Algérie

Portrait de Hasna El Becharia



Portrait de Hasna El Becharia
La musique d’Hasna el Bécharia est une chose inouïe, d’une force incroyable. Venue de Béchar (ville située au sud de l’Algérie), Hasna est une femme du désert, libre et sans concession. Et parce que le public chantait ses chansons pendant les concerts, pour couvrir les voix et se faire entendre, elle s’est mise à la guitare électrique.

Hasna est célèbre dans tout le sud de l’Algérie. Hasna n’a jamais voulu enregistrer la moindre note. Hasna est une femme du désert, libre. Elle ne vit que pour sa musique et le reste n’a, à ses yeux, que peu d’importance.Fille d’un des maîtres du "Diwan", elle monte sa propre formation en 1972. Epaulée par trois amies au chant et aux percussions, elle joue de la guitare acoustique sur des rythmes traditionnels du désert. Le succès arrive très vite. De mariages en banquets, on s’arrache Hasna et ses copines. A chaque concert, le public reprend leur répertoire en chœur. Tant et si bien que pour couvrir les voix, Hasna se met à la guitare électrique.

A partir de là, elle devient réellement célèbre. Sa réputation dépasse largement la petite ville de Béchar (proche du Maroc) pour s’étendre à tout le sud de l’Algérie. Des producteurs algériens tentent de la convaincre d’enregistrer une cassette avec quelques morceaux. Elle les envoie paître. "Je n’avais pas confiance", lâche-t-elle laconique. Un seul regard lui a suffit. En moins de quatre ans d’existence, Hasna et sa bande fondent déjà leur légende.

En 1976, elles sont les vedettes d’un immense concert organisé à Béchar par l’Union des Femmes Algériennes. Un concert mémorable qui se déroule devant un auditoire uniquement féminin. En janvier 1999, Hasna arrive à Paris, invitée par le Cabaret Sauvage dans le cadre du festival Femmes d’Algérie. Les organisateurs du spectacle, fascinés par sa musique, décident de la programmer tous les soirs alors qu’elle ne devait jouer qu’une seule fois dans le cadre du festival. Rapidement, une sorte de rumeur se crée autour de cette femme venue du désert ; les journalistes viennent assister à ses sets, des producteurs se déplacent, et Libération se fend d’un article sur le groupe. Hasna survole tout ceci, impériale. Son trip, c’est de faire de la musique. Avec son groupe, elle passe son temps à jammer en coulisses (où ils mettent une ambiance dingue), puis ils vont sur scène, enflamment la salle avant de repartir en coulisses pour continuer à jouer. "Quand on joue, explique Nanni, un membre de son groupe, on ne pense même pas au public, on est dans le rythme. On plonge dans la musique". Hasna, elle, n’explique rien. Elle parle peu, vous regarde droit dans les yeux, sachant tout de suite à qui elle a à faire. Puis, elle prend sa guitare et commence à jouer. En trois accords, tout se mêle : Paris, le désert, les traditions immémoriales et aujourd’hui … Et sa musique incroyable emporte tout sur son passage.
Après un premier album réalisé par Camel Zekri pour Indigo, Hasna fait de nombreux concerts dans les festivals musiques du monde, partout on l'acclame.
Camel Zekri lui propose aussi de rejoindre son groupe le Diwan de Biskrat pour une série de concerts.
Elle rencontre le musicien napolitain Eugenio Bennato qui l'inclut à certains de ses spectacles en Italie ou au Caire en compagnie de Fathy Salamah.

En 2004, elle retourne jouer en Algérie où on l'accueille avec émotion.



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