Portrait. Omar Chibane, l'artiste cordonnier

Omar Chibane, quadragénaire, cordonnier et artiste-peintre est un autodidacte. Natif de la commune de Chorfa, à l'est de Bouira, il se remémore qu'il avait développé un penchant pour le dessin et les arts en général dès sa tendre enfance. Plus précisément à l'école primaire.Au fil des années, la passion pour la peinture ne le quitte jamais. Petit à petit, l'enfant commence à manier parfaitement le pinceau et la palette. Pour lui, le dessin est une compensation. «Ce que je n'arrive pas à exprimer avec les mots, je le fais avec le pinceau. Et puisque l'art ne fait pas vivre en Algérie, j'ai décidé de me consacrer au métier de cordonnier pour nourrir ma famille. Art pictural et cordonnerie sont pour moi un ensemble indissociable», tient-il à faire savoir.
Notre artiste a une prédilection particulière pour les portraits en buste. Il représente avec aisance les émotions des célébrités algériennes, allant de l'Antiquité jusqu'à l'ère contemporaine. A travers les regards des personnages qu'il peint, il nous replonge dans leur parcours et dans l'histoire. «Quel que soit le domaine que l'on choisit, on ne le perfectionne qu'en s'exerçant. Avec l'âge aussi, notre perception des choses évolue. Chaque âge apporte une nouvelle touche.
C'est ce que je constate lorsque je revois les quelques toiles qui me restent encore», dit-il. Il se rappelle de l'époque où il participait à des expositions dans plusieurs wilayas du pays. Ce qui n'est plus le cas actuellement.
Il regrette avec amertume le désert culturel qui ne cesse d'occuper les espaces et les esprits. Néanmoins, il garde une lueur d'espoir. Dans les armoires de son exigu atelier où sont entassées des dizaines de paires de chaussures usées, un espace a été aménagé pour faire office de mini-bibliothèque.
L'artiste cordonnier est aussi un lecteur qui aime faire découvrir des écrivains à ses clients. «La lecture est un enrichissement intellectuel», dit-il, lui, qui s'affiche toujours comme ennemi de l'obscurantisme. Lors des débats qu'il anime de temps à autre au sein de son atelier, il arrive toujours à subjuguer ses interlocuteurs.
Sa bonne mémoire l'aide beaucoup. Il argumente souvent en citant des extraits de livres d'auteurs célèbres et des poèmes d'antan. Le rêve de Omar est d'assister à un renouveau culturel, à un foisonnement d'idées constructives qui balayera le règne de la médiocrité.