Algérie

«Pour l'accès du territoire algérien aux journalistes étrangers lors des législatives»



Soazig Dollet, chef du bureau Afrique du Nord et Moyen-Orient de Reporters sans frontières (RSF), exprime la «vigilance» de l'ONG quant à l'accès du territoire algérien à des journalistes étrangers pour la couverture des élections législatives du 10 mai et évoque la nécessité d'assurer la possibilité pour l'ensemble des journalistes algériens de couvrir le scrutin. Elle se félicite que «le niveau de violence à l'encontre des journalistes en Algérie est sans commune mesure avec les années noires», ajoutant que «la liberté de ton est réelle en Algérie en comparaison avec des pays du Golfe».
Le Temps d'Algérie : Comment évaluez-vous la situation de la presse, aujourd'hui, en Algérie '
Soazig Dollet : Le niveau de violence à l'encontre des journalistes en Algérie est sans commune mesure avec les années noires, ou le niveau de violences en Syrie ou au Bahreïn, Reporters sans frontières a condamné les violences à l'encontre de journalistes en mars dernier.
L'organisation sera vigilante notamment lors des élections à venir : accès du territoire aux journalistes étrangers, possibilité pour l'ensemble des journalistes algériens de couvrir le scrutin, etc.
Comment classez-vous la liberté de ton en Algérie comparativement aux autres pays arabes '
La liberté de ton est réelle en Algérie en comparaison avec des pays du Golfe. Un lecteur s'en rend tous les jours compte en lisant la presse algérienne, avec de nombreux articles critiques à l'encontre du pouvoir, mais également dénonçant la corruption. Du point de vue des caricatures et dessins de presse, la liberté de ton est à saluer. A quand le Ali Dilem saoudien '
Le monde a célébré, il y a quelques jours, la Journée mondiale de la liberté de la presse et d'expression. Quel bilan faites-vous au niveau mondial '
Reporters sans frontières est particulièrement inquiète par le niveau de violence. 22 professionnels de l'information et 6 Net-citoyens et citoyens-journalistes ont été tués depuis le début de l'année. Près d'un journaliste tué tous les cinq jours. La sécurité des journalistes est une des principales préoccupations de l'organisation.
En France, cette journée intervient sur fond de campagne électorale pour le deuxième tour de la présidentielle, avec, notamment, l'affaire de dépôt de plainte par le président sortant Nikolas Sarkozy contre Mediapart ' Qu'en pensez-vous et quelle serait votre position '
Reporters sans frontières (RSF) s'est déjà exprimé à ce sujet en déclarant que nous sommes inquiets. La campagne présidentielle en France, où le thème de la liberté de la presse a brillé par son absence, s'achève dans un climat délétère pour les médias.
Contester les conclusions d'une enquête journalistique est une chose ; multiplier les attaques publiques contre un média et ses collaborateurs en est une autre. Les mots ont un sens. L'excitation des esprits n'est pas sans conséquence : après le déversement d'insultes à l'encontre de Mediapart, ces derniers jours, une journaliste de ce site d'informations a été agressée, hier, alors qu'elle couvrait un meeting. Dans un affrontement déjà violent, les dirigeants politiques ont le devoir de faire preuve de retenue.
Nicolas Sarkozy et ses proches disposent de nombreux moyens pour contester les conclusions de cette enquête (sur le financement de la campagne électorale de Nikolas Sarkozy, en 2007). Mais toute mise en cause judiciaire doit respecter le droit à l'information et le secret des sources, a déclaré RSF. Nous déplorons profondément que la plainte, déposée par le président candidat pour faux et usage de faux et publication de fausses nouvelles, se fonde sur des dispositions du code pénal prévoyant des peines d'emprisonnement, et non sur la loi de 1881 sur la liberté de la presse. Il est à craindre, en effet, que les garanties spécifiques aux journalistes soient écartées et que la peine encourue ne vienne renforcer l'effet d'intimidation.

Chose nouvelle, en Algérie, des chaînes de télévision privées commencent à foisonner. Quelle est votre appréciation '
Cette ouverture consacre la fin du monopole d'Etat en vigueur depuis des décennies. Elle est donc une initiative à saluer. Toutefois, il est important qu'elle consacre un réel pluralisme de l'information et, par conséquent, que l'indépendance de ces chaînes privées soit assurée.
La liberté de la presse et d'expression autorise-t-elle, selon vous, la naissance de chaînes qui, comme celle appartenant à l'ex-FIS-dissous, ne condamnent pas le terrorisme '
La position de Reporters sans frontières est la même partout dans le monde : on ne peut empêcher aucun groupe, parti politique, organisation d'avoir son propre média. Toutefois, l'organisation condamne les dérives de l'ensemble des médias, quels qu'ils soient, notamment lorsque ces médias se transforment en médias de la haine, faisant l'apologie du terrorisme.




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