Le gouvernement entend mettre en place plusieurs mécanismes permettant de combler le déficit budgétaire de l'Etat, causé par la baisse drastique des revenus des hydrocarbures et le volume élevé des importations. Les pouvoirs publics ont choisi de recourir au système de la finance islamique, comme une option parmi d'autres permettant d'assurer la liquidité au Trésor.
Le développement de la finance islamique s'annonce de bon augure pour les finances publiques algériennes, à croire Ezzedine Ghlamallah, fondateur et directeur du cabinet de conseil Saafi, spécialisé dans la conception et la distribution de solutions d'accès à l'assurance Takaful et à la finance islamique. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait annoncé, lors de la présentation du plan d'action de son gouvernement, aux députés de l'APN, l'introduction de ce système financier dans deux banques publiques avant la fin de l'année 2017. Ezzedine Ghlamallah explique que dans la perspective de faire évoluer rapidement ce secteur, «une offre financière conforme à la jurisprudence musulmane sera offerte par deux banques publiques», dans un premier temps, d'ici la fin de l'année. Les banques concernées sont la CPA et la BNA. Ces banques vont financer en premier lieu, par le principe de la murabaha, les crédits à la consommation sur le produit local, comme l'électroménager et les voitures, ou encore l'achat des matérirels médicaux, comme nous l'avons annoncé dans une édition précédente. Quatre autres banques publiques se doteront de cet outil d'ici 2018 et vont intégrer les «sukuk» dans leurs systèmes. Le fondateur de SAAFI a relevé également que d'autres mesures sont prévues par le gouvernement, dont «le recours à plusieurs émissions souveraines de sukuk entre 2018 et 2022, dont la première devrait avoir lieu l'année prochaine», a-t-on souligné. Une mesure qui consiste à l'achat des obligations sans taux d'intérêt, avec une marge bénéficière importante. Ce qui va inciter les plus réticents à mettre leur argent dans les banques. «L'offre financière islamique proposée par les banques publiques doit permettre de mobiliser les ressources se trouvant en dehors du circuit bancaire alors que les émissions souveraines de sukuk doivent permettre à l'Algérie de financer son déficit sur les marchés financiers islamiques», selon Ghlamallah. L'Algérie accuse un déficit budgétaire de 12,9 % du PIB en 2016, d'après le Fonds Monétaire International. En l'occurrence, il est indispensable d'aller chercher au moins «18 milliards de dollars sur les marchés financiers, ou dans l'économie informelle qui, d'après le gouverneur de la Banque d'Algérie, représenterait 20 milliards de dollars en circulation», a estimé Ghlamallah. La finance islamique introduite dans les années 90 par la banque Al Baraka d'Algérie est restée relativement peu développée en Algérie, en l'absence d'un cadre juridique et règlementaire. Aujourd'hui, seules certaines banques privées disposant de capitaux étrangers, telles que les banques Al Baraka d'Algérie, Algeria Gulf Bank, Al Salam Bank Algeria et Trust Bank Algeria proposent des produits financiers islamiques. Fondée sur le principe de la marge bénéficiaire, cette mesure interdit l'intérêt, l'incertitude, la spéculation et fonctionne par la murabaha et les sukuks, entre autres.
S'agissant du recours aux techniques de financement non conventionnelles (politique de taux bas et assouplissements quantitatifs), l'expert estime que l'injection massive de liquidités créées ex-nihilo permettra certes de payer les salaires des fonctionnaires algériens mais aura pour conséquence immédiate de renforcer l'inflation. Avec la dépréciation du dinar algérien, ce palliatif aura pour effet secondaire d'alourdir la facture des importations qui contribueront à la détérioration de la balance commerciale et donc, in fine, à l'aggravation du déficit, engendrant un cercle vicieux ne permettant pas de s'en extraire, fait-il savoir.
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Posté Le : 01/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Fella Hamici
Source : www.letempsdz.com