Toute Nation ne peut distribuer que ce qu'elle a préalablement produit, si elle veut éviter à terme la dérive sociale à l'image du Titanic où les gens dansaient pendant que le bateau coulait. Le développement de nouveaux besoins de protection remettent en question les formes héritées et obligent à repenser les institutions et les techniques. Par le dialogue social, l'Algérie a besoin d'une nouvelle vision stratégique, d'un système de protection sociale repensé ne sacrifiant pas les plus vulnérables, loin des schémas périmés du passé, liant dynamique économique et dynamique sociale au sein d'un monde de plus en plus globalisé.1. En reprenant la typologie des importants travaux du sociologue Denis KESSLER , je distinguerai six formes de protection sociale en Algérie, qui jouent un rôle décisif dans la couverture des risques de l'existence, d'une manière à la fois concurrente, complémentaire et solidaire les entités religieuses, la sphère informelle, la famille, l'entreprise, les marchés et l'Etat-Premièrement, les entités religieuses d'assistance qui dans les sociétés traditionnelles jouent un rôle pourtant important. Les entités informelles sont plus actives et ont plus d'impacts que ceux soutenues par l'Etat.-Deuxièmement, la sphère informelle, produit des dysfonctionnements de l'Etat, employant plus du 1?4 de la population active en Algérie qui contribue à travers des réseaux diffus à assurer la cohésion sociale, suppléant à la déficience de l'Etat. Car lorsqu'un Etat émet des lois ou une politique économique qui ne correspond pas à la réelle société, celle-ci enfante ses propres lois qui lui permettent de fonctionner, établissant des codes informels beaucoup plus solides que des lois que l'Etat veut lui imposer.( voir étude sous la direction du Pr Abderrahmane Mebtoul Institut Français des Relations Internationales ?IFRI- Paris France décembre 2013- Face aux enjeux géostratégiques, poids et fonctionnement de la sphère informelle au Maghreb-Troisièmement, la famille peut être considérée, d'un point de vue économique, comme une « petite société d'assurance », où l'on mutualise les risques au sein d'une famille élargie. Paradoxe, c'est le revenu familial qui permet de lutter contre la détérioration du pouvoir d'achat et la cohésion sociale (même marmite, paiement commun des charges eau-électricité ect..) Avec la contraction de la famille élargie, le développement de l'instabilité familiale, en cas de résolution de la crise de logement, sans relance économique, outre avec l'urbanisation effrénée, le manque d'aménagement du territoire avec la construction de ces ghettos sans âme, le gouvernement prépare involontairement le risque d'une implosion sociale, un ménage habitant seul ayant besoin d'un revenu minimal entre 40.000/60.000 dinars par mois.-Quatrièmement, l'entreprise est appelée à l'avenir à jouer comme facteur de gestion des risques de l'existence. Encore que la stratégie future des entreprises au XXIème siècle contrairement au XXème siècle où la ré internalisation est prépondérante s'orientera de plus en plus vers l'externalité. Cette question du partage des risques ouvre le débat concernant le développement de nouvelles fonctions de l'entreprise citoyenne dans un environnement mondial concurrentiel,, sur la création de fonds de pension ou d'une assurance maladie qui, parce que gérée dans un univers plus concurrentiel, redeviendrait une fonction d'entreprise.- Cinquièmement, lié au précédent, comme acteur historique de la protection sociale, les marchés. Le grand historien de l'économie Fernand Braudel dans sa description du capitalisme par exemple, a bien montré le rôle décisif des marchés dans la couverture des risques. Des risques industriels et financiers mais aussi sociaux. L'épargne, l'assurance et la prévoyance ont été posées dès le début du XIXe siècle comme le principal moyen de se protéger contre les risques de l'existence avec la création en France des Caisses d'épargne (1818) ainsi que l'encouragement de l'assurance. Cette fonction de l'épargne dans la protection contre les risques est restée prépondérante jusqu'à la crise de 1929, qui a eu pour conséquence le relais par l'Etat accentué au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, où les mécanismes collectifs de répartition des revenus ont eu tendance à se substituer à des mécanismes reposant sur les marchés financiers ou sur les marchés d'assurance. Mais depuis la fin des années 1990 il y a un retour certain des marchés qui apparaissent plus sûrs aujourd'hui que certains dispositifs collectifs.