Quand j'ai croisé Mohamed Djellab avec l'équipe nationale de boxe en ce mois de mai à l'aéroport de Rome, je n'ai pu m'empêcher d'être ému. Dame, notre dernière rencontre remonte à novembre 1991 et le voyage à Sydney pour disputer le championnat du monde. J'étais alors chef de la délégation de l'équipe nationale qui participait aux championnats du monde. Oui, dans une autre vie, j'étais vice-président de la fédération de boxe, et lui Djellab Mohamed était un jeune et prometteur entraîneur. Timide, peu disert, il était le grand frère de cette magnifique pléiade de jeunes boxeurs, à l'image de Soltani et Benguesmia, pour ne citer que ces deux-là. Je le revois encore dans ce printemps australien, le sourire hésitant et les mots encore plus. Prudent, il ne fit aucun pronostic sur les chances de ses poulains. Mais la fierté de son regard posé sur la fausse garde Soltani montrait que s'il y en avait un sur qui il misait c'était bien lui. Il avait raison. Soltani obtint, à 19 ans, la première médaille algérienne dans un championnat du monde. 23 ans plus tard, voici son entraîneur entre deux avions. Le visage poupin a laissé place au masque endurci de l'entraîneur. Vu de près, il a une excroissance, sur la tempe, grosse comme un 'uf de pigeon. C'est grave l'ami ' Il me répond que non avec le sourire de l'homme qui ne regarde pas son nombril. Pas beau à voir ' L'esthétique ' Vous rigolez ou quoi ' Ce n'est pas un acteur ou un chanteur, ni un danseur, ni un communicateur. Le physique, le sien, il n'a que faire. Il n'a besoin de séduire personne. Son monde justement n'est pas celui des apparences et de la séduction, mais des entrailles, de l'âme nue et de l'estomac. Son monde, Monsieur, est celui des coups à donner et des coups à recevoir, celui de la bravoure, de l'endurance et du courage. On ne devient pas entraîneur de boxe en pensant à son physique. Mais à ses tripes et à son c'ur. Et le foie, oui, il faut beaucoup de foi en soi-même, jeu de mots facile j'en conviens, pour emprunter les chemins sinueux du noble art où il n'y a ni tacles ni dérobades. Sur un ring, l'homme est nu. Comme une Femen intégrale. En cette nuit romaine, nous avons évoqué sous l''il des boxeurs nos vertes années. Vertes seulement dans nos mémoires, mais à vrai dire déjà grises, car l'islamisme commençait à montrer le bout de son sale museau. Il me parla du prochain stage à Cuba et des JM. Il était sûr que son équipe reviendra avec des médailles d'or. "Ils ont du c'ur et du talent", me dit-il en désignant ses boxeurs. Ils l'ont confirmé de brillante façon à Mersin en Turquie. En le quittant j'ai cru voir un soupçon de tristesse dans ses yeux. Quelques jours plus tard, un membre de la fédération de boxe m'apprendra qu'un Cubain prendra bientôt la place de Djellab. C'était la raison de la tristesse de l'entraîneur. Mais après la joie de Mersin, qui osera rendre Djellab triste '
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Posté Le : 30/06/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Hamid GRINE
Source : www.liberte-algerie.com