Algérie

Pour éviter l’endettement extérieur et la planche à billets: L’État empruntera de l’argent aux Algériens



L’endettement extérieur étant écarté, le financement non conventionnel pas recommandé, l’État a décidé de privilégier la solution consistant à emprunter de l’argent en interne. C’est ce que préconise, de nouveau, le premier magistrat du pays en mettant en exergue une des voies à suivre : attirer l’argent de l’informel.
Financer son déficit est et demeure une question centrale pour l’État, dont la finalité est de faire entrer le pays dans une nouvelle ère économique, avec comme objectif d’en finir avec la dépendance des revenus des hydrocarbures. Une immense œuvre quand on sait tout le poids des ressources pétro-gazières dans le produit intérieur brut (PIB) de l’Algérie, d’une part, et du déficit budgétaire qui impose une certaine ligne de conduite dans la gestion économique et sociale du pays, d’autre part. Le recours à l’endettement extérieur et la remise en marche de la planche à billets étant rejetés, les pouvoirs publics lorgnent donc les capitaux locaux. C’est dans cette perspective consistant à attirer l’argent des Algériens que dans la loi de finances complémentaire 2021, il a été précisé le moyen par lequel l’État compte financer son déficit budgétaire évalué à plus de 3 300 milliards de dinars.
Avant la promulgation de la loi de finances initiale déjà, vers la fin de l’année dernière, M. Aïmene Benabderrahmane, seulement ministre des Finances à ce moment-là, expliquait que le déficit budgétaire prévu dans le cadre de loi de finances 2021 allait être financé à travers l’application des mécanismes de la politique monétaire en concertation avec la Banque d’Algérie. Il s’agissait, entre autres, d’utiliser une partie des réserves et affectations constituées par la Banque d’Algérie. À travers ces mécanismes, il était dit qu’il sera procédé, par ailleurs, au placement d’une partie des fonds propres de la Banque d’Algérie en bons du Trésor. De plus, il était question, et cela semble toujours d’actualité, de ce que M. Benabderrahmane appelait «la dynamisation du marché des bons du Trésor, à travers le rachat d’importants crédits bancaires communs, et le refinancement des bons du Trésor émis en contrepartie du rachat de ces crédits bancaires communs». D’autre part, en plus de ces mécanismes, il était question de recourir à d’autres mesures susceptibles d’alléger la pression sur le budget de l’État et la finance publique en général, en mentionnant particulièrement le partenariat entre les secteurs public et privé et du développement des outils de financement bancaire, avec toute latitude au ministre des Finances de procéder à «des émissions permanentes de bons du Trésor sur formule et de bons et d’obligations du Trésor en compte courant, dont la souscription volontaire est destinée aux personnes physiques et morales». La mission des gestionnaires des affaires économiques et financières du pays consiste désormais à travailler pour trouver enfin le moyen de faire sortir au grand jour tout cet argent, que le Président Tebboune évalue à 10 000 milliards de dinars, soit 90 milliards de dinars, pour espérer mettre en œuvre les mécanismes devant permettre d’entamer l’effacement de la dette publique. Ceci en plus de la contribution du secteur privé, celui-là même qui fait travailler les banques publiques malgré la conjoncture.
La loi de finances complémentaire pour l’année en cours prévoit un étouffant déficit budgétaire de plus de 3 300 milliards de dinars, soit près de 25 milliards de dollars. Pour l’atténuer, il est donc recommandé de ne recourir qu’à l’endettement intérieur, ce qui ne sera pas sans conséquence sur la dette publique qui, à fin 2020, était de plus de 9 000 milliards de dinars, c'est-à-dire pas loin de 70 milliards de dollars, et une proportion du PIB (environ 45%) qui dit tout de la situation qui prévaut.


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