Algérie

Position versatile


Le gouvernement espagnol de Pedro Sanchez n'a pas fini d'expérimenter la nature versatile du makhzen, qui a ouvertement réaffirmé la marocanité de Ceuta et Melilla à travers une lettre émanant du ministère marocain des Affaires étrangères, datée du 17 mai dernier, adressée à la Commission européenne. Réagissant à des déclarations du vice-président de la Commission européenne chargé de la Migration, Margaritis Schinas, reprochant au Maroc de recourir aux « menaces hybrides » et d'utiliser les immigrés comme « une arme » lors d'un forum européen sur la sécurité et la défense, tenu au début du mois en cours, tout en considérant les deux enclaves de Ceuta et Melilla comme « frontière de l'Union européenne », le Maroc a pris soin de se référer, dans sa lettre de protestation, à Ceuta et Melilla comme étant « marocaines ». Les Espagnols qui n'en croyaient pas leurs yeux et oreilles ont été choqués par cette sortie du Maroc.Cette référence a également provoqué un mécontentement de la diplomatie européenne, qui a estimé que « ce n'est pas le comportement de respect et de subtilité qu'on attend d'un pays qui reçoit beaucoup d'aide » des Vingt-sept, selon ce qui a été rapporté par le quotidien espagnol ‘El Pais'. Ajoutant que ses sources estiment que la référence marocaine à la marocanité de Ceuta et Melilla est en contradiction avec la Déclaration conjointe, publiée le 2 février à l'issue de la conclusion à Rabat de la 12ème Réunion de haut niveau Maroc-Espagne, qui a mis l'accent sur « le respect mutuel et la mise en ?uvre des engagements et des accords signés par les deux parties, dans lesquels les questions d'intérêt commun sont abordées dans un esprit de confiance, loin des actions unilatérales ou des faits accomplis». De son côté, le chef du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a souligné que les deux parties, espagnole et marocaine, ont « assumé un engagement de respect mutuel, par lequel dans notre discours et dans notre pratique politique, nous allons éviter tout ce qui offense l'autre partie, notamment tout ce qui affecte nos sphères de souveraineté respectives ». Est-ce une manière de dénoncer le non-respect de cet engagement par la partie marocaine, ou un aveu d'avoir été dupé en soutenant la position du Maroc d'un présumé plan d'autonomie pour le Sahara occidental ' Bien évidemment, cette « offense à la souveraineté de l'Espagne », qui a pris de court le gouvernement espagnol et provoqué la colère de l'opinion de ce pays, ainsi que le mécontentement de la diplomatie européenne, ne peut pas être sans arrière-pensée. Est-ce que le Maroc est assuré de tenir le chef du gouvernement espagnol par la main qui fait mal, comme dit l'adage, pour aller si loin dans la négation de ses engagements ' Cela confirme que le discours du makhzen, ses propositions, sa politique et sa diplomatie ne sont jamais à prendre au mot. Le chef du gouvernement espagnol, qui en fait l'amère expérience, aura plus de mal à s'expliquer devant une classe qui, sans cette « offense », s'est opposée au soutien au présumé plan marocain d'autonomie du Sahara occidental.
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