En Algérie, apparemment, il n'y a qu'une seule alternative : ou on vole, corrompt et détourne en toute impunité des sommes faramineuses comme le font avec art les vampires de Sonatrach, ou bien on crève de faim d'avoir été honnête, d'avoir aimé et honoré ce pays. Je veux parler de qui ' De vous lecteurs, mais aussi et surtout de Nassou Mohamed et Sid Ali Amar, deux grands joueurs de l'équipe nationale des années post-indépendance.
A peine mon papier sur Lalmas publié (voir Liberté du 27 février) que je reçois des appels et des mails me signalant le cas désespéré de ces deux ex-internationaux que les moins de quarante ans ne connaissent pas. Nassou fut un très grand gardien à la JSK, au CRB et en équipe nationale, un gardien bondissant comme un chat. On l'appelait d'ailleurs Le chat noir. A cette époque du socialisme pour tous, sauf pour les dirigeants qui vivaient en capitalistes, Nassou ne touchait pas le centième de ce que touchent aujourd'hui des gardiens chats-de-gouttière qui ne lui arrivent pas à la cheville.
Au CRB, il ne déjeunait que de sandwich, avec des primes dérisoires. Ahmed Ghanem, un lecteur, m'indique, avec les mots du c'ur, que Nassou, cet athlète modèle, est aujourd'hui handicapé moteur. Il végète à Aïn Benian sans prise en charge, sans moyens. Quant à Sid Ali Amar, il a la maladie de l'oubli. Il a tout oublié. Oublié ce qu'il a été, oublié ses sacrifices et ses combats en équipe nationale pour que notre drapeau ne soit pas bafoué par de petites équipes. C'était un défenseur athlétique, viril et rugueux, sans peur et sans reproche. Il se serait tué pour son pays.
Aujourd'hui, son pays l'a oublié. Mais lui, Amar, a parfois la mémoire qui revient. Et c'est douleur, car il préfère l'amnésie à la souffrance de l'ingratitude. Ce n'est pas lui qui le souligne. C'est moi. Lui, Nassou et Lalmas et tant d'autres gloires d'hier ont trop de 'nif" pour accuser ou dénoncer, quémander ou supplier. Tête haute, ils étaient, tête haute ils sont, tête haute ils mourront.
Mais enfin, posons-nous la question : comment un pays qui a plus de 190 milliards de dollars dans les caisses, qui lance des projets pharaoniques, peut-il oublier à ce point ses fils dans la détresse ' Comment, je vous le demande ' Quel est l'ex-international français dans la dèche aujourd'hui ' Qu'on me donne un exemple.
Je sais bien que cet exemple fâche, je l'ai pris justement pour fâcher, pour indigner. L'indignation, et je pense au regretté Stéphane Hessel, est un signe d'humanité, de solidarité, mais aussi de prise de conscience.
Au nom justement de l'humanité, il est urgent d'agir pour sauver ce qui peut l'être de nos idoles d'hier. Qu'on crée, comme ailleurs, un fonds de solidarité, qu'on fasse un téléthon, qu'on pleure, qu'on danse, qu'on trépigne, l'important est de rendre à Nassou et Amar un peu, un tout petit peu de ce qu'ils nous ont donné : de la joie et la fierté d'être algérien.
H. G.
hagrine@gmail.com
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Posté Le : 03/03/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hamid GRINE
Source : www.liberte-algerie.com