Algérie

Potins du vendredi



D'abord ce chauffeur de taxi qui nous ramenait ce matin de l'ouest d'Alger vers la place Audin. Contrairement à la majorité de ses autres collègues qui se sentent toujours obligés de vous faire la discussion ou la faire à eux-mêmes, celui-là n'est pas vraiment bavard. Il fallait vraiment aller le chercher donc pour lui arracher une phrase. Pourquoi ne pas commencer par la météo, puisque ça tombait bien, il faisait déjà chaud à 9 heures. On pensait qu'il allait évidemment fulminer contre la température et l'enfer du travail dans ces conditions. Non, le bonhomme ne s'est pas plaint. Il nous dit que la circulation était en mode bonheur et qu'il avait l'habitude des vendredis. Il va s'arrêter à midi, aller faire sa prière et rejoindre la foule des marcheurs à la Grande-Poste. Puis, avec un sourire complice, il ajoute : il faut juste éviter la Moutonnière et l'autoroute. « Si vous êtes pris là, vous pouvez dire adieu et à la prière et à la marche .» Ensuite, ces pauvres policiers affectés à la circulation rue Didouche. Faire passer les voitures par un jour de marche, ça se voyait sur leur visage que ce n'était pas vraiment la belle vie. Et puis cette affiche collée à un mur d'immeuble qui rassemblait la foule. Son contenu, une lettre rédigée en arabe, avec des mots pas très sympas à l'endroit de Gaïd Salah. Il fallait agir, ça se voyait qu'ils voulaient se rendre utiles mais ce n'est pas « leur boulot ». Comment faire alors ' Ils ont appelé des « civils » postés à une cinquantaine de mètres qui étaient en train de fouiller le sac d'un jeune homme. Ils ont arraché l'affiche sans même la lire et sauvé la vie à leurs collègues de la circulation, heureux de s'en sortir sans risque, avec, en plus, le sentiment du devoir accompli. Et ce gaillard barbu en qamis installé sur le trottoir, pas loin de la place Audin. A voir son accoutrement, ses gesticulations et le ton dans lequel il parlait, on aurait cru à un de ces illuminés qui fait son prêche. Une fois qu'on l'a entendu, on est vite? rassuré. Pas un mot de ce qu'on aurait attendu. Parmi les slogans qu'il avait le plus répétés : « Djazaïr horra dimocratia » et le nouveau « Ya Amirouche, ya l'Haouas, Bouregaâ rah fel Harrach » ! Enfin, ce septuagénaire qui tombe du ciel, ou plus exactement qui tombe comme un cheveu sur la soupe. Lui, il est venu défendre la cause de? Gaïd Salah. Il a même cru pertinent, voire intelligent de faire la morale à un groupe de jeunes qui s'en prenaient au chef de l'armée. Mal lui en prit, puisque les jeunes manifestants, sans le bousculer ni l'insulter, l'ont gentiment accompagné vers une ruelle pour lui signifier que sa place est ailleurs. Et il a compris.S. L.


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