Algérie

Portrait, Hadj Banouh Mosbah, Une figure, une histoire



On se souvient, c’était le 17 mai dernier, toute une communauté qui vient d’endurer la pénible épreuve du décès de l’un des plus grands cheikhs de la communauté mozabite, en la personne de Hadj Banouh Mosbah, à l’âge de 97 ans. Une lumière qui vient de s’éteindre aux yeux de ses proches et de ses sympathisants.

Né en 1909, il fut élevé dans une famille noble. Après ses études primaires et son récit du Coran et après la nomination en 1923, de son père, Hadj Ahmed, en qualité de notaire au tribunal de Constantine, il fut inscrit à l’institut islamique de l’imam cheikh Abdelhamid Ibn Badis. En 1927, il rejoignit l’Association des étudiants mozabites à Tunis, sous l’égide de Ibrahim Abou El Yakdane, où il poursuivra ses études à la mosquée Zeïtouna, sous l’ombrage des Oulémas, tels que cheikh Mohamed Ezzaghouani, cheikh Abou Achour, cheikh Abdessalam, et bien d’autres. Après la disparition, ces derniers temps, de certains religieux ibadites : cheikh Bayoud, cheikh Addoun et cheikh Hammou Fekhar, il serait enthousiasmant de relater, en quelques lignes, un bref exposé sur la doctrine de la grande communauté ibadite, rapportée notamment aux quatre autres rites de l’Islam. Pour commencer, il faut savoir que l’ibadisme, comme rite islamique est, du point de vue historique, le plus ancien. Son fondateur, l’imam Jabir Ibn Zayd abou As’shaâfa, est né en l’an 19 de l’hégire, sous le califat de Omar Ibn El Khettab (la bénédiction de Dieu sur lui). Les fondements de la pensée ibadite s’articulent autour de trois axes : la doctrine ou dogme religieux, la politique, la théologie (l’ijtihad sur la science de la religion musulmane). Au plan de la doctrine, l’Islam est un tout composé de trois éléments fondamentaux : le dogme Al Akida, la parole Al la rhétorique ou encore le témoignage verbal, Al a’mal, le travail, l’œuvre, l’action, la pratique. L’un est indissociable des autres. Par exemple, Abou Taleb, l’oncle du Prophète, a cru en Mohammed (QSSSL), mais il n’a pas dit la chahada et n’a pas suivi le Prophète dans ses œuvres. Il ne peu donc être considéré comme musulman. Il est encore des gens, les Pères Blancs, par exemple, la Croix-Rouge, qui font de bonnes actions mais n’ont pas la croyance. Ceux-là non plus ne sont pas musulmans. L’Islam, chez les ibadites, est une croyance dans le cœur et dans les gestes, un témoignage verbal appelant à la croyance et au travail, une pratique du bien. Ainsi, les ibadites considèrent que celui qui délaisse le travail et la vraie pratique de la religion musulmane, n’est pas à considérer comme un véritable musulman. Il est traité sur terre comme un musulman, mais au regard de Dieu, il est semblable à celui qui ne fait pas sa prière, celui qui s’adonne à l’alcool, celui qui tue ou vole… Mais puisqu’il a dit la chahada, il n’appartient pas, à nous les êtres sur terre, de le juger. Les ibadites le traitent donc comme l’un des leurs, comme tout le monde. C’est ainsi qu’un professeur d’une université britannique a donné une bonne définition de l’ibadisme : « C’est l’Islam pratiqué dans la vie. » Du point de vue politique, en Islam, selon les ibadites, le pouvoir est communautaire et exclut tout hégémonisme. Celui notamment qui consiste à dire que le pouvoir doit appartenir à la lignée du Prophète (QSSSL). Le pouvoir en Islam est le rassemblement de toute la Oumma. Les musulmans désignent ceux capables de les diriger, sans distinction de race, de couleur, de rite ou de lignée. En Islam, c’est la démocratie qui permet l’émergence. Les ibadites, dans leur rapport avec le pouvoir, respectent l’ordre et l’obéissance, même si le pouvoir est injuste. A condition qu’il n’ordonne pas la non-croyance, l’interdiction de prier ou l’obligation de boire du vin, car dans ces conditions, ils n’obéissent pas. S’il est injuste d’une autre manière, les ibadites se limitent aux conseils et à la prévention, sans faire de révolution sanglante si celle-ci doit conduire au chaos ou à une guerre civile. Cependant, dans l’ibadisme, il y a eu deux révolutions « Blanches » sans effusion de sang, pour changer le régime. La première à Tripoli, pour destituer le gouverneur représentant les Abbassides. La seconde, c’est la désignation légale et pacifique d’Abderrahmane Ibn Rostom. L’ibadisme est contre toute forme de violence, même s’il faut pour cela accepter un peu d’injustice. Cheikh Banouh Mosbah était un successeur et un leaders spirituel, c’est la place qu’il occupa en qualité de bon compagnon et de grand réformateur musulman dans l’organisation sociale ibadite. Interrogé quelques mois avant sa mort, il refusait d’accepter, à lui seul, l’honneur de leader. car disait-il, « Je n’ai d’autre mérite que celui d’être l’un des modestes collaborateurs et participants d’une œuvre édifiée collectivement, communautairement. » — En effet, après son retour de Tunis en 1934, il assuma plusieurs tâches, dans différentes organisations, en premier lieu au sein du Majliss des Azzabas, en qualité de prêcheur et imam de la prière du vendredi, à la mosquée El Atik. Il activa au sein de l’association El Islah créée en 1928, qui regroupe, dans tout le pays, plusieurs établissements, institutions culturelles, enseignement coranique (médersas), Instituts d’enseignement de langue arabe et civilisation arabo-islamique et de la charia, ouverts à tous les musulmans quel que soit leur rite. Dans ce cadre, il assura la gestion de 5000 enseignants, à partir d’une caisse alimentée en dons et contributions de bienfaisants. En 1988, il demanda avec insistance de prendre sa retraite, vu son âge avancé, que sa demande de retraite soit acceptée. Cela lui a été refusé. Il continua donc d’occuper le poste de président de l’Achira (Al El Hadj), la famille élargie, cellule fondamentale de l’organisation sociale mozabite. Il présida, par la même occasion, l’association El Mouhssinine, le patrimoine fondé il y a deux décennies environ pour collecter en Algérie comme à l’étranger et dans les domaines, les documents d’intérêt historique se rapportant à la pensée et à l’histoire de l’ibadisme et du M’zab. L’association est en outre chargée de la publication de manuscrits, de livres, de la préservation et de la promotion du patrimoine. Il était, en outre, membre permanent du Majliss ammi Saïd, conseil suprême de la confédération Ibadite du M’zab et de Ouargla, qui regroupe les représentants des différents conseils des Azzabas, au niveau des Huit villes millénaires. Il se réunit trimestriellement et traite des questions sociales et générales intéressant la communauté. Autrefois, le Majliss ammi Saïd, du nom d’un cheikh venu il y a plus de trois siècles dans la vallée, jouait rôle de cours d’appel dans l’organisation judiciaire ibadite.




Merci merci beaucoups pour ce portait de HADJ BANOUH cette belle figure de l'histoire. Je suis la fille du défunt BANOUH MOHAMED SAID né le 16 septembre 1925 et décédé le 11 avril 1971 a l'age de 46 ans . Je suis fier de porté un nom aussi NOBLE et HISTORIQUE qui est BANOUH.
BANOUH FATIMA - indépendante - TOULOUSE
12/01/2008 - 783

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