- Sixièmement, entre ces ensembles d'institutions, notamment famille, entreprise, marchés, qu'intervient le rôle en plusieurs étapes qui a largement évolué de l'Etat en tant qu'institution. L'Etat est d'abord intervenu en matière de protection sociale comme employeur, pour aménager le statut des fonctionnaires : la retraite, par exemple, fait, depuis fort longtemps, partie intégrante du statut du fonctionnaire. L'Etat ensuite a encouragé les formes de protection sociale mises en ?uvre dans le cadre de la famille, de l'entreprise ou des marchés par toute une série de mesures d'incitation ou de soutien. Dans un troisième temps, les pouvoirs publics ont cherché à organiser et normaliser les formes privées de la protection sociale. Avec l'institution de la Sécurité sociale, l'Etat fait de la protection sociale une de ses fonctions fondamentale. Les crises économiques à travers l'histoire contemporaine, dont la plus récente est celle d'octobre 2008, montrent clairement que l'Etat essaie de suppléer, mais d'une manière ciblée, à la déficience du secteur privé, mais l'Etat providence trouve des limites face aux contraintes budgétaires. Pour l'Algérie, les mutations sociales de la famille algérienne ont généré des risques nouveaux avec la dislocation familiale et se pose les limites d'une corrélation entre la nécessité de Etat- providence et la désagrégation de la cellule familiale lorsque les revenus ne parviennent pas à couvrir les besoins. Cela peut conduire à des tensions sociales, l'Etat ayant habitué les citoyens « du tout gratuit » pour une paix sociale fictive. Or, avec la baisse de la rente des hydrocarbures, sans relance de l?appareil productif, supposant une autre gouvernance, l'appui de l'Etat lorsque le risque de devenir malade, invalide, ou celui de perdre son emploi s'il n'est plus mutualisé au sein de la famille, deviendra de plus en plus difficile2.- C'est que la protection sociale pose la problématique des objectifs poursuivis dans les redistributions opérées entre les individus et entre les générations. Et la meilleure protection sociale (l'économie de la connaissance pivot de tout processus de développement) est une formation continue de qualité afin de permettre l'insertion facile au sein du marché du travail qui est appelé à connaitre ?importantes mutations avec la quatrième révolution industrielle. Le monde d'une manière générale et l'Algérie d'une manière particulière, surtout grâce à la rente des hydrocarbures, a vécu sur un modèle égalitaire simple, l'Etat propriétaire gestionnaire régentant l'ensemble de l'activité économique et sociale réduction des inégalités, développement des prestations sociales pour tous, bien que certains contestent que ce modèle ait été équitable. Mais ce compromis est remis en cause avec l'évolution d'une société plus ouverte, plus individualiste exigeant des traitements plus personnalisés, avec comme toile de fond une croissance plus sélective. De ce fait cela remet en cause le traitement statistique global qui correspond de moins en moins à la réalité plus complexe. La société de marché incitant naturellement à plus d'efforts et de dynamisme et la solidarité dans la compétition implique de cesser d'exclure sous peine de devenir une société de décadence. Penser à l'avenir de la protection sociale suppose de savoir quel sera le rôle de chacune de ces institutions existant des combinaisons entre elles. C'est que l'analyse des redistributions est rendue complexe en raison de la grande variété des transferts sociaux qu'un ménage peut recevoir. Pour restaurer l'efficacité du système, tout en assurant la cohésion sociale, il