«Pour l'accessibilité des handicapés aux programmes audiovisuels» Diane Maroger, productrice déléguée du festival «Un autre regard»

Entretien réalisé par notre correspondant Constantine
A. Lemili

La Tribune : Comme il s'agit de la première édition du festival, peut-on connaitre comment est venue l'idée d'une telle manifestation et en même temps du thème '
DIANE MAROGER : Il s'agit d'un festival souhaité par les ministres Roselyne-Bachelot et Frédéric Mitterrand, car 2012 est l'année charnière qui permet de faire un bilan des conséquences de la loi du 11 février 2005 en matière d'accessibilité. En 2015, tous les bâtiments accueillant du public et services publics auront l'obligation de pouvoir accueillir les personnes handicapées. Il ne reste plus que 3 ans... La loi sur l'audiovisuel du 5 mars 2009 prenait en compte le besoin d'accessibilité des programmes audiovisuels pour les spectateurs sourds et déficients visuels : tous les programmes sont désormais sous-titrés sur les chaînes de plus de 2,5% d'audience et l'audio-description monte en puissance : 1 programme par chaîne et par semaine actuellement, 1 programme par jour début 2013. Les étapes à franchir pour que le cinéma soit aussi accessible sont encore nombreuses pour des raisons d'équipement et d'investissement dans les supports adaptés. Ce festival permettra d'annoncer des mesures incitatives, ce qui peut être fait, les initiatives de collectivités, d'associations et d'exploitants qui se bougent...Il est à noter que tous les films présentés lors de ce festival seront sous-titrés et audio-décrits, et que les échanges avec les réalisateurs seront traduits en langue des signes et transcrits à l'écran.

Que doit-on comprendre par «visibilité des personnes handicapées dans le paysage audiovisuel» '
Le cinéma et la télévision sont aussi des moyens d'accéder à la citoyenneté parce qu'on est représenté. Or, la représentation du handicap dans les programmes audiovisuels non spécialisés était encore rare ces dernières années. En 2011, le grand public a particulièrement bien accueilli Intouchables au cinéma et, à la télévision le téléfilm Simple et les mini-programmes le Vestiaire sur la chaîne France 2.De son côté, l'association «Retour d'image» programme sur le thème de l'image des personnes handicapées à Paris depuis 2003 avec le festival «Retour d'image». Elle s'est intéressée à l'histoire de la représentation des personnages handicapés au cinéma, c'est pourquoi elle programme aussi des films du patrimoine et des reprises. Elle mène une action éducative de qualité pour favoriser la rencontre et l'échange entre publics valides et publics handicapés. On peut noter que cette association est portée par des professionnels du cinéma, pour certains en situation de handicap.La représentation du handicap n'est plus un tabou : avec des émissions comme le Vestiaire ce sont même les réalisateurs et acteurs handicapés qui la mettent en scène, souvent avec humour !
Si cela peut contribuer à changer les regards sur le handicap à l'école, à l'embauche, et réduire les discriminations, on pourra parler d'un impact sociétal de la loi du 11 février 2005. Le festival doit permettre de célébrer cette diversité constructive et met un point d'honneur à accueillir les jeunes.

Est-ce qu'il y a un public spécifique qui est visé par cette manifestation '
Les jeudi 29 et samedi 31 mars, le grand public, jeunes et moins jeunes, avec 4 séances pour les scolaires, dans une vraie mixité avec le public en situation de handicap. Le vendredi 30 le public en situation de handicap et les professionnels du cinéma qui souhaitent s'informer sur comment mieux adapter une salle.

Pourrait-on connaître la liste et/ou les titres des films prévus aux projections et bien entendu leurs réalisateurs ' S'agira-t-il de films de fiction, de documentaires '
Il y aura des films de fiction, des documentaires, des dessins animés... La programmation sera en ligne d'ici le 10 février, quelques points de détail étant encore à régler. Je vous invite à découvrir notre sélection sur le site du festival «festivalunautreregard.com».