Il est manifeste que, quelque part, nous avons manqué une séquence des tragi-comédies qui se jouent intra-muros depuis quelque temps avec en point d'orgue le projet de loi contre la violence faite aux femmes et l'instruction relative à la commercialisation de boissons alcoolisées contestés par les islamistes. Cela bouillonne, mais les idées sont quelque peu rebattues et n'apportent point d'éléments nouveaux à un débat fortement biaisé. Or, ce sont encore les islamistes qui enfourchent le cheval de bataille, qui désavouent tous azimuts tout ce qui n'entre pas dans les normes qu'ils veulent imposer à la société. Que ce soit sur la question de la protection de la femme, y compris de son proche entourage - c'est là l'un des devoirs innés de l'Etat - de la vente des boissons alcoolisées, les islamistes, vent en poupe, n'y vont pas par des demi-mesures. Nous ne reviendrons pas sur les états de service de la femme algérienne concernant la libération, d'abord, - participation active et sous toutes ses formes à la guerre de libération - et du développement du pays ensuite - dans la santé, l'enseignement, la fonction publique, la femme algérienne est omniprésente - pour ne retenir que le fait qu'il est grand temps de reconnaître à l'Algérienne la place qui est la sienne dans la société pour s'arrêter aux vaticinations de personnes encore scotchées à la «jahiliya». L'islam n'a jamais assuré que la femme soit l'esclave de l'homme, bien au contraire. Cette vision rétrograde de la société ne peut plus avoir cours ici en Algérie. Aussi, il fallait dépoussiérer un Code de la famille qui date et qui n'est plus - si jamais il l'a été - en osmose avec les réalités de la famille algérienne. Il faut dire aussi, que le gouvernement doute et donne l'impression d'être peu sûr de ses convictions quand il fallait être ferme face à ceux qui remettent en cause les options de modernité dans le cadre de nos croyances. Pour ce qui est des boissons alcoolisées, il y a des gens qui veulent cacher le soleil avec un tamis. Pour avoir été parmi ceux qui ont contesté la politique du ministre du Commerce, notamment sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, nous sommes à l'aise pour dire combien il avait raison de remettre les choses à l'endroit, c'est-à-dire la légalisation de la commercialisation des boissons alcoolisées. Or, les islamistes et leurs supports l'ont, outre diabolisé, quasiment lynché. Il faut mettre un terme à l'hypocrisie sur cette question, d'autant plus que ceux qui consomment l'alcool en Algérie sont minimes au regard de l'ensemble de la population. Où est le problème si un Algérien sur 100.000 consomme de l'alcool' Ce n'est certes pas la fin du monde. Or, le recul du gouvernement - gel du décret du ministère du Commerce sur la commercialisation des boissons alcoolisées - induit outre la cacophonie dans ses rangs, le peu de maîtrise dont il fait montre dans la conduite des affaires de l'Etat. Il est patent que la légalisation de la consommation des boissons alcoolisées donne nombre d'atouts à l'Etat, en particulier celui de contrôle et de sanction sur les importations spécifiques - quand des tords-boyaux de provenance douteuse sont revendus par des commerces clandestins - comme de conforter le tourisme et légitimer le fonctionnement des hôtels de haut standing du pays. La prohibition des boissons alcoolisées est parfaitement absurde et est représentative de l'esprit obscurantiste de ceux qui l'initient car, qui a la prétention d'imposer à une société adulte la sobriété à coup d'interdits et de triques' Qu'est-ce qui fait urgence au jour d'aujourd'hui en Algérie' Est-ce le droit de violenter la femme, celui de prohiber l'alcool quand des problèmes autrement plus sérieux interpellent l'attention des représentants du peuple et du gouvernement, comme l'augmentation alarmante de jeunes drogués, la prostitution devenue, par la force des choses, un ultime recours, le chômage qui marginalise chaque année des milliers de citoyennes et de citoyens aptes à travailler. A l'évidence, ce n'était pas cela le plus important, Bacchus, le fait qu'on ne laisse pas l'homme violenter la femme en paix, voilà l'inconvenance de l'heure. Le problème posé par les députés islamistes, qui piégent l'APN et le pays, peut s'évaluer de diverses manières, dont le moins-disant étant encore celui de l'Etat de droit et du libre arbitre citoyen. Alors finissons-en avec le «religieusement correct». Pour le plus grand bien du pays.
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Posté Le : 19/04/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : N KRIM
Source : www.lexpressiondz.com