Poudrière libyenne

Depuis la chute de l'ancien régime, la Libye vit toujours dans la perspective d'une réelle stabilité. Cela fait quand même trois ans que cette attente dure et, dans la vie d'un Etat, c'est énorme. La Libye est encore et toujours à la recherche d'institutions solides qui disposeront de ce que les spécialistes considèrent comme le monopole en matière de lois et, encore plus dans le cas de la Libye, de celui de la force, aujourd'hui accaparée par différentes milices. Ce qui signifie l'instauration de leurs lois à l'exclusion de toutes autres. Ces milices n'ont pas hésité à le rappeler, même aux plus hautes autorités, comme le Premier ministre Ali Zeidan, enlevé pendant quelques heures de l'intérieur même de son hôtel, un endroit supposé sécurisé. Et on ne sait pas encore s'il a été relâché ou libéré, et là, s'interroge-t-on, par qui ' Ou encore l'attaque, jeudi, contre le quartier général de l'armée à Tripoli.La Libye, devenue un immense dépôt d'armes, fait également peur à ses voisins et même au-delà. Le ministre nigérien de l'Intérieur vient de s'en faire l'écho en affirmant que le sud de la Libye constitue «un incubateur des groupes terroristes». C'est en fait une précision apportée aux déclarations d'un haut responsable du Renseignement américain qui a qualifié le Sahel «d'incubateur» pour les groupes extrémistes. Un fait mais aussi des responsabilités, et le ministre ne manque pas de les situer. Aussi a-t-il dit, «les puissances qui sont intervenues en Libye pour renverser le colonel El Gueddafi, à la suite de quoi la Libye est devenue aujourd'hui le principal sanctuaire terroriste, doivent faire le service après-vente. Il est tout à fait légitime que la France et les Etats-Unis interviennent pour éradiquer la menace terroriste dans le sud de la Libye».Plus qu'une suggestion, il s'agit là d'un appel dénué d'ambiguïté. Sera-t-il entendu ' Mais, plus généralement, que sera la Libye étant entendu qu'à ce stade, elle est considérée comme un danger pour la région, alors qu'elle-même n'est pas épargnée ' Sa population use de tous les moyens pour le rappeler à ceux qui se partagent aussi bien le pouvoir, par la seule force des armes, que le pays et ses richesses. Des fractures sont en train d'apparaître, avec des régions nettement opposées, alors que le pouvoir tente de mettre sur pied des forces et des institutions authentiquement nationales.Il a déjà le soutien de la population excédée par tant d'opposition. Il n'y a plus aucun agenda et les institutions en place ? comme le Congrès général national (CGN) dont le mandat a pris fin hier mais que ses membres ont décidé de proroger jusqu'en décembre ? sont très contestées. Dans un tel climat, la situation en Libye devient complexe. Au plan intérieur, elle est au moins précaire, mais de l'extérieur, elle devient dangereuse. Une vraie poudrière. A quand la fin et de quelle manière '