Algérie

Pour Kaïs Saïed, la voie est libre


Comme pour la plupart des peuples du Bassin méditerranéen, les Tunisiens sont assommés par la torpeur estivale ainsi que les grandes chaleurs que nourrissent de nombreux incendies ravageant divers endroits du pays. À peine tournée, la page du référendum sur la nouvelle Constitution proposée par le président Kaïs Saïed et dans l'attente de l'entrée en vigueur le 28 août prochain de la nouvelle Loi fondamentale, les esprits sont pour l'essentiel accaparés par les douloureuses contraintes d'un pouvoir d'achat fortement érodé et d'une crise socio-économique qui persiste malgré maintes promesses et initiatives du gouvernement. Cela étant, le président Saïed va continuer à utiliser les dispositions du décret 117 portant sur les «mesures exceptionnelles», malgré les vives réactions des partis qui contestent la démarche et réclament un «retour à la démocratie». Or, des législatives sont prévues pour le 17 décembre prochain, porteuses d'une nouvelle Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), auquel cas une nouvelle loi électorale devrait voir le jour incessamment. La question est de savoir quelle sera la décision du chef de l'Etat qui, lorsqu'il était candidat à la présidentielle, ne cachait pas son aversion pour les partis, aussi bien démocrates qu'islamistes, et défendait un autre système de gouvernance fondé sur des Assemblées populaires régionales et territoriales. Une sorte de Jamahiria tunisienne, en somme, sauf que le peuple tunisien n'est pas ancré dans un tribalisme majeur. Tous les partis, sans exception, sont hostiles à cette démarche et tous redoutent qu'elle ne s'achève par leur élimination du champ politique. Si l'hostilité des formations telles que Ennahdha et Al Karama ne fait pas l'ombre d'un doute, celle du Parti destourien libre l'est tout autant, Abir Moussi ayant clamé que dès l'ouverture de la prochaine ARP son parti oeuvrera à...annuler «la Constitution de Kaïs Saïed». Un programme qui ne peut que raviver les certitudes du président tunisien et l'encourager dans son effort d'extirper les «épines» partisanes implantées dans le pays. Convaincu de l'inéluctable disparition des partis, il s'est employé à instaurer, d'ores et déjà, les prochaines structures innovantes de l'action politique, au grand dam d'Ennahdha et de Rached Ghannouchi qui, au sortir d'un majless echoura, jeudi dernier, ont clamé leur indignation contre «le coup d'Etat» permanent et la mise en péril de l'édifice constitutionnel de 2014 par un référendum dont la légitimité électorale est contestable. Droit dans ses bottes, Kaïs Saïed n'a cure de ces agitations et poursuit son écriture d'une page nouvelle de l'histoire tunisienne, persuadé que les partis sont à l'agonie et que l'élaboration d'un nouveau Code électoral scellera leur mutation en coquille vide, pour peu que les uns et les autres choisissent de boycotter le scrutin comme cela fut le cas pour le référendum. Preuve que les absents ont toujours tort.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)