Algérie

Potentiels sur dominos de misère



La menace terroriste dans la région sahélo-sahélienne«existe mais est exagérée». C'est le constat du commissaire à la paix et à lasécurité de l'Union africaine (UA), Saïd Djinnit, comme en écho aux récentesactions terroristes en Mauritanie et l'annulation du rallye Dakar.On est pourtant bien forcé de prendre en compte cettesuccession d'éléments de déstabilisation qui épousent un grand arc de cerclequi va du Soudan à la Mauritanie, en passant par le Mali, le Tchad et notreterritoire. Tous les éléments en oeuvre ne sont pas à classer dans la mêmerubrique mondialisée du terrorisme mais tendent à s'imbriquer pour forgerl'image d'une zone sahélienne gravement déstabilisée et servir, in fine, dejustification à l'installation directe de puissances extérieures.Si l'Africom américaine ne rencontre pas l'enthousiasme surle continent, cette série d'actes, certains explicables par les conditionslocales, d'autres beaucoup moins, tendent à présenter cette installation commeutile et nécessaire, voire impérieuse pour la sécurité de la région. Lestensions locales, qui ne sont pas de même nature et ne répondent pas aux mêmescontraintes, sont-elles «fusionnelles», tel que cela est clairement suggéré pardes analyses occidentales ? Ces analyses convergentes obéissent à un agendaévident de justification d'un élargissement de la politique militariste enoeuvre au Moyen-Orient et en Asie. En clair, cesanalyses se fondent sur le constat, difficilement contestable, de la faiblessedes Etats pour énoncer que toute la région est en voie de somalisation et quecela commande une action plus interventionniste de la «communautéinternationale».Toutes les hypothèses sont ouvertes, puisque même lesquestions préalables de la connaissance des acteurs et leurs buts ne trouventpas de réponses claires. La seule certitude est que la région est soumise à despressions multiformes et que les Etats pourraient être dépassés par des jeuxcomplexes.  Sans verser dans lathéorie du complot, il ne faut pas oublier que l'existence des Etats dans leursfrontières actuelles n'est plus un dogme et que les temps sont aux remodelages,dans le sens du démembrement. A regarder cette région de près, qu'observe-t-on:un potentiel gigantesque en sous-sol (pétrole, gaz, uranium...) et un terrainpropice pour faire jouer les dominos de la misère.On peut spéculer à foison sur ces actes de déstabilisation,les pays qui sont visés et ceux qui sont curieusement épargnés - avec les mêmespopulations et dans la même région -, se demander «à qui profite le crime»,conjecturer sur l'éventualité d'une somalisation à l'échelle régionale. Leshypothèses sont ouvertes, mais il est évident que l'on doit revenir à uneexplication fondamentale: moins les Etats sont organisés dans le sens d'uneintégration politique et économique de leurs populations et plus le champ desmanoeuvres, terroristes ou barbouzardes, est large.
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