faudra redéfinir les frontières entre ce qui relève de la responsabilité des individus et des familles, de l'entreprise, des partenaires sociaux au niveau de la branche ou au niveau national, et ce qui relève de l'Etat et des autres collectivités publiques. Les expériences positives des pays nordiques qui ont assuré l'harmonie entre la flexibilité du marché du travail et la protection sociale est à méditer. Le système algérien de protection sociale met en ?uvre des transferts tellement diffus que plus personne ne sait qui paye et qui reçoit et ce malgré que l'Etat engage depuis 2007/2015 une part importante du produit intérieur brut, aux transferts sociaux, mais mal gérés et mal ciblés. On ne connaît pas le circuit des redistributions entre classes d'âge ; entre générations et encore moins bien les redistributions entre niveaux de revenus ou de patrimoine. D'une manière générale, le gouvernement algérien , doit méditer la récente faillite de l'économie vénézuélienne, du tout social avec une inflation de 180% en 2016 (planche à billets) , pays beaucoup plus riche que l'Algérie, 300 milliards de barils de pétrole, contre 10 pour l'Algérie, des réserves équivalentes en gaz naturel et de surcroît des potentialités agricoles énormes alors que l'Algérie est un pays semi aride. Pour cela, l'Algérie a besoin d'une vision stratégique qui fait cruellement défaut assistant à des actions conjoncturelles pour parer au plus pressé ce qui ne fera qu' accroître la crise à terme. Or les institutions supposant éclairer le gouvernement sur les enjeux géostratégiques et proposer des solutions concrètes, de surcroît budgétivore dont l'Institut de stratégie globale( se limitant à des conférences) , le Conseil Economique et Social dont la composante n'a pas varié depuis des décennies,(voir ses analyses euphoriques entre 2009/2011 prédisant l'embellie financière , ayant depuis pris le train en marche ), sans compter d'autres au niveau de départements ministériels, sans coordination entre elles n'ont pas joué leur rôle. L'on doit impérativement revoir leur fonctionnement par un regroupement en un organe unique, et animé par les meilleures compétences nationales loin de toute cooptation, sous l'égide du président de la république ou du Premier Ministre.En résumé, il y va de la sécurité nationale, si l'Algérie veut éviter le retour au FMI 2018/2019, avec des ajustements sociaux douloureux, une dévaluation importante de sa monnaie, la seule solution pérenne implique des intermédiations politiques et sociaux crédibles afin d'éviter un affrontement direct forces de sécurité citoyens avec des couts colossaux, un nouveau modèle social collant aux réalités économiques et donc une révision profonde de l'actuelle politique socio-économique loin des schémas périmés du passé, passant par de profondes réformes structurelles, loin des aléas de conjoncture, conciliant efficacité économique et équité, par une solidarité sans faille.NB Le professeur Abderrahmane MEBTOUL a dirigé avec une équipe pluridisciplinaire le dossier emploi/salaires pour le compte de la présidence de la République (8 volumes 2007/2008). -Pr A. Mebtoul : 10 recommandations pour la gestion des caisses de retraite | 16/17/06/2016 sur les sites .com-www.maghrebemergent.com-www.algerie1.com-www.matindz.net-www.algeriepatriote.com-By Professor A. Mebtoul is a member of several international organizations. Jun 16, 2016? en anglais « Algeria's future challenge- Reinventing itself under a new governance »| Algeria, Culture, Diversification of the economy, Economic Development, Education & Culture, Emerging Markets,Finance and Investment, Human Resources, Income Tax and Corporate Tax,Investments, Mediterranean Sea, MENA, Monetary policies, Politics- Doha /Bruxelles diffusion internationale Amérique-Europe-As-Interview sur ce sujet quotidien Chorouk 10/06/2016 et 15/0+6/2016 et interview télévision Ennahar 18/06/2016
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Posté Le : 17/10/2016
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Abderrahmane MEBTOU
Source : www.reflexiondz